La saison 3, plus pertinente et plus crue, revient à ses ambitions politiques premières.
Sera-t-il réélu à la Présidence des Etats-Unis ? Rien n'est moins sûr. En tout cas, le Président Kirkman a droit à un nouveau mandat sur Netflix, après avoir été annulé par la chaîne ABC. La plateforme américaine (qui diffusait déjà la série à l'internationale et donc en France) a lancé vendredi dernier cette saison 3 inespérée de Designated Survivor. Et miraculeusement, le service semble avoir redonné du souffle à un drama qui s'était franchement perdu dans les conjectures de télé US, au cours de sa saison 2. Attention spoilers !
De manière claire et nette, Designated Survivor retrouve ses racines politiques dans ce nouveau chapitre, qui met enfin de côté les intrigues secondaires sans intérêt. Retour à l'essentiel, pour le drama : faire de Kiefer Sutherland à la Maison Blanche un anti-Trump absolu. Une sorte de POTUS idéal, altruiste, charitable, généreux, presque philanthrope. Un leader de la nation qui ne serait pas un animal politique. Un Président intrinsèquement vertueux, dont le seul tort serait de ne pas savoir se taire devant les injustices du monde.
Oui, ce Président-là est une utopie. Un doux fantasme écrit un peu niaisement, par moment, comme lorsque Kirkman tombe des nues en découvrant qu'on force encore des fillettes à se marier. En Arabie Saoudite, mais aussi en Amérique ! Totalement dépourvu de cynisme ou de machiavélisme, ce bon Tom est parfois d'une naïveté confondante, à la limite du risible. Mais en même temps, c'est ce qui le rend aussi attachant, et qui donne tout son sel à la série reformatée pour Netflix.
Designated Survivor assume désormais pleinement ses prises de position progressistes et sa vision de la société, dans la lignée des convictions portées publiquement depuis des années par son producteur / acteur vedette, Kiefer Sutherland. Les thématiques sont dans l'air du temps, et sont même carrément incarnées par de vrais témoignages. En effet, dans cette saison 3 de Designated Survivor, à chaque fois qu'on nous montre une vidéo d'un citoyen, il s'agit en réalité d'un véritable témoignage. Ainsi, un épisode évoque le coût exorbitant des médicaments vitaux, comme l'insuline, et la mère d'un jeune homme diabétique, décédé à l'âge de 27 ans, raconte comment il a été obligé de rationner ses doses en raison du coût incroyablement excessif (400 $ !) d'un flacon d'insuline aux USA. "Et quand on voit des gens dire à Kirkman pourquoi ils n'ont pas voté lors de la précédente élection présidentielle, ce ne sont pas des acteurs, mais de vrais gens qui nous disent pourquoi ils n’ont pas voté", précise le producteur Neal Bear.
Designated Survivor n'avance plus masqué. La série dit des choses, importantes, même si le ton moralisateur, la candeur des protagonistes et l'ingénuité de certaines situations à la Maison Blanche prêtent franchement à sourire. Non, on n'est pas dans The West Wing. Designated Survivor, c'est plutôt "La politique américaine pour les Nuls". Une vision simplifiée à l'extrême des choses de l'Etat de l'autre côté de l'Atlantique. Il n'empêche, il y a plein de petites choses intéressantes à ressortir de cette saison 3, comme l'idée d'une troisième voie indépendante, loin du sérail historique où s'affrontent depuis plus de deux siècles Démocrates et Républicains. La fin du bipartisme est un concept encore illusoire, dans la réalité, mais réjouissant à explorer. Surtout depuis la France, où, pour de vrai cette fois, les deux partis de pouvoir traditionnels ont volé en éclat subitement, ces derniers mois...
Et sur la forme aussi, la série a été métamorphosée. Avec des dialogues plus crus (quelques "fuck" bien utiles peuvent enfin sortir), une saison plus courte, un nouveau showrunner et seulement dix épisodes à couvrir, elle vit désormais dans une espèce d'urgence, qui se rapproche nettement plus du tempo politique moderne. Tout va très vite, les crises s'enchaînent, les drames aussi et le rythme ne retombe jamais ou presque. Enfin, Designated Survivor ressemble au drama politique hystérique qu'on avait envie de voir, après les premiers épisodes de la saison 1...
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