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Ce 18 mars, Canal Plus dévoile les premiers épisodes de Borgia, saison 2. De Rome aux Mad Men, en passant par Spartacus, les Tudors ou Downton Abbey, les séries historiques cartonnent. Explications.

Steven Spielberg s'attaque à Napoléon. Le réalisateur américain, futur président du Festival de Cannes, a annoncé, il y a quelques jours, avoir exhumé un projet cher à Stanley Kubrick : le biopic du vainqueur d'Austerlitz. L'arlésienne du réalisateur d'Orange Mécanique devrait donc bien voir le jour, mais sous la forme d'une mini-série. Ce retour en grâce n'est pas si surprenant : les séries historiques continuent de séduire massivement les chaînes, et nous avec. Pourquoi ces séries ont-elles autant la cote ?Parce que de grands noms s'y intéressentC'est finalement Spielberg lui-même qui a introduit ce retour aux reconstitutions historiques en 2001 avec Band of Brothers (produit avec Tom Hanks). L'Histoire passionne les grands noms du cinéma et des séries ; le public se passionne pour ces derniers. Même chose quand la production (et la réalisation du pilote) de Boardkwalk Empire atterrit entre les mains d'un Martin Scorsese ou que Borgia est placé sous la férule de Tom Fontana, créateur de Oz et signature historique de HBO, chaîne mythique des amateurs de séries, qui prendra le pari de relancer le western avec Deadwood en 2004.Parce que leurs thèmes sont évocateursSortis d'un carcan historique poussiéreux, les Borgia, Tudors et autres Mad Men ne nous paraissent pas si étrangers, à défaut d'être nos contemporains. Comment ne pas s'interroger sur les tourments de Don Draper, héros de Mad Men ? Pour Tom Fontana, les thèmes brassés dans Borgia entrent en résonance avec notre époque. Le « period drama », comme on l'appelle dans les pays anglophones, offre donc un éclairage nouveau sur une période de l'Histoire, voire même un exutoire pour nous, spectateurs.Parce que les personnages sont revisitésLes grandes figures historiques y sont romancées, au risque de défriser les puristes. Les Tudors version Michael Hirst (scénariste du film Elizabeth, biopic d'Elizabeth 1ère avec Cate Blanchett) ont subi un toilettage rock et pop, avec des costumes opulents et un Henri Cavill qui n'a pas vraiment l'apparence boursouflée d'Henri VIII à la fin de son règne. Lucius Vorenus et Titus Pullo étaient seulement mentionnés dans « La guerre des Gaules » de César : ils sont devenus les héros de la série Rome. Les Mad Men sont témoins des grands évènements de leur temps dont les épisodes fourmillent de détails. Dans Boardwalk Empire, Al Capone côtoie Nucky Thompson, fictionnalisé pour les besoins de la série, mais inspiré d'un certain Nucky Johnson, qui a lui vraiment existé. La distance n'est pas toujours bien vécue. Chez nous, la série Inquisitio, diffusée l'été dernier sur France 2, a connu la polémique bien malgré elle, à cause des libertés qu'elle prenait avec la réalité historique.Parce que les moyens sont làLa série Rome a été tournée dans les mythiques studios italiens de Cinecittà qui ont accueilli des tournages dantesques (une cinquantaine de films oscarisés y ont été tournés). Outre-Manche, Downton Abbey est devenu le drama le plus cher de la télévision anglaise ( à 1 million de livres en moyenne l'épisode, soit 1, 15 million d'euros au bas mot). Rien à voir avec un épisode d'une série HBO qui avoisine les 5 millions de dollars. Le coût est prohibitif, mais tant pis, les chaînes se lancent dans des vastes coproductions internationales (La première saison de Borgia avait déjà coûté près de 25 millions d'euros).Parce qu'elles n'ont pas froid aux yeuxLa réalisation est dynamique, l'esthétique moderne et parfois stylisée à l'extrême. Spartacus fait le pari d'un déluge d'hémoglobine en slow motion et de scènes de sexe explicites dopées par un montage fébrile. Sur ce point, on ne peut pas dire que Borgia soit le dernier. Du pain béni pour les publicitaires chargés de mener tambour battant la promo de ces séries. La campagne de pub des Borgia n'aura échappé à personne et hasard du calendrier, la diffusion débute au lendemain de l'élection du pape. De quelle meilleure publicité Canal Plus aurait pu rêver ?Parce que le format s'y prêteSi ça marche, c'est aussi parce que le format plus calibré de ces séries (souvent des mini-séries) permet d'éviter au maximum la saison de trop. Les Tudors ont baissé le rideau après 38 épisodes. Spartacus connaît actuellement sa troisième et dernière saison. Paradoxalement, et par rapport au cinéma, la série permet de développer un scénario sans être bridée par une durée standard d'exploitation.Parce que les chaînes en font une vitrineOutre-Atlantique, les grands chaînes du câble ont chacune leur « period drama ». Un moyen de se parer de ses plus beaux atours pour parader devant la concurrence. La chaîne HBO s'est illustrée avec Rome ? Starz parie sur Spartacus. Sur les traces de Deadwood (HBO, toujours), AMC a lancé l'année dernière Hell on Wheels, série sur la conquête du rail au lendemain de la guerre de Sécession. HBO a voulu revenir dans la course avec Boardwalk Empire et Game of Thrones ( qui n'est pas à proprement parler une série historique, mais que nous mettrons ici tout de même), mais la compétition est rude. D'ailleurs, Borgia de Canal Plus (distribué dans une cinquantaine de pays) croise le fer avec The Borgias, commandé par l'américaine Showtime. La troisième saison (avec toujours Jeremy Irons en Rodrigo Borgia) doit débuter le 14 avril prochain aux U.S. Les luttes de pouvoir sont décidément universelles.Jonathan BlanchetBorgia, saison 2. A partir du 18 mars sur Canal Plus.