La Palme d’Or 1990 signée David Lynch est à l’honneur ce soir de Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard, sur France 5
La première incursion de Barry Gifford au cinéma
Sailor et Lula met en scène un couple en cavale, tentant d’échapper à la mère psychopathe de Lula, s’opposant par tous les moyens à cet amour fou. C’est alors la toute première fois qu’un roman de Barry Gifford (Wild at heart : The Story of Sailor & Lula, publié la même année) est porté à l’écran. Et on le doit pour partie à Monty Montgomery, le producteur de Twin Peaks qui a fait découvrir ce livre avant même sa publication à David Lynch alors que ce dernier venait de terminer le tournage du pilote de la série. Côté cinéma, le cinéaste en est alors au point mort, deux de ses projets – Ronnie Rocket et One Saliva Bubble – ayant été tués dans l’œuf par la faillite du producteur Dino de Laurentiis, son producteur de Dune, qui les développait. Mais quand Montgomery lui fait lire Wild at heart : The Story of Sailor & Lula en lui demandant s’il serait prêt à produire son adaptation que lui réaliserait, il ne se doute pas un instant que Lynch craquerait lui- même pour cette histoire. Sauf que deux jours plus tard, Lynch le rappelle. Tombé amoureux du film, il lui explique qu’il veut le mettre en scène lui- même et renonce pour cela à l’adaptation du polar des années 40 sur lequel il travaillait. Il contacte lui- même Gifford pour obtenir son autorisation et change la fin du récit qui montrait la séparation du couple à laquelle il ne croyait pas. Gifford accepte. Et Sailor et Lula connaîtra un magnifique destin qui le conduira jusqu’à la Palme d’Or décerné par le jury de Bernardo Bertolucci à Cannes en 1990. Sept ans plus tard, Gifford retrouvera Lynch mais comme co- scénariste cette fois avec le mythique Lost Highway dont on vient de fêter le 25ème anniversaire de la sortie française en janvier.
Une veste inoubliable
David Lynch n’a toujours eu que deux acteurs en tête pour incarner Sailor et Lula : Nicolas Cage et Laura Dern (dont Diane Ladd, sa mère à la ville, joue la mère à l’écran). Deux comédiens d’emblée très impliqués dans cette aventure. Laura Dern a ainsi suggéré à Nicolas Cage qu’ils partent tous les deux en week- end à Las Vegas pour tisser des liens essentiels à la création de leurs personnages. Et c’est Nicolas Cage qui a proposé à Lynch de porter à l’écran cette veste en peau de serpent, hommage au personnage de Marlon Brando dans L’Homme à la peau de serpent, qui lui appartenait. Une veste qui deviendra culte et que Cage offrira à sa partenaire à la fin du tournage.
Un tube culte
La musique, comme toujours chez Lynch, tient un rôle essentiel dans Sailor et Lula. La BO composée par Angelo Baladamenti pour sa deuxième collaboration avec le cinéaste sur grand écran après Blue velvet. Les interprétations des tubes d’Elvis Presley par Nicolas Cage, dont un inoubliable Love me tender. Mais aussi un tube qui allait lancer la carrière de son interprète Chris Isaak : Wicked game. Présent dans l’album Heart Shaped World et sorti comme single l’année précédente dans l’indifférence quasi générale, sa présence en version instrumentale dans Sailor et Lula allait changer la donne. Lynch en fera lui- même clip pour promouvoir la BO, avant que triomphe oblige, le photographe Herb Ritts en mette en scène un autre, en noir et blanc, où Isaak a pour partenaire la top- model Helena Christensen et qui fera les belles heures de la chaîne MTV. On a depuis entendu Wicked game dans plusieurs autres films : La Désenchantée de Benoît Jacquot, Leaving normal d’Edward Zwick ou encore Family man de Brett Ratner avec, en vedette, un certain… Nicolas Cage.
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