L'actrice suisse brille dans la nouvelle série Netflix, où elle incarne une détective du web sur les traces d'une sinistre secte alpestre, qui fait un carnage. Rencontre avec la star de la nouvelle série criminelle française de Netflix.
C'est l'histoire d'un suicide collectif dans une vallée des Alpes. C'est l'histoire d’une secte qui n'en finit plus de terroriser les habitants quand, 30 ans plus tard, une femme est assassinée selon les rituels de l’étrange communauté obsédée par son gourou. C'est l'histoire d'Ida, une "geek" excentrique et ultra-connectée, qui recherche son père disparu et part sur les traces de la secte, grâce à sa communauté de "web sleuths"... L'actrice Noémie Schmidt se met dans la peau de cette enquêtrice du Net confrontée au réel dans Anthracite, la nouvelle série mystère de Netflix, qui sort ce mercredi 10 avril sur la plateforme.
PREMIÈRE : Qu'est-ce qui vous a attiré dans Anthracite ? Le côté "true crime" ou le personnage un peu lunaire d'Ida ?
Noémie Schmidt : Le true crime, c'est vraiment le genre que je kiffe le plus en ce moment. Je regarde énormément de true crime à la télé. Explorer l'âme humaine, voir comment les gens peuvent abuser de leur pouvoir, je trouve ça fascinant. La nature humaine est passionnante et la réalité est presque plus folle que la fiction finalement. Surtout, j'adore les histoires de sectes. Je me pose cette question à chaque fois : est-ce que moi aussi, je pourrais me laisser entraîner par quelqu'un ? Par un prophète ? Je ne juge pas ces gens. Je sais qu'au plus profond de mes moments de doute, je pourrais aussi me laisser embobiner par l'idée d'une expérience collective, par quelque chose de plus grand que moi. Et puis le personnage d'Ida...
Comment vous décririez Ida ?
Elle est à fois brillante, mais très mal à l'aise en société. C'est quelqu'un qui a vécu une partie de son enfance dans la solitude d'un hôpital. Son père est son meilleur ami, mais elle a trouvé sa famille dans le numérique, avec sa communauté Internet. Elle s'est épanouie dans le virtuel, ce qui fait que quand elle est dans le monde réel, c'est compliqué. C'est un décalage amusant.
Vous saviez ce que c'était le "web sleuthing" ?
J'avais vu la docu-série true crime Don't F**k with Cats: Hunting an Internet Killer (sur Netflix). Ca parlait d'Internautes qui se sont mis à traquer un mec qui torturait des chatons. Ils ont réussi à le localiser, jusqu'à trouver son immeuble, pour alerter la police... qui ne les a pas crus. Parce qu'ils sont passés par des outils d'enquête pas vraiment traditionnels. On voit la même chose dans Anthracite: Ida qui tente d'expliquer à la gendarme, jouée par Camille Lou, ce qu'elle a trouvé, et elle fait face à une forme de défiance. Pourtant, c'est bien la meilleure manière d'utiliser Internet, en s'en servant comme d'une intelligence collective.
Vous êtes branchée sur les forums vous-mêmes ?
Pas autant qu'Ida, évidemment. Mais j'adore Twitch. J'y passe naturellement pas mal de temps et je suis des streamers, dont je me suis d'ailleurs inspirée pour construire Ida. Sa manière de parler à sa communauté. Le vocabulaire, le chat, tout ça, je connaissais grâce à Twitch.
Est-ce que c'est difficile d'incarner à l'écran ces séquences de fouilles de web ?
Ce qui est compliqué, c'est qu'il y a beaucoup de choses qui sont incrustées numériquement par la suite en post-production. Donc on se retrouve à jouer avec de l'air... Mais c'est très fun en fait. Toutes les séquences de "web sleuthing", c'est que j'ai préféré. Ida était en plein kiff. C'est là où elle s'épanouit. L'équipe de tournage devient presque son public, d'une certaine manière. Elle montre ses compétences et s'amuse de la réalité.
Cela fait pile 10 ans que vous avez été révélée dans L'Étudiante et Monsieur Henri. Qu'est-ce que vous avez appris sur le métier d'actrice pendant ces 10 années ?
J'ai appris que ce n'était forcément intéressant de s'appuyer sur ses acquis. À chaque nouveau film, il faut repartir de zéro. Rien n'est jamais acquis. Mais ce qui est génial, c'est justement de se plonger dans un univers. J'ai appris l'époque du Minitel Rose grâce à 3615 Monique. Je viens de tourner un biopic sur le Général De Gaulle et j'ai appris plein de choses sur la Seconde guerre mondiale. Chaque tournage est un challenge. Et si tu crois savoir ce que c'est que d'être comédienne, en fait, ce métier vient te rappeler à chaque nouveau projet que tu ne sais rien. Il faut tout réapprendre à chaque fois.
Finalement, vous passez du minitel avec 3615 Monique au "web sleuthing" avec Anthracite. Vous êtes un peu geek au fond vous aussi ?
Je passe pas mal de temps sur YouTube. J'ai dévoré récemment L'Empire n'a jamais pris fin, de Pacôme Thiellement. Là, je peux passer une nuit entière à mater YouTube. Donc peut-être que je suis un peu geek quand même...
Anthracite, en 6 épisodes, à voir sur Netflix
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