Le duo Charlotte Valandrey- Lambert Wilson est à l’honneur ce soir de Place au cinéma sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
Un film autobiographique
Fille d’émigrés juifs biélorusses née en 1932 à Paris, Véra Belmont a connu une enfance lourdement marquée par la seconde guerre mondiale où elle dut notamment s’employer à protéger son petit frère et sa petite sœur au côté de parents résistants, forcés à changer chaque jour ou presque de domicile pour ne pas être arrêtés. Elle a acquis dans ces épreuves un sens de la débrouillardise qu’elle n’a jamais perdu, y compris et surtout quand, à la fin des années 50, elle fait ses premiers pas dans le monde du grand et du petit écran. D’abord brièvement comme actrice (Les Cinq dernières minutes…) puis très vite comme productrice où elle travaille notamment avec José Giovanni (La Loi du survivant), Marcel Carné (Les Jeunes loups), Maurice Pialat (L’Enfance nue), Yves Boisset (Un condé), Georges Franju (La Faute de l’Abbé Mouret), Claude Lanzmann (Pourquoi Israël), André Téchiné (Souvenirs d’en France) ou encore Jean- Jacques Annaud (La Guerre du feu). Véra Belmont passe à la réalisation au milieu des années 70, d’abord avec deux documentaires – Les Œillets rouges d’avril et Prisonniers de Mao – avant d’aborder pour la première fois la fiction donc avec Rouge baiser en 1985. Elle y développe l’histoire d’une adolescente de 15 ans, militante des Jeunesses Communistes dans le Paris du début des années 50 qui va découvrir, dans le même temps, l’amour et les contradictions de ses choix politiques. Une héroïne qu’elle connaît par cœur puisque Rouge baiser raconte sa propre histoire et son exclusion du PCF à 15 ans car elle s’est refusée à croire que le militantisme passait avant tout le reste, notamment la possibilité de vivre pleinement une histoire d’amour.
La révélation de Charlotte Valandrey
Le rôle central de Rouge baiser est tenu par une débutante qui aspirait alors à un tout autre rêve que le cinéma : devenir inspecteur de police. Mais Charlotte Valandrey va pourtant suivre les conseils d’une de ses amies et se rendre au casting du film de Véra Belmont. Bien lui en a pris puisqu’elle va donc décrocher le premier rôle de sa carrière qui lui vaudra un prix d’interprétation au festival de Berlin puis une nomination au César du meilleur espoir féminin 86, remporté cette année- là par la Charlotte Gainsbourg de L’Effrontée. Mais le temps de l’insouciance sera de courte durée. La même année, quelques jours avant son 18ème anniversaire, elle apprendra sa séropositivité.
Le Caveau de la Huchette, lieu de jazz… et de cinéma
L’un des temples du jazz à Paris, Le Caveau de la Huchette, a connu un regain de popularité voilà une poignée d’années grâce au La La Land de Damien Chazelle où son enseigne apparaissait furtivement à l’écran. Mais ce n’était pas la première fois que ce club de jazz avait les honneurs du grand écran. Marcel Carné fut le premier à le filmer en 1958 dans Les Tricheurs, suivi par Claude Berri en 1975 pour La Première fois et donc Vera Belmont avec Rouge baiser. Depuis, James Huth et Jalil Lespert l’ont aussi respectivement mis en scène dans Un bonheur n’arrive jamais seul et Yves- Saint- Laurent.
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