Starship Troopers : Verhoven a l'humour pas bête mais méchant [critique]
TriStar Pictures

Ce film de SF, bourré d'action et d'ironie, fête ses 25 ans cette semaine.

Sorti le 7 novembre 1997 aux Etats-Unis et quelques mois plus tard en France (le 21 janvier 1998), Starship Troopers vient de souffler ses 25 bougies. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a divisé les spectateurs à sa sortie ! Comme le soulignait son créateur Paul Verhoeven dans Première au moment de sortir Benedetta, à l'été 2021 : "Avec Starship Troopers, je passais pour un néonazi, avec Showgirls, pour un lubrique. L'incompréhension totale."


Paul Verhoeven : "Benedetta ne répond pas à une mode ou un geste politique type #MeToo"

A l'époque, Jean-Yves Katelan évoquait justement dans sa critique un cinéaste et son public pas tout à fait sur la même longueur d'ondes, ainsi qu'un malentendu lié à un gros concurrent sorti un an plus tôt : Mars Attacks !. Dans les deux films, il est bien question de combats sanglants entre aliens et humains et ils partagent aussi un traitement humoristique de cette situation. Mais ils ne jouent pas du tout sur le même registre, ce qui a pu causer cette incompréhension.

"Verhoeven a l'humour pas bête mais méchant, s'ouvrait ainsi la critique de Première. C'est ce qui distingue son film de Mars Attacks, auquel on peut le comparer pour ses références très années 50. Comme Tim Burton, Verhoeven a choisi de faire un film de guerre plutôt que de science-fiction, mais à la différence de Tim, il a préféré l'imitation (plus ambiguë et donc plus gonflée) au pastiche (plus évident et donc plus correct). Un parti pris qui explique sans doute l'adjectif "nazi" qui rôde autour du film (vu le militantisme des héros et le sombre de leurs impers). Mais c'est rumeur à la con qu'icelle : elle ignore que ce Starship Troopers est délibérément conçu comme un film de propagande du Service cinématographique des armées de l'an 2300 (au format hollywoodien quand même) ; elle ignore le décalage évident entre la nature futuriste de l'ennemi - ces araignées extraordinairement numérisées- et le ton désuètement patriotique (re-bonjour Mr. McCarthy). Elle ignore surtout que c'est un film antimilitariste dont il s'agit finalement." 

Evoquant ensuite les spots de propagande géniaux qui parsèment le film, et où culmine toute l'ironie du réalisateur, Katelan expliquait qu'il fallait attendre la toute fin pour pleinement prendre conscience que "Verhoeven a passé tout le film à se moquer de ses personnages", ceux de Casper Van Dien et Denise Richards en tête. "Il ridiculise, fouette, tue et dépèce ses jeunes héros avec un plaisir manifeste (...) A tant se moquer de tout et de tous, on en vient à se demander si la cible principale de Verhoeven ne serait pas son film lui-même." Une idée particulièrement "divertissante et inhabituelle à cette échelle." D'où les trois étoiles offertes au film à sa sortie.

Showgirls : de la crucifixion à la résurrection

Starship Troopers a fait un flop à l'époque : il a récolté 121 millions de dollars dans le monde pour 105 de budget, sans compter sa publicité, si bien qu'il n'est pas rentré dans ses frais avant sa diffusion en DVD et blu-ray. Depuis, le film a cependant été réhabilité (tout comme Showgirls, d'ailleurs). Il faut aussi noter que son ton si particulier n'est pas dû qu'à son réalisateur, mais aussi à son scénariste, Edward Neumeier, qui avait déjà travaillé avec le cinéaste sur RoboCop. Ils se sont inspirés du roman Étoiles, garde-à-vous ! (Starship Troopers en VO), publié en 1959 par Robert A. Heinlein, mais au fil de la fabrication du film, ils se sont énormément éloignés de ce modèle, conservant seulement son titre et quelques idées de départ.

Les scènes choc de Paul Verhoeven : Basic Instinct, Robocop, Elle...