DR

Depuis la semaine dernière, France 2 diffuse sa nouvelle série, Disparue, adaptée de la production espagnole Desaparecida. Derrière ce succès se cache plus qu’une bonne série. Explications.

Comme l’a très bien rappelé Alix Poisson samedi dernier en recevant son prix d’interprétation au Festival Séries Mania, la série Disparue est avant tout une série de femmes. Ecrite par des femmes (Marie Deshaires et Catherine Touzet), produite par une femme (Iris Bucher), réalisée par une femme (Charlotte Brandström), pour une histoire qui narre la disparition d’une (jeune) femme et bien sûr, autour de personnages féminins forts.Evidemment, cette particularité seule n’explique pas à elle seule le succès de la série de France 2 qui a cartonné dès ses premiers épisodes. Il faut bien avouer qu’au-delà de son histoire classique de disparition, il y a également son indéniable qualité.Qualité dans l’écriture qui ne se borne pas à l’enquête policière, se focalisant également, à la manière d’un Broadchurch, sur les dommages collatéraux de la dite disparition. Comment vit-on l’angoisse de l’absence de son enfant ? Comment gère-t-on le quotidien d’une enquête qui piétine ? Lorsque l’on est un parent meurtri par le deuil, quel est le désarroi des proches impuissants face à la douleur des parents ? Autant de questions soulevées par la série et traitées avec tout le tact et la justesse nécessaire à sujet.Il faut également mettre en lumière le casting de Disparue qui, à défaut d’être toujours excellent, reflète une cohérence qui procure de fait à la série un pouvoir empathique indéniable. Une empathie du public pour les personnages acquise dès les premières minutes et qui sert forcément et merveilleusement bien le propos. Que ce soit l’actrice de Parents Mode d’Emploi (Alix Poisson), l’artiste de one-man (Xavier Demaison), l’ex Robin des Bois (Pierre-François Martin-Laval), les têtes d’affiche de la série sont toutes connues pour leurs rôles comiques et sont utilisées ici dans un parfait contre-emploi.Avant même de rentrer dans l’histoire, les personnages nous sont forcément sympathiques et leurs douleurs deviennent évidemment plus facilement les nôtres. Choix malin de la directrice de casting Sylvie Brocheré à qui l’ont doit également les gueules de la série Braquo.Malin également le choix de l’agglomération lyonnaise qui place de fait l’histoire dans une grande ville avec tout ce que cela implique, mais une ville vécue à l’échelle d’un arrondissement où tout le monde semble se connaitre comme dans n’importe quelle petite ville de province. Urbain et rural à la fois.Bien sûr la série n’est pas sans défauts, comme l’interprétation parfois exaspérante de Pierre-François Martin-Laval (mais son personnage est censé l’être), les fausses pistes que l’on devine à des kilomètres, et surtout, la vision de Léa Morel (Camille Razat), la "disparue", adolescente quasi nymphomane et forcément cockée ("de temps en temps, pour se détendre") plus que caricaturale dans son écriture.Rassurons-nous, ces défaut mis à part, ne gâchons pas notre plaisir, la nouvelle série de France 2 mérite amplement un visionnage assidu, même si l'on n'est pas devant Broadchurch>>> Disparue : qu'en pense la presse ?Nicolas Bellet