Le succès du film de James Cameron, décrypté en direct au tournant de 1997-1998 ? C'est à lire (en partie) ici.
Il aurait dû sortir durant l'été 1997, mais James Cameron n'a pu rendre son montage finalisé à temps, noyé sous la fabrication de nombreux effets spéciaux. Titanic a finalement été montré au public américain à partir du 19 décembre 1997, soit il y a tout juste 25 ans, et aux Français le 7 janvier suivant. Au sein du nouveau Première Classics (mook n°22, janvier-mars 2022), la rédaction vous propose de replonger dans les coulisses de sa fabrication, ainsi que de son succès fou, les spectateurs se rendant plusieurs fois au cinéma pour revivre l'histoire d'amour entre Rose (Kate Winslet) et Jack (Leonardo DiCaprio). Nous vous proposons ci-dessous un extrait du journal de bord de David Fakrikian, qui avait chroniqué tout cela en direct, à l'époque. Le dossier complet est disponible en librairies, et dans notre kiosque en ligne.
Titanic va ressortir au cinéma en 2023 pour fêter ses 25 ansTitanic est à (re)voir sur Première Max"Pour la France, il faut attendre début janvier 1998 pour découvrir le film. Sur l’internet naissant, des horloges comptent les jours, les heures et les minutes qui séparent le public de la sortie nationale américaine. Le signe certain que Titanic est très attendu. Cameron a, une fois de plus, dépassé les limites…
Après la publication du report de l’été 1997, dans les longs mois précédant la sortie, je reçois des dizaines de lettres de cinéphiles me traitant de dingue, et me démontrant par A+B qu’il est impossible que Titanic recoupe son budget, qu’il n’aura aucun Oscar, que la carrière de Cameron est foutue, que c’est un inconscient, et que j’aurai dû parier sur un cheval plus sûr comme Lucas ou Spielberg. L’une des lettres fait 3 pages rectos versos tapées à la machine en interligne simple, soit 5 pages et demi en tout. On sent dans chaque mot dactylographié la violence de son auteur cognant sur sa machine. À l’époque d’avant les réseaux sociaux, les gens sont cependant encore civilisés quand les faits leur donne tort: après la sortie du film, je recevrai des lettres d’excuses.(...)
Quand, enfin, Titanic sort en salles, l’impact est considérable. Pour tromper les spectateurs, les affiches annoncent une durée de 2h75. Et les spectateurs viennent. En nombre. Encore. Encore. Les entrées augmentent de semaine en semaine – ce qui n’arrive jamais. Avec certains spectateurs j’en suis arrivé à inventer un jeu, « Spot the Titanic », consistant à se placer sur la mezzanine surplombant les sorties du cinéma UGC Ciné Cité Les Halles pour deviner qui sort de Titanic en guettant l’état des spectateurs poussant les portes. À l’issue des 3 heures et quelques du film nous sommes invariablement témoins d’une armée en défaite émergeant de la pénombre (le film joue dans deux salles pour multiplier les entrées). Le spectacle est indescriptible: femmes échevelées, rimmel coulant, hommes titubants et tentant de recouvrer leur esprit, peinant à articuler trois mots… Celles-ci s’assoient sur les marches et pleurent à chaudes larmes. Des couples se prennent dans les bras pour se réconforter, comme les rescapés d’un séisme. « Titanic. Titanic. Titanic. Titanic… » Nous regardons tout cela se reproduire, jour après jour, stupéfaits. Le film connecte avec le public, au-delà de tout ce que j’avais imaginé. Né dans les années 60, et n’ayant pas vécu en direct le phénomène Autant en emporte le vent, je n’avais jamais vu cela. Même les futurs producteurs des OSS 117, les frères Altmayer, qui ont suivi mes reports du tournage dans le magazine SFX – les rares positifs –, m’appellent pour partager leur étonnement. « C’est incroyable, me disent-ils, on n’a jamais vu un truc pareil. Nous sommes en train d’assister à un moment historique de l’histoire du cinéma. » Cameron, lui, doit enfin respirer : celui qui est dans l’œil du cyclone vient de passer à travers le chas de l’aiguille."
Voici la bande-annonce de Titanic :
Titanic : l’interview de James Cameron par Première
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