-
Dans leur premier long métrage, inspiré d’un fait divers, les sœurs Coulin recourent abondamment à la synecdoque, cette figure de rhétorique qui privilégie la suggestion à la démonstration. Les réalisatrices visent juste : rien ne sert d’expliquer l’inexplicable. Une scène s’y essaie pourtant, et elle est comique. On y entend les professeurs des filles avancer de grandes théories qui semblent tout droit sorties des rubriques psycho des magazines... S’il fallait rapprocher 17 Filles d’un autre film, ce serait de Virgin Suicides. Même langueur pop, même image délicatement granuleuse, même genre de casting féminin hétérogène, même absence de garçons, réduits à des rôles de faire-valoir. Notre Kirsten Dunst nationale, elle, se nomme Louise Grinberg. Aussi belle et solaire que l’Américaine, elle a, dans l’attitude, cette touche d’arrogance typiquement française.
Toutes les critiques de 17 Filles
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Une révolte, douce mais têtue que les soeurs Coulin filment de façon lyrique, en faisant danser les corps de leurs petites amazones, en saturant la bande son d'hymnes néopunk (...) . Une vraie réussite.
-
17 Filles est un récit filmé à hauteur d’adolescence dans lequel il puise toute sa vérité sans cesser de paraître une œuvre de fiction. Les actrices sont remarquables, véritablement concernées par cette fièvre maternelle.
-
Certes, 17 Filles est un peu timide, formellement - n'est pas Gus Van Sant ou Sophie Letourneur qui veut. Certes, la direction d'actrices n'est pas toujours d'une grande précision. Mais les sœurs Coulin tiennent globalement leur sujet avec ce chick-movie ado, faisant du fait divers américain un passionnant portrait de groupe au centre duquel se joue un questionnement dérangeant, iconoclaste, car en contradiction avec l'idée que l'on se fait habituellement de l'émancipation féminine post Mai-1968. Pour ces filles-mères, ne pas avorter résonne comme un puissant cri féministe.
-
Les coccinelles arrivent au printemps, pourquoi pas les enfants?
Camille Fourier, lycéenne de dix-sept ans est enceinte.Comme alternative surprenante à une grossesse imprévue, Camillle se donne un sens en guidant ses camarades vers la maternité. Entre points noirs et desespoir, les soeurs Coulin confrontent dans 17 filles illusion de jeunesse, et réalité adulte.
Espaces ultra-lumineux, faits de paysages urbains, de couleurs éclatantes, de vagues déchainées. Le spectateur est immergé dans un monde moderne, haletant et sans cesse en mouvement. Un parfum d'incertitude pimenté de larmes, de sel, de soleil se dégage. Des notes tonitruantes se mélangent aux rires aigus, rythmant ainsi l'evolution des grossesses. Les personnages sont éclatants, et se complètent naturellement. Le spectateur est transporté avec force dans le tourbillon violent, insolent de l'adolescence.
17 filles est une bulle de vie, de fraîcheur, de folie, d'evolution voire de revolution pourtant teintée d'une légère deception. Pas d'approches vraiment nouvelles. Une odeur de déjà vu. Malgré une réalisation très dynamique et actuelle, ce film se fond dans la brouillard d'autres réalisations artistiquement et thématiquement similaires. Un systématisme caricatural de la jeunesse se révèle ici. Drogues, sexualité, immaturité, perte de repères familiaux... Ces problematiques, symboles du mal-être de la jeunesse, ont été traitées, et le sont d'autant plus actuellement , de façon un peu similaire (on peut citer la série Skins, le film Les Beaux Gosses...). Les mêmes questions restent en l'air et les réponses insatisfaites.
Entre perte de repères, quêtes de sens inabouties; l'adolescence au coeur d'enfant n'aura pas su dans 17 filles, échapper à la complexité et à la rigidité du monde adulte.AUDREY YAKER ET DIANA D’ANGELO
Lycée Georges Clemenceau, Nantes -
Lorient, ville portuaire, pluvieuse et pâle ; tel sera le décor et le cadre du film 17 filles, réalisé par les deux sœurs Delphine & Muriel Coulin. Tout au long de l’œuvre, nous serons témoins de l’histoire d’un groupe de fille, ennuyé par le monde où elles vivent, prenant la décision soudaine et incompréhensible de tomber enceintes.
Le film, multipliant à volonté les clichés et les idées reçus traite de l’adolescence, de l’avortement et de la condition des jeunes filles. Notons qu’en brodant et par la même en falsifiant un fait divers, les sœurs Coulin ne parviennent finalement qu’à distordre et confirmer une « vérité » acceptée comme telle : les jeunes ne seraient qu’un archétype de puérilité, d’immaturité et d’une candide naïveté. Le personnage principal, lui-même placé dans une position de martyr, ne peut qu’offrir une influence néfaste et funeste pour de jeunes spectateurs. De fait, citons parmi les paroles scandées par les jeunes gens, un refrain qui illustre bien la philosophie et l’idéologie de « l’œuvre » : « ce qu’on veut c’est du chocolat, de l’héroïne et de la vodka ». Ceci est la preuve même d’une volonté de déformer une image, déjà souvent restreinte de l’adolescent. De plus, que dire de cet éloge que prône le film pour la rébellion ? L’adolescente, pour s’affranchir de ses « douleurs », essaiera de rompre avec un monde d’adultes dirigé par la monotonie, la tristesse et le « sérieux ».
Néanmoins, d’un point de vue esthétique, le film est une réussite, tant par l’utilisation d’une couleur évoquant l’Atlantique que par une mise en scène certainement très subtilement travaillée. Les acteurs, quant à eux, dégagent pour la plupart une inexpérience notable, ce qui renforcera quelques fois une certaine artificialité des dialogues. De ces dialogues ne découle d’ailleurs qu’une redondance narrative. La même thèse étant perpétuellement défendue durant cette heure et demi par les mêmes arguments naïfs.
17 filles est l’archétype de ces films qui fondent et scellent une société régie par la débauche intellectuelle.Lycée Pablo Picasso, Perpignan
Romaric Siennat
Rémy Bastrios -
Pour leur premier film de fiction, les sœurs Coulin nous offrent un drame générationnel à fleur de peau. Elles y combinent leurs forces : le côté romanesque de Delphine et les qualités de documentariste de Muriel, l’aînée. On retrouve donc une émouvante fiction sur fond de documentaire, d’autant plus que la toile de fond est ici un fait réel datant de 2008 aux Etats-Unis.
Il y est question de 17 filles de 15 à 17 ans, décidant d’un commun accord de tomber enceinte quasiment en même temps pour tenter de donner un sens à leur vie.
Lorient est le décor de ce « drame », une cité sans espoir de futur, une ville sur le déclin tout comme le moral de ses habitants.
C’est dans le corps de ces jeunes actrices aux émotions plus vraies que nature qu’on pourra alors s’immiscer (surtout si l’on partage leur féminité). On y est aidé par la caméra au plus près des visages, des corps changeant au cours du film.
De jeunes mères célibataires à l’énergie sans fin qui crient tout au long du film leur soif de liberté avec un charisme propre à chacune : totalement ébouriffant.
Aucun jugement de l’extérieur n’est porté. Les faits sont montrés tels qu’ils sont : purs, bruts. On laisse au spectateur son libre arbitre face à cette réalité crue et grinçante ; les scènes de beuveries, le contraste entre leur habitat, leur mentalité et leurs corps, l’ignorance des parents face à des ados révoltés...
Mille questions sont posées et laissées en suspend.
Mais on peut alors se laisse berner par ces filles qui, en fait, ne sont que des ados en manque d’on ne sait quoi et dont les actes restent pour elles incompris.Marina Roman
Lycée Honoré d’Estienne d’Orves NICE -
"Cet été, il y a eu une invasion de coccinelles." A la manière des annonciatrices du printemps, une vague de jeunes filles enceintes déferle sur Lorient.
Inspiré d'un fait divers survenu en 2008 dans un lycée du Massachusetts,17 filles prend des allures de documentaire: le film s'ouvre sur l'anecdote des coccinelles qui envahirent la ville au moment du tournage. Et cette proximité des faits réels est conservée avec des plans retraçant l'exact quotidien des adolescentes: les filles sont filmées dans leur propre chambre. Il n'est d'ailleurs pas étonnant d'apprendre que les réalisatrices Muriel et Delphine Coulin sont de véritables habituées du genre documentaire puisque les sœurs n'en sont pas à leur première réalisation de reportage. Ainsi, 17 filles est parsemé de moments réels, au milieu d'un tout imaginé, qui apporte un certain romanesque à l'histoire et permet de mieux appréhender ce sujet pourtant délicat.
La notion du temps est un élément crucial et respecté dans le film : les ellipses et accélérations dans l'histoire donnent un rythme et renvoient à l'évolution rapide de l'être qui caractérise cette période. Le frère, militaire en Afghanistan, constate: « Moi avec ce que j'ai vu et toi avec ce que t'as fait, on a pris dix ans. » L'intrigue du film est en fait complètement tournée vers cet écoulement du temps et du moment conforme à la grossesse d'une femme.
« On peut rien contre une fille qui rêve ». Il y a bien deux mondes: les dix-sept filles, soudées, utopistes d'une vie adulte faite d'autonomie et d'amour sans condition, et les autres, ceux qui se demandent « pourquoi », bien loin par rapport au scénario d'avenir qu'elle se sont bâties. Effectivement, jusqu'à la toute fin, la raison qui a poussé les jeunes filles à faire ce choix reste en suspens, flottant dans l'air ; aucune explication ne sera apportée. Et c'est tant mieux, car le mystère de la psychologie adolescente restera intact.
En revanche, le scénario est fondé sur l'étude détaillée de la naissance, du cheminement et de la propagation de cette idée de grossesse collective et précoce. Et c'est avec un intérêt certain que nous nous penchons, moins sur la raison palpable de ces pensées démesurées, que sur la manière dont l'idée a germé dans la tête des jeunes filles.Salomé CHAUVEAU
Lycée Savary-de-Mauléon
Les Sables d'Olonne -
Il faut un peu trop de temps et de rebondissements pour boucler cette histoire et 17 filles finit par tituber sous le poids des enjeux qu'a fait surgir la situation de départ. Ce n'est pas de ce faux pas qu'on se souvient, plutôt de la sensation d'apesanteur que fait partager ce rêve adolescent.
-
Un portrait de l'adolescence inhabituel, sensible et poignant réalisé par deux femmes qui filment au plus près ces gamines, incarnées par une bande d'actrices formidables.