On avait bien aimé la série d’affiches de Nymphomaniac vantant joyeusement l’orgasme pour tous, qui laissait peut-être espérer (même si, connaissant le bonhomme, on savait ça peu probable) que le film de Lars von Trier sur le parcours d’une nymphomane ne serait pas si sordide. Et non. Nymphomaniac est exactement ce qu’on pouvait craindre : une suite de séquences provoc se vautrant dans la chair triste et le sexe coupable entrecoupées de discours théoriques fumeux et d’analogies consternantes de premier degré (des images de poissons ferrés lorsque le personnage évoque un concours de drague avec sa copine). Le tout emballé dans un dispositif narratif de démonstration dont on ne sait toujours pas ce qu’elle vise après deux heures de film, et dont on se désintéresse bien avant.Reprenons. Stellan Skarsgard trouve Charlotte Gainsbourg gisant inconsciente et visiblement rouée de coups dans le caniveau. Il la ramène chez lui et fait preuve d’une écoute bienveillante quand elle entreprend de lui raconter comment elle en est arrivée là. S’en suit le parcours d’une femme accro au sexe, guidée par la poursuite destructrice d’un désir qu’elle ne parvient jamais à assouvir. Montrée à coups de flash-back - dont l’héroïne est la toute jeune Stacy Martin, mannequin de 22 ans, vraie star du film et l’une de ses rares qualités -, l’histoire enchaîne les scènes de cul jamais sexy, les images choc gratuites (un gros plan entre les jambes pendant un examen gynécologique, une galerie de bites de toutes tailles et formes qui défilent), les situations glauques et les moments de souffrance. Animé, en plus, d’une épouvantable haine de soi, tout le récit du personnage de Gainsbourg, placé d’emblée sous le coup de la morale, tend à dévoiler sa part la plus sombre et prouver sa culpabilité. En face pourtant, le personnage de Skarsgard, dans la position du psy, tente de voir les choses autrement et de démonter les raisonnements de sa « patiente » en déployant des trésors de patience et d’indulgence. Un mouvement dialectique qui prive le film de toute radicalité, brouille les pistes et laisse opaque la morale de l’histoire. Désacralisons le sexe ? Oublions l’amour ? Ou reconsidérons les vertus de la vertu ? Le discours est inaudible.Il faudra donc attendre le volume 2 pour savoir où mène cette exploration extrême de la sexualité féminine. La faute, il faut dire, à la « censure » que le cinéaste évoque dans un carton en début de film, censure qui aurait réduit à deux fois deux heures un marathon sexuel de 5h30. Dont on n’a pas envie de voir le bout.Nymphomaniac - Volume 1 de Lars von Trier avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy Martin, Shia Labeouf, en salles le 1er janvier :Vanina Arrighi de Casanova
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- REVIEW - Ni radical, ni excitant : l’arnaque Nymphomaniac
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