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Abderrahmane Sissako semble avoir le goût des surprises. Qui aurait pu imaginer qu’il faudrait attendre dix ans son nouveau film après le succès de Timbuktu ? Et qui aurait pu deviner que celui- ci le conduirait pour la première fois hors du continent africain ? Black tea met en effet en scène une Ivoirienne qui, refusant un mariage forcé, part vivre en Chine où elle tombera amoureuse du propriétaire chinois de la boutique d’export de thé où elle est engagée. Ce pas de côté suscite évidemment de la curiosité et la beauté enveloppante de la lumière d’Aymeric Pilarski épouse parfaitement la délicatesse avec laquelle Sissako s’empare de cette love story sur fond de deuil, d’identité et d’immigration. Pourtant, à force de retenir l’émotion par peur du sentimentalisme, le cinéaste finit par créer une distance avec ses personnages et échoue à nous emporter au moment où il se résout enfin à lâcher les chevaux.