Machine Arte
Arte

La lutte des classes comme un coup de poing en pleine face, dans cette série de kung-fu à la dialectique marxiste très assumée. Un Ovni politico-martial à prendre beaucoup plus au sérieux qu’il n’y paraît.

Daredevil sauce Arte ? Ou Ken Loach en mode Prime Video ? Fred Grivois et Thomas Bidegain ont réussi un grand écart incroyable avec Machine, série conceptuelle s'il en est, cherchant à redonner ses lettres de noblesse à la lutte des classes en passant par le genre et plus exactement par le kung-fu. À voir ce soir en prime time sur Arte (et déjà en intégralité sur Arte.tv).

Dans le grand-est de la France, une ancienne militaire cherchant à refaire sa vie discrètement, se fait embaucher dans une usine d'électroménager. Alors que ses anciens supérieurs la traquent sans relâche, elle va découvrir les joies de la pensée marxiste à travers un militant de la première heure, qui tente de combattre le rachat de l'entreprise par des Coréens bien décidés à délocaliser. Son combat social va devenir son combat à elle, au sens propre, lorsqu'il va s'agir de s'opposer, physiquement, à la brutalité du capital...

Machine Arte
Arte

La très sérieuse Arte se lance dans la série d'action qui tabasse, avec ses combats hyper-chorégraphiés et une héroïne « badass » à la Kill Bill (elle cultive d'ailleurs une certaine ressemblance avec cette tenue jaune iconique), entraînée aux arts-martiaux par un vieux maître aveugle et sage. Pas question pour autant de faire de la baston bête et méchante. Machine est une série de combat... social ! L'usine s'avance comme un ring  concret pour ladite "Machine" (jouée par la bluffante Margot Bancilhon) qui fracasse ses adversaires dans des séquences d'action impressionnantes, mais aussi comme une arène philosophique où JoeyStarr réhabilite Karl Marx contre le syndicalisme moderne sauce CGT. La série navigue en permanence sur un fil, sans jamais trop se prendre au sérieux, à l'image du vilain cartoonesque joué par un Guillaume Labbé méconnaissable.

Mais Thomas Bidegain - scénariste engagé aux deux César pour Un prophète et De rouille et d'os - utilise quand même le kung-fu comme un moyen de parler réappropriation de l'outil de production par le prolétariat. Une analogie brute qui assume son « but pédagogique », pour remettre la lutte des classes au goût du jour. Le résultat est surprenant. Inégal, mais admirablement audacieux. En ayant réussi à mettre à la fois Arte et Prime Video de leurs côtés, les deux créateurs ont eu les moyens de leurs ambitions. Leur Machine est à la fois un objet de fiction véritablement cool et une incarnation hyper-physique de la lutte ouvrière. Une Machine bien huilée.

Machine, saison 1 en 6 épisodes, à voir sur Arte les jeudis 11 et 18 avril (et dès le 4 avril sur arte.tv)