The Covenant
Amazon Prime

Avec ce film de guerre, l’auteur de Revolver et d’Aladdin nous livre une tambouille SVOD à mi-chemin entre le pamphlet politique et le survival hallucinogène. Le cinéaste le plus illisible de notre époque ?

C’est inscrit dans le titre : Guy Ritchie’s The Covenant (en VO). Qu’on pourrait traduire par l’engagement de Guy Ritchie. Encore faudrait-il savoir à quel Guy on a affaire. Celui des couillonnades d’espionnage (Operation Fortune) ou celui des drames vénères (Un homme en colère) ? Alors que ce Covenant vient d’arriver sur Prime, la question se (re)pose avec acuité : who’s that Guy ? Pendant des années, ce type fut avant tout la queue de la comète du « néo-cinéma british », un surdoué du clip, plus reconnu pour son flair technique que pour ses qualités de conteur dickensien. Silver lui file les clés de Sherlock Holmes (et de Hollywood), et il s’impose comme un chaînon manquant entre Danny Boyle et Matthew Vaughn avant de devenir un mercenaire de studios (Aladdin, Le Roi Arthur...). Le retour en grâce se fait avec Agents très spéciaux et les thrillers qui suivent. Jusqu’à ce Covenant.

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Le film commence comme un casse-tête dialectique opposant Ahmed, un étrange et mutique fixeur afghan, et John Kinley, un soldat yankee (Jake Gyllenhaal, à baffer). Chacun a sa propre guerre, ses propres raisons de la mener et Ritchie filme ces deux soldats pétrifiés, à la recherche d’un peu de lueur dans les ténèbres. C’est ce que le cinéaste a fait de plus posé et de plus nuancé depuis... pfff, bien longtemps. Mais brusquement, le pamphlet devient un étrange survival criard et psychotronique de 30 minutes (Ahmed transporte Kinley blessé à travers les steppes et les montagnes afghanes) avant de muter en thriller à la violence hallucinée, stonienne, et presque caricaturale (Kinley arrivera-t-il à récupérer des papiers pour Ahmed et à l’exfiltrer comme promis ?). À force de changer de style, Guy Ritchie a fini par ne plus trop savoir où il habitait. Cinéaste artificier ? Styliste branché sur son époque ? Filmeur politique ou simple entertainer ? Présent partout, vraiment nulle part, ce Guy est anonyme et f(l)ou. À l’image de son Covenant.

De Guy Ritchie • Avec Jake Gyllenhall, Dar Salim, Alexander Ludwig... • Disponible sur Amazon Prime