Première
par Isabelle Danel
Derrière le conte, Bacri et Jaoui font le compte des croyances et parlent d’amour. Une bonne fée, une princesse rousse, un prince musicien, un homme aux yeux de loup, un roi de l’industrie... Film choral doux-amer, drôle et réjouissant, sous-tendu par les histoires de notre enfance, le nouveau scénario écrit par le couple est la quatrième réalisation d’Agnès Jaoui. Au bout du conte retrouve la veine et la verve du Goût des autres, étudiant cette fois deux générations. D’une fluidité gracieuse, passant de l’image figée (telle une peinture dans un livre illustré) au mouvement, du singulier au pluriel, il capte l’air et l’humeur du temps et propose des dialogues savoureux sur la mort ou sur les enfants. Fustigeant au passage les croyances (la voyance, les rêves, les signes, Dieu...), il en sauve une, l’amour, sous toutes ses formes : romantique, charnel, maternel, égoïste, inconditionnel... Habités par des comédiens épatants, dont la jeune Agathe Bonitzer, la trop rare Dominique Valadié et la lumineuse Valérie Crouzet, tous les personnages (une bonne douzaine) s’incarnent. On les connaît, on les reconnaît.