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Captives est le troisième film français sorti au cours des dix dernières années à s’intéresser aux « hystériques » de l’hôpital de la Salpêtrière, après Augustine, d’Alice Winocour, et Le Bal des Folles, de Mélanie Laurent. Arnaud des Pallières imagine le destin d’une femme nommée Fanni, une patiente dont on va comprendre qu’elle a simulé la folie pour retrouver et sauver sa mère, enfermée depuis des années dans cet hôpital au fonctionnement carcéral. Le film frappe d’emblée par sa flamboyance chromatique, un déferlement de couleurs pétaradantes arrimées au bleu des yeux de Mélanie Thierry – une manière très voyante de prendre à rebours les conventions du film d’époque. L’autre parti-pris formel consiste à coller au plus près des visages des actrices, de jouer sur le mystère du hors- champ, afin de donner une sensation de claustrophobie. Mais ces choix esthétiques très affirmés sont alourdis par des aspects beaucoup plus conventionnels : d’abord l’intrigue de thriller, une sorte de Prison Break à la Salpêtrière auquel des Pallières ne semble pas beaucoup croire ; puis cette façon de faire se percuter au générique et à l’image les stars (Carole Bouquet, Josiane Balasko, Marina Foïs) et la foule des seconds rôles et figurantes anonymes, dont les visages saisis à la volée ont à peine le temps d’imprimer la rétine – soit une distribution des rôles très hiérarchisée, qui entre presque en contradiction avec le propos du film. Captives séduit par bribes, lors de stases narratives (un accouchement, une évasion nocturne qui tourne court), frappantes mais trop rares.