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C’est avec le moyen métrage, Un monde sans femmes en 2011 que s’imposait sur grand écran Guillaume Brac en utilisant des motifs (le bord de mer, les vacances, les rencontres amoureuses...) qui le plaçaient d’emblée sur un territoire bien spécifique du cinéma d’auteur français dont Jacques Rozier et Eric Rohmer seraient les totems. A l’abordage séduit immédiatement par sa fraîcheur. Pas de name dropping ici, que des nouvelles têtes (toutes issues du Conservatoire). Dans un cinéma français ultra cartographié, les terres vierges sont trop peu nombreuses. Cet « abordage », c’est donc d’abord celui-là, la conquête d’un espace où les objets, les choses et les corps, dévoilent quelque chose d’inédit d’où émane inévitablement une pureté sauvage. Le mot « conquête » n’est pas à prendre dans son acceptation guerrière, mais dans ce désir constant et profondément touchant d’aller vers l’autre. Félix, le protagoniste n’a d’ailleurs soif que de rencontres. C’est un corps en mouvement, intrépide. Cette énergie charnelle lance le récit et permet l’aventure.
Brac n’est pas Kechiche , il ne cherche pas à sonder jusqu’à épuisement la fièvre qui régit les corps entre eux. Il est plus chaste, c’est un observateur qui intervient très peu. On retrouve toutefois cette façon d’interroger la société à travers un brassage social qui dessine en creux le visage d’une France encore prisonnière de ses préjugés. La nature environnante, elle, omniprésente, reste indomptée même si les hommes ont tenté de la posséder. L’eau de la rivière purifie les corps, les englobe dans toute leur grâce éphémère et primordiale.