Netflix a déposé ce terme un peu partout, contrairement à l'armée américaine.
La série parodique Space Force fait couler beaucoup d'encre depuis sa diffusion sur Netflix, les retrouvailles entre Steve Carell et Greg Daniels, le créateur de The Office, ayant déçu pas mal de fans (Première a bien aimé, ceci dit : notre critique est à lire ici). Parodiant ouvertement la création de la branche de l'armée américaine, qui sera chargée des futures opérations militaires dans l'espace et a été lancée en grandes pompes par Donald Trump en 2018, Space Force a pu reprendre tout simplement son nom, explique The Hollywood Reporter, l'administration officielle n'ayant pas cherché à protéger ce terme. Par contre, Netflix l'a déposé dans plusieurs pays : en Europe, en Australie, au Mexique...
Dans le détail, l'enregistrement du nom a bien été fait par l'armée il y a deux ans, mais seulement pour le marché américain, sans déposer véritablement la marque Space Force : ils étaient simplement les premiers à en faire usage. Les producteurs de la série ont déposé le terme dès janvier 2019, plus d'un an avant sa diffusion, puisqu'elle est arrivée sur la plateforme fin mai 2020, et THR s'étonne que les véritables créateurs de Space Force n'aient pas cherché à le protéger : si Netflix a parfaitement le droit de reprendre cette dénomination au nom de la liberté d'expression (qui comprend entre autres le droit à la parodie), le fait de la déposer officiellement pourrait avoir des conséquences. C'est d'autant plus surprenant, souligne la source, que Donald Trump est célèbre pour avoir fait de son propre nom une marque, qu'il peut décliner à loisir pour en tirer des profits (la Trump Tower, les casinos Trump...).
Star Trek plagié par Donald Trump pour son logo de Space Force ?L'article détaille ainsi qu'en déposant le nom Space Force, Netflix pourrait mettre en vente des produits dérivés au nez et à la barbe de l'armée US : "Sur ces questions, les conflits éclatent généralement quand les détenteurs d'un même nom commencent à vouloir vendre les mêmes produits. Imaginez un instant qu'un pull Space Force apparaisse dans les rayons ? Sera-t-il vendu par l'armée américaine ou Netflix ? Déposer une marque permet de clarifier l'origine des produits."
Le public pourrait-il vraiment se mélanger les pinceaux entre la branche de l'armée et la série ? Entre le réel et la fiction ? Pour éviter cela, l'un des deux devra-t-il changer de nom ? Rien ne dit pour l'instant que l'armée américaine (ou Donald Trump lui-même) entrera en conflit avec Netflix pour la dénomination de Space Force, mais cela reste une possibilité. Le papier énumère alors plusieurs cas de "trademarks" qui ont été déposés sans créer de conflits par le passé, comme le nom JAG, déposé par Paramount Pictures durant dix ans, de 1995 à 2005, le temps de diffuser sa série avec l'accord du gouvernement américain, JAG signifiant Judge Avocate General, soit l'office de la justice militaire. Pourtant, parfois, le fait de vouloir déposer un terme militaire a pu poser des problèmes à des studios : à la mort d'Oussama Ben Laden, en 2011, Disney a tenté de faire enregistrer "Seal Team 6", du nom de l'équipe qui était chargée de la mission, pour pouvoir en tirer une gamme de vêtements, mais cela a fait scandale et la firme a fini par abandonner l'idée, avant même que l'armée ne mette son véto.
Afin de limiter les conflits de ce type, l'Air Force a d'ailleurs mis en ligne un formulaire dédié à cette question qui détaille comment l'image et les noms officiels de l'armée américaine peuvent être utilisés dans le divertissement : "L'utilisation correcte de nos symboles dans des films, des documentaires, des émissions de télévision et d'éducation, des programmes d'actualité et d'autres types de médias est incroyablement important. Nous souhaitons que vous puissiez raconter des histoires riches, qui impliquent le spectateur, pendant que nous allons de l'avant."
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