Le cinéaste était à Paris cette semaine, pile pour l'anniversaire de son chef-d'oeuvre avec Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert De Niro et Robert Foster.
Quand on lui demande quels sont ses cinq films préférés de sa propre filmographie, Samuel L. Jackson ne cite qu'une seule de ses collaborations avec Quentin Tarantino : Jackie Brown. Sorti en France et en Belgique il y a tout juste 25 ans, le 1er avril 1998. Chez Première aussi, au moment d'établir notre top de la filmo du cinéaste, c'est ce polar porté par Pam Grier qui est arrivé en tête. C'était en 2016, avant la sortie d'Once Upon a Time... in Hollywood, qui, bien qu'adoré par la rédaction, ne le délogerait sans doute pas. Voici notre critique :
"Deux has been tombent amoureux. Une hôtesse de l'air dans une compagnie minable et un prêteur de caution qui vont tenter d'arnaquer un trafiquant d'armes dans un Los Angeles banal fait de bars vides et de centre commerciaux climatisés. Dans les années 70 l'une était Coffy, reine de Harlem et l'autre cachetonnait dans des séries B (Robert Forster, génial). Loin d'être un gadget sorti de la naphtaline, Pam Grier devient la raison d'être du cinéma de Tarantino, le nexus autour duquel naissent et meurent toutes ses obsessions. La mélancolie, immense et totale du film (cette scène de fin, bon sang), qui nous ouvre grand les bras, c'est celle du cinéma qui capte à jamais des images mais non les sentiments provoqués par ces images. On est tombés raides dingue de Jackie, on espère que ce sentiment-là durera pour toujours."
Quentin Tarantino avait fait la couverture de Première, en février 1998, justement pour présenter Jackie Brown, qui venait de faire sensation aux Etats-Unis (dans son pays d'origine, il est sorti en décembre 1997). "Jackie Brown n'a coûté que 12 millions de dollars, expliquait-il. A ce prix-là, vous ne risquez pas de vous planter. Et vous n'avez pas besoin de faire de compromis." Il livrait aussi ses sources d'inspiration pour écrire cette histoire : "Pendant Jackie Brown, j'ai visionné une des faces du laserdisc de L'impasse (93, De Palma). Mon chef op et moi, on avait regardé Hickey & Boggs, de Robert Culp (72, scénario de Walter Hill, inédit en France), et Et tout le monde riait, de Peter Bogdanovich (avec Ben Gazzara et Audrey Hepburn). Les deux étaient parfaits pour Jackie Brown. Et tout le monde riait est à mon avis un chef-d'œuvre. Il montre un New York de contes de fées, un New York qui ressemblait au Paris des années 20. A vous donner l'envie d'y vivre. On s'en est un peu servi. On regardait aussi Le récidiviste (78, d'Ulu Grosbard, avec Dustin Hoffman), un des meilleurs polars situé à L.A. Mais je voulais que Jackie Brown fasse plus fiction que ça. Le récidiviste était trop âpre."
Jackie Brown est à (re)voir sur Première MaxA propos de son casting 5 étoiles (Pam Grier et Samuel L. Jackson, donc, mais aussi Bridget Fonda, Robert De Niro, Robert Foster, Michael Keaton...), il avouait avoir voulu s'offrir un rôle clé : "Pour Jackie Brown, le plus dur à accepter, ça a été de donner le rôle d'Ordell à Samuel L. Jackson. Ordell, c'était moi ! Ca a été si facile d'écrire le rôle. J'ai été dans la peau d'Ordell tout le temps qu'à duré l'écriture. C'était dur de me défaire du personnage, de laisser Samuel jouer le rôle et de ne pas l'emmerder avec ça. Il a été Ordell pendant dix semaines, moi pendant un an. Ordell, c'est tous les mentors de mon adolescence. Ce que j'aurais pu devenir. En écrivant, tout m'est revenu, le type que j'aurais pu devenir à 17 ans si je n'avais pas eu d'ambitions artistiques. J'aurais travaillé à la poste, je serai devenu vendeur ou un type qui vend de l'or à la pesée. J'aurais enchaîné les embrouilles. J'aurais fait quelque chose qui m'aurait envoyé en taule. Mais j'ai choisi ma voie. Et j'ai eu la chance de pouvoir assumer tout ça à travers mon boulot."
Son long entretien est à lire en entier ici. Et en cliquant là, vous trouverez le compte-rendu de sa masterclass parisienne, qui s'est tenue mercredi soir au Grand Rex, et au cours de laquelle il a livré les premiers détails sur son ultime film, The Movie Critic.
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