Première
par Sylvestre Picard
On a l'impression que le polar français n’échappe plus que rarement à la malédiction Olivier Marchal dès que son auteur cherche à faire du style (le cuir, des clopes, la pluie, la nuit, la tragédie, les femmes -voir le récent Carbone pour en avoir un « worst of »). Mais Yann Gozlan, réalisateur de Burn Out, préfère faire chauffer l'efficacité brute et rechercher l'action pure : voilà donc l'histoire de Tony (François Civil, épatant en action hero décidé), magasinier en banlieue qui ne vit que pour arracher le bitume sur son deux-roues. Et quand on lui propose de s'entraîner pour passer pro, une bande de mafieux de banlieue -menée par un Olivier Rabourdin très en verve- l'utilisent comme go-fast à moto pour transporter de la drogue depuis la Belgique.
En trombe
Après un tour de chauffe (le prologue est une course en immersion frappante de sensorialité), Gozlan se débride et envoie Tony se taper d'hallucinantes courses nocturnes pour livrer la drogue dans le temps imparti, le plus souvent shooté aux amphétamines (coucou Akira). Le climax dingo du film, où Tony doit faire passer sa moto dans une cité de banlieue en proie à une émeute urbaine, assume brillamment l'ADN de New York 1997 (le time limit en huis clos, les ombres qui traversent une ville-prison en flammes...). Un ADN certes réduit à ses effets les plus évidents -on ne retrouve pas dans Burn Out le propos politique farouchement anar de John Carpenter- mais que Gozlan sait faire flamber. Dans le ciel morne du film d'action français, Burn Out fait office de météore.