Wolf Man (2025)
Universal Pictures

Le réalisateur d’Upgrade et Invisible Man se frotte au mythe du loup-garou, sans convaincre.

Qui pourrait dire non à un film de loup-garou de cent minutes, qui raconte (quasiment en temps réel) comment une famille de trois personnes se retrouve coincée dans une maison paumée, et assiégée par un lycanthrope qui rôde ? Du simple point de vue économique, Wolf Man est tout à fait remarquable par ses dimensions réduites et ses visées modestes. Malheureusement, malgré son allure décidément très micro Stephen King movie (la famille face au bestiaire mythique US), Wolf Man ne satisfait pas vraiment.

Tout commence dans l’Oregon, en 1995, d’après un texte à l’écran très amusant qui donne au film des racines plongeant dans l’univers des légendes urbaines américaines ("en 1995, un randonneur a disparu…"). Un chasseur (paramilitaire et assez brutal) et son gamin font une drôle de rencontre dans les bois. Trente ans plus tard, le fils (Christopher Abbott, pas mal du tout), sa femme et leur fille reviennent sur les lieux pour vider la maison ; et, ma foi, vous voyez bien ce qui va se passer. Les SFX mécaniques et les maquillages en dur, efficaces car visiblement conçus par des gens qui connaissent leurs classiques (Chris Walas de La Mouche et Rick Baker du Loup-garou de Londres sont cités littéralement), dissimulent mal le fait que la mécanique de Wolf Man ne fonctionne pas vraiment. Qu’est-ce que le film raconte, au fond ?

Wolf Man (2025)
Universal Pictures

Voyons un peu Wolf Man à l’aune de la filmo de Leigh Whannell en tant que réalisateur : Upgrade, sous-Robocop rigolo, n’avait pas tellement d’autres visée que de divertir et ça marchait plutôt bien. Invisible Man redessinait plus ou moins efficacement la figure de l’homme invisible à l’ère #MeToo. Wolf Man, et bien… Juste un huis clos lupin, alors ? Le kif espéré de la série B est bien maigre : peu d’action, peu d’enjeux, peu de monstres, peu de gore... La transformation en garou, passée une scène géniale reposant sur le son (on n’en dira pas plus), devient visuelle : les séquences de vision lupine évoque surtout les scènes où Frodon enfile l’Anneau chez Peter Jackson. Comme si le film-garou voulait, lui aussi, changer de forme, et avoir quand même plus de gueule qu’un bon petit trip au pays des lupins.

Et la dynamique familiale est plus caricaturale qu’esquissée. Le héros est un père au foyer un poil nerveux mais qui gâte sa fille, dans un double contraste : à la fois avec sa propre enfance qu’on imagine violente et avec sa femme, élégante journaliste citadine qui fait clairement passer sa carrière avant sa famille. Son changement en monstre pas vraiment méchant signifie-t-il que les hommes toxiques ne le sont pas vraiment, au fond, et que tout garou cache sous ses griffes un gentil papa poule ? Ou alors l’inverse ? Drôle de discours, un peu confus, que le film tient maladroitement, et qui laisse perplexe.

L’ambivalence de Invisible Man (la vengeance d’une femme battue envers son agresseur) était nettement plus intéressante, car elle heurtait deux thèmes a priori pas très compatibles (le cinéma bis et les témoignages #MeToo). A côté, Wolf Man n’est pas assez costaud, pas assez velu… "Parfois on blesse les gens qu’on aime parce qu’on les aime trop", résume le papa à sa fille, s’excusant après avoir risqué de la traumatiser. Peut-être, justement, que le film ne dit pas assez frontalement les choses, ne montre pas assez les traumas. Il ne fallait pas non plus prendre autant de précautions : ce n’est qu’un film, après tout. Non ?