Conçue comme une métaréflexion sur la BD et le film d’Edgar Wright, Scott Pilgrim prend son envol est bourrée de surprises. Attention, spoilers à suivre sur le concept même de la série.
L’actualité des séries étant sacrément chargée en ce moment, on ne vous ne vous en voudra pas d’avoir loupé la diffusion de Scott Pilgrim prend son envol. En fin de semaine dernière, Netflix mettait en ligne l’intégralité de ce projet beaucoup plus fou qu’il n’en a l’air, vendu jusque-là comme une simple adaptation. La réalité est bien plus complexe et enthousiasmante : au lieu de simplement transposer à l’écran les comics Scott Pilgrim ou le film qu’en a tiré Edgar Wright en 2010, le réalisateur BenDavid Grabinski et Bryan Lee O’Malley (l’auteur et dessinateur de la BD) ont décidé de revisiter de fond en comble l’histoire. Une sorte de « what if ? », une version alternative parfaitement imprévisible. Ici, Scott n’enchaîne pas les combats contre les sept ex maléfiques de Ramona mais disparaît mystérieusement dès sa confrontation avec le premier, Matthew Patel.
À partir de là, tout change, et le scénario se focalise sur l’enquête de Ramona, qui tente de comprendre ce qui est arrivé à Scott. « Ce n’est ni une adaptation des livres ou une version animée du film. C’est presque une suite dans une réalité alternative », explique le producteur exécutif Edgar Wright à Variety. « C’est à la fois fidèle à la source des comics et en même temps c’est un commentaire sur les livres et sur le film. »
Une relecture méta sur notre rapport aux oeuvres du passé (la série semble crier aux nostalgiques d’aller se faire cuire un oeuf) ainsi qu’une déconstruction en règle du voyage du héros, bourrée de niveaux de lectures et mises en abyme délirantes. Développé par le studio nippon Science SARU (Star Wars : Visions), Scott Pilgrim prend son envol ausculte au passage toutes les formes de l’animation japonaise (shojo, shonen, yuri…) avec un panache assez sidérant.
Toujours à Variety, Bryan Lee O’Malley raconte qu’il n’avait jamais envisagé de série d’animation, mais qu’il était bien conscient du pouvoir de fascination que Scott Pilgrim continue d’exercer : « Où que j’aille dans le monde, les gens me parlent constamment de Scott Pilgrim. Ce sont toujours des vingtenaires, sauf que moi, je ne rajeunis pas. » Une donnée que la série bien entendu digéré et dont elle scrute les conséquences à travers la fiction. O’Malley s’est finalement laissé charmer par Grabinski et son idée folle, lâchée autour d’un verre : « ‘‘Et si ça commençait comme la même histoire, mais en fait Scott perd le combat contre Matthew Patel et semble mourir ? Et ensuite, pourquoi il n’y aurait un film Scott Pilgrim au milieu de la série avec Lucas Lee dans le rôle de Scott ?’’ C’était un peu une blague, mais ça a réveillé quelque chose dans le cerveau de Bryan, qui s’est tout de suite dit : ‘’Oh, c’est intéressant.’’ »
Edgar Wright s’est alors chargé de contacter tous les acteurs de son film via la chaîne de mails qui existe depuis le tournage. Chacun a accepté dans la minute : Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Aubrey Plaza, Chris Evans, Kieran Culkin, Brie Larson, Jason Schwartzman, Alison Pill, Brandon Routh… Le casting vocal de Scott Pilgrim prend son envol est impressionnant. « Il n’y avait pas moyen qu’on le fasse si tout le monde n’était pas présent », se souvient Winstead, qui ne connaissait évidemment rien du scénario. Ce n’est qu’au moment d’enregistrer ses lignes de dialogues qu’elle a pris conscience que Ramona était devenue l’héroïne. « Ça a été un sacré truc pour moi de pouvoir poursuivre son histoire et de montrer plein de nouvelles facettes d’elle. »
Et si la série se suffit à elle-même (on ne dira évidemment rien sur la fin), la question d’une potentielle saison 2 de Scott Pilgrim prend son envol se pose. « Je suis littéralement incapable de penser à une suite », assure Grabinski. « On s’est concentré de façon obsessionnelle sur tous les aspects de cette saison pendant des années. On n’a jamais eu de discussion concrète sur quoi que ce soit après ça. » O’Malley confirme : « Je veux ranger les jouets dans leur boîte. Si on décidait de faire d’autres épisodes, bien sûr qu’on pourrait le faire. Mais on n’y a absolument pas réfléchi. »
Scott Pilgrim prend son envol, huit épisodes à voir sur Netflix.
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