Joshua Jackson se prend dans les filets d'une infidélité qui va lui coûter cher. Ou comment ce remake sériel du film culte d'Adrian Lyne dilue la tension en 8 épisodes.
L'infidélité, concept inhérent à la monogamie, nourrit l'imaginaire des cinéastes et scénaristes depuis des lustres, de mille et une manières différentes. Prenez l'approche d'Emmanuel Mouret dans sa brillante Chronique d'une liaison passagère (récemment nommée aux César). Pendant 1h30, le réalisateur français nous laisse sur un fil, prêt à basculer d'un côté ou de l'autre : l'irrésistible passion entre Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain va-t-elle virer au drame sordide ? Ou comme on le dit communément depuis 1987, en "Liaison Fatale" ? Une antonomase qu'on doit à Adrian Lyne et à son glaçant thriller porté par une Glenn Close ensorcelante, pire cauchemar du coquin Michael Douglas.
Le remake série, qui sort ce lundi 1er mai sur Paramount +, n'a pas le luxe d'Emmanuel Mouret. Impossible de laisser un flou si délicat sur cette affaire de tromperie. C'est écrit dans le titre : Liaison Fatale va mal finir ! Il va tromper sa femme. Elle va le harceler et tout ça va se terminer de manière dramatique.
D'ailleurs, la créatrice Alexandra Cunningham - qui avait déjà expérimenté le genre avec Dirty John - ne cherche pas à faire de mystère puisqu'elle ouvre cette nouvelle version par une audition dans une prison. Dan Gallagher, derrière des barreaux depuis une décennie pour le meurtre de sa maîtresse, Alex Forrest, plaide sa cause pour une libération conditionnelle. Il veut sortir pour mener l'enquête afin de découvrir la vérité, lui qui jure qu'il n'a pas tué sa jeune amante... On remonte donc le temps, à l'époque où Dan était encore un procureur ambitieux et adoré. Quand un poste de juge lui passe sous le nez, il commence à perdre pieds et se laisse séduire par la très sensuelle Alex...
Joshua Jackson, qui réussit un parcours post-Dawson quasi sans faute, fait encore parler ses beaux yeux bleus. Lui et l'exquise Lizzy Caplan reprennent deux rôles emblématiques du 7e art et parviennent à y apposer leurs griffes. Ils tiennent la comparaison avec leurs glorieux aînés, ce qui est déjà un petit exploit en soi. Leur liaison est véritablement charnelle, excitante, parfois érotique même. Et Cunningham fait vraiment de son mieux pour élargir le scénario de James Dearden (nommé aux Oscars) et en extraire de nouvelles histoires, en lorgnant plus du côté polar intrigant que du côté thriller sordide.
Le hic, c'est que tout ce qui entoure l'adultère a des airs de remplissage. Les allers-retours dans le temps ont quelque chose d'exténuant. Cela casse le rythme et dilue toute forme de tension ou d'angoisse, tellement importantes dans le film original. Noyée dans huit épisodes, cette Liaison Fatale a bien du mal à garder la flamme allumée et au terme d'un dernier épisode aux révélations bancales, on se dit que ce remake ne sert finalement pas à grand chose.
Liaison Fatale, en 8 épisodes, sur Paramount +, à partir du 1er mai 2023.
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