Affiche sorties de films mercredi 16 juin 2021
Paramount- Apollo Films Distribution/ StudioCanal - Metropolitan Filmexport

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT

SANS UN BRUIT 2 ★★★☆☆
De John Krasinski
L’essentiel
Une suite efficace, sans grande surprise, mais dans laquelle John Krasinski affine son œil de réalisateur.

Après le carton de Sans un bruit en 2018, l’enjeu de cette suite est à chercher du côté de l'esthétique : la réalisation de John Krasinski passe clairement à un niveau d'ambition supérieure. Plus calme, plus maîtrisée, plus ambitieuse, avec surtout beaucoup moins de bruit que dans le premier film (ce qui était quand même un comble, vu le sujet !). La scène d'ouverture est à ce titre remarquable, le feeling de post-apocalypse à très petite échelle bien là, le climax central redoutablement efficace. De quoi pardonner un script reproduisant trop les gimmicks du premier film mais à l'arrivée, même s'il se mêle à des choses paresseuses, le plaisir de cinoche d'exploitation qui fait du bien est là.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A ADORE

UN HOMME EN COLERE ★★★★☆
De Guy Ritchie

Un Homme en colère est le remake du Convoyeur. Outre un vernis très glossy, Guy Ritchie a choisi de déconstruire le récit, de multiplier les ellipses et les syncopes narratives pour mieux souligner l’errance du personnage principal et appuyer sur sa sauvagerie irrationnelle. Stress, bastons, poursuites et vandalisme, n’ont aucun sens avant qu’on ne comprenne pourquoi cet homme est aussi fou que mystérieux. Très british, très burné, avec un côté frimeur qui peut irriter mais qu’on affectionne particulièrement (les « têtes de chapitres » des différentes sections du film) la mise en scène de Ritchie transforme le polar social de Boukhrief en tragédie shakespearienne entièrement dévouée à son héros granitique. Car ce remake est d’abord et avant tout un terrain de jeu idéal pour Jason Statham qui y impose son flegme pulp et sa brutalité fracassante. Liam Neeson n’a qu’à bien se tenir.

Gaël Golhen

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LES 2 ALFRED ★★★★☆
De Bruno Podalydès

Bruno Podalydès plonge ici les deux pieds dans ce monde 2.0 faussement tempéré à travers l’histoire d’Alexandre (Denis Podalydès), un chômeur quinqua miraculeusement embauché dans une start-up. La philosophie de l’entreprise érige le don de soi en crédo et refuse à ses employés le droit d’avoir des enfants. Alexandre cache donc sa paternité et se retrouve bientôt sous la coupe de Séverine (Sandrine Kiberlain), incarnation vivante des valeurs de ladite entreprise. Il y a cinquante-trois ans avec le génial Playtime, Jacques Tati se posait déjà la question de la réorganisation de nos vies face à un modernisme béatifié. Ce n’était pas tant la technologie qu’il interrogeait que la façon dont l’espace se reconfigurant obligeait à une adaptation rapide. Bruno Podalydès mise aussi sur la force destructrice du burlesque pour réenchanter le mode.

Thomas Baurez

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IL N’Y AURA PLUS DE NUIT ★★★★☆
De Eléonore Weber

C’est au début des années 90 que tout a changé avec la première Guerre du Golfe dont les images semblaient sorties d’un jeu vidéo. Un conflit dont on ne voyait plus les morts, le sang répandu, mais juste des tirs de bombes comme des feux d’artifices. La guerre- spectacle dans toute sa splendeur… hollywoodienne. Trente ans ont passé, la technologie n’a cessé de progresser et l’inédit est devenu la norme. C’est d’ailleurs en tombant sur des images d’archives militaires de surveillance et de bombardements issues de caméras thermiques infra rouges qu’Eleonore Weber a eu l’idée de ce documentaire. Son film évolue dans un parfait équilibre entre ces images hypnotiques, la voix off jamais redondante de Nathalie Richard et les échanges radio entre le duo de pilotes de chaque avion (celui qui tient le manche et celui chargé de tirer) où l’on oscille entre surveillance, précision redoutable des tirs, angoisse des bavures et une certaine jouissance de l’acte accompli. Mais par- delà ce spectacle hypnotisant, ce documentaire pose la question du regard objectif. Chez le militaire en action comme chez le spectateur profane. Deux angles de vue distincts mais qui se retrouvent sur un point : plus on regarde, plus ce qu’on voit nous échappe. Car ces images censées mettre la vérité à nu ont, à l’inverse, tendance à halluciner le réel. Plus on nous donne à voir, moins on sait, raconte Il n’y aura plus de nuit. Une réflexion pertinente à l’aune de notre quotidien, loin des terrains de guerre, où la surveillance par drone tend à se développer. Une vraie œuvre politique.

Thierry Cheze
 

PREMIÈRE A AIME

SOUND OF METAL ★★★☆☆
De Darius Marder
 

Tout part d’un projet de Derek Cianfrance : Metelhead, une docufiction où le couple formant le groupe de sludge metal Jucifer aurait joué ses propres rôles de chanteuse et de batteur devenant peu à peu sourd. Mais il abandonne soudainement le projet et le met dans les mains de son co- scénariste de The Place Beyond the Pines. Sous la direction de Darius Marder, Metalhead va devenir Sound of metal et le docu- fiction, une pure fiction tout en en conservant la trame : cette perte auditive qui va faire voler en éclats ce duo sillonnant les USA de concert en concert dans leur caravane et par ricochet leur couple. Sound of metal se concentre sur la difficile résilience de son héros, ex toxico qui voit ses vieux démons se réveiller alors que, séparé de sa compagne le temps d’une hypothétique amélioration de son état, il est pris en charge par une communauté religieuse dirigé par un vétéran ayant perdu l’ouïe au Vietnam. Une histoire éminemment émouvante que Marder réussit à ne jamais faire basculer dans le lacrymal sans pour autant la dévitaliser. Grâce à un remarquable travail sur le son pour traduire comment son héros perçoit le monde extérieur. Et grâce au mélange de finesse et d’intensité que Riz Ahmed déploie dans l’incarnation de son personnage. En solitaire, en groupe, comme face à petite amie campée par l’épatante Olivia Cooke. Fort de ces talents- là, Sound of metal laisse cependant un petit regret. Celui de rester un peu trop dans les clous. Pas dans son récit dont la fin n’est pas courue d’avance mais dans sa réalisation trop propre sur elle pour pleinement convaincre.

Thierry Cheze

 

MEDECIN DE NUIT ★★★☆☆
De Elie Wajeman

Mean Streets, L’Impasse, La Nuit nous appartient… Les références sont voyantes, presque écrasantes. Mais Elie Wajeman, comme dans ses précédents films (Alyah et Les Anarchistes) assume. Il veut transposer le cinéma US qu’il aime dans les rues de Paris, et voir si la greffe prend. Médecin de nuit raconte les déambulations nocturnes d’un toubib (Vincent Macaigne) qui multiplie les fausses ordonnances de Subutex, autant pour secourir les toxicos en détresse que pour aider son cousin pharmacien, englué dans des trafics de plus en plus dangereux. Il s’est donné une nuit pour se racheter une conscience. L’unité de temps condamne le scénario à des contorsions pas toujours convaincantes, mais l’humanisme fiévreux qui propulse chaque scène fait oublier ces maladresses. Et Macaigne impressionne en intello vénère, qui casse des gueules avec la même assurance qu’il prend votre carte Vitale.

Frédéric Foubert

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LA NUEE ★★★☆☆
De Just Philippot
 

Dans Petit paysan, on voyait un agriculteur au bout du rouleau essayer de planquer le cadavre d’une de ses vaches au fond du jardin pour sauver les apparences de son exploitation. Dans La Nuée, la quête sacrificielle est encore plus totale, puisque Virginie (Suliane Brahim) n’hésite pas à donner de son sang pour nourrir ses sauterelles soudain excitées comme des vampires. Les dettes s’accumulent aussi vite que sa production diminue dans une sorte de logique infernale et implacable. Et s’il est vrai que tout (bon) film de genre charrie avec lui un discours politique, alors La Nuée ressemble à un cri d’alarme. Just Philippot, dont c’est le premier long métrage, mène sa barque avec intelligence, sachant faire monter la pression sans trop dévoiler ses cartes. Et s’il joue avec certaines figures convenues du cinéma bis américain et sacrifie les personnages secondaires, c’est pour mieux filmer les dégâts d’une paranoïa ravageuse..

Thomas Baurez

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5EME SET ★★★☆☆
De Quentin Reynaud

Tel un sportif qui remet son titre en jeu avec panache, Alex Lutz, Césarisé pour Guy, revient avec un rôle dans lequel on ne l’aurait pas spontanément imaginé. Un champion de tennis qui ne s’est jamais remis d’un match décisif perdu tout jeune. Désormais il a 37 ans et du mal à raccrocher surtout quand, passé par les qualifs, il recommence à gagner à Roland- Garros. 5ème set est un film passionnant sur ces carrières si courtes des grands sportifs et leur rapport avec leur entourage. Mais cet édifice s’effondrerait si l’on ne croyait pas en Lutz champion de tennis. Or le comédien réussit une double performance : physique et émotionnelle au service d’un réalisateur au fait de son sujet. Joueur de tennis lui- même, Quentin Reynaud apporte une part documentaire indispensable à cette fiction et signe une dernière ligne droite à vous scotcher à votre siège de suspense et d’émotions.

Thierry Cheze

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143 RUE DU DESERT ★★★☆☆
De Hassen Ferhani
C’est un café en apparence en plein désert du Sahara. Mais c’est aussi et surtout une femme, Malika, la patronne des lieux qui nourrit autant les cœurs que les âmes de ceux qui s’arrêtent le temps de quelques minutes ou de quelques heures. Les clients éphémères comme les réguliers. C’est ce petit théâtre de la vie que raconte Hassen Ferhani dans ce documentaire tout en finesse où sa réalisation accompagne le puzzle qui se reconstitue peu à peu sous nos yeux autour de ce personnage secret mais aussi de l’histoire contemporaine de l’Algérie qui se raconte au fil de ses visiteurs et de ce lieu, d’abord filmé comme en autarcie avant qu’on découvre qu’il est loin d’être isolé. 143, rue du désert devient alors un film sur la résistance possible contre la globalisation, sur un village d’Astérix miniature avec son unique habitante pas prête à baisser les armes. Une belle réussite.

Thierry Cheze

CROCK OF GOLD ★★★☆☆
De Julien Temple
Shane McGowan, ancien leader des Pogues, n’apparaît pas au meilleur de sa forme dans Crock of Gold, le docu-hommage que lui a concocté le spécialiste du genre Julien Temple. Affaibli, cloué dans un fauteuil roulant, flingué par les excès, il continue néanmoins de boire jusqu’à plus soif (c’est son pote Johnny Depp, producteur du film, qui sert les verres), une lueur teigneuse au fond des yeux. Temple consigne sa légende, dans un collage d’archives, d’interviews, de reconstitutions et d’animation : l’alcool, donc (dès l’âge de cinq ans !), l’amour fou de l’Irlande, l’adhésion au mouvement punk, à défaut d’avoir rejoint les rangs de l’IRA… C’est foutraque, chaotique, trop long, complaisant, généreux, poignant, monstrueusement attachant. Même si vous ne vous êtes jamais intéressé aux complaintes débraillées des Pogues, on parie que vous serez fan en sortant.

Frédéric Foubert

L’UN DES NÔTRES ★★★☆☆
De Thomas Buzecha
Parents adoptifs de Superman dans Man of steel et Batman vs Superman, Kevin Costner et Diane Lane campent ici un couple prêt à tout pour récupérer leur petit- fils tombé dans les griffes d’une dangereuse famille, suite au remariage de leur belle- fille avec l’un de ses membres. Il ne faut ici pas se fier au rythme tranquille des premières minutes. Il ne semble là que pour mieux faire ressortir les montées de violence au grand- guignolesque assumé qui va opposer ces deux tribus. Ce contraste donne naissance à un film étrange, qui s’ouvre comme un western eastwoodien avant de flirter avec le revenge movie bronsonien et porté par un autre contraste, celui entre le jeu intériorisé du duo Lane- Costner et le grand numéro de cabotinage là aussi assumé de Lesley Manville en Ma Dalton survitaminée. Et c’est précisément parce qu’on ne sait jamais sur quel pied il danse que L’un des nôtres emporte le morceau.

Thierry Cheze

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DOUCE FRANCE ★★★☆☆
De Geoffrey Couanon

Amina, Sami et Jennyfer sont lycéens à Villepinte, dans le 93. Alors que la construction d'un méga complexe de loisirs menace de ravager les terres agricoles du Triangle de Gonesse, leurs professeurs les enjoignent de mener une enquête à grande échelle pour questionner la nécessité même du projet et son impact écologique. Sous l'oeil de la caméra de Geoffrey Couanon - qui signe ici son premier long-métrage documentaire - ils partent à la rencontre d'élus, d'agriculteurs et de promoteurs immobiliers. Derrière l'évident parti pris écologique qui infuse tout le film, Douce France est aussi (et surtout) un récit initiatique épatant sur l'éveil de la conscience politique et environnementale de trois jeunes téméraires à l'esprit affûté. Une oeuvre rafraîchissante qui déconstruit, par la même, les clichés tenaces sur la jeunesse des cités.

Julia Mothu

JOSEE, LE TIGRE ET LES POISSONS ★★★☆☆
De Kotoro Tamura

Présenté en ouverture du festival du film d’animation d’Annecy, le premier long métrage de Kotoro Tamura met en scène la relation riche en rebondissements émotionnels entre une jeune paraplégique Kumiko (qui demande qu’on l’appelle Josée comme l’héroïne de plusieurs romans de Françoise Sagan qu’elle adore) et Tsuneo, un brillant étudiant en biologie marine à la recherche de petits boulots engagé comme aide- soignant par la grand- mère de Kumiko. Amateurs de romanesque et de mélo qui s’assume, ce film est fait pour vous. Car de la rencontre totalement hasardeuse entre les deux héros (Tsuneo tombe littéralement sur elle dans la rue et la sauve d’une chute possiblement mortelle) à son ultime image, Kotoro Tamura orchestre une valse des sentiments savoureuse, entre amour et haine où, comme dans toute comédie romantique, on a envie de connaître un épilogue heureux mais dont sans jamais anticiper les chemins pris pour y parvenir ni ce happy end finira par surgir et ce qu’il signifie réellement pour ces deux personnages, blessés à tour de rôle dans leur chair et empêchés dans la réalisation de leurs rêves respectifs (le dessin pour l’une, la plongée dans les eaux tropicales pour l’autre). Le beau travail sur l’animation trouve un écho parfait dans le soin apporté à l’écriture des personnages, jamais enfermés dans des archétypes ou plutôt jouant avec ces archétypes. Le tout avec une délicatesse jamais prise en défaut.

Thierry Cheze

LES RACINES DU MONDE ★★★☆☆
De Byambasuren Davaa

On le sait depuis Le Chien jaune de Mongolie en 2005, la mongole Byambasuren Davaa évolue avec une grande aisance sur le chemin de crête entre documentaire et fiction. Elle le confirme avec Les Racines du monde, sa nouvelle fiction ethnographique qui met en scène un garçon de 12 ans décidant de reprendre le flambeau de son père, chef des derniers nomades disparu soudainement dans un accident, dans la lutte contre les sociétés minières internationales prêtes à tout pour collecter le plus d’or possible sur ces terres. Le film décrit avec justesse le quotidien d’une famille jonglant entre respect des traditions et désir de modernité (son jeune héros rêve de participer à l’émission télé Mongolia’s Got Talent qui vient faire des auditions dans sa classe), le tout – encore comme dans Le Chien jaune de Mongolie – à hauteur d’enfant, sans que ce soit mièvre ou scolaire. Une jolie réussite.

Thierry Cheze

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

SEIZE PRINTEMPS ★★☆☆☆
De Suzanne Lindon

Suzanne Lindon, 20 printemps, fille de Sandrine Kiberlain et de Vincent Lindon, avoue ici et là, qu’elle avait peur de se lancer dans le cinéma ayant « déjà une famille qui s’y colle ! » En France ce type de népotisme n’est pourtant pas un problème. L’actrice-réalisatrice se voit déjà comparée à Charlotte Gainsbourg (charme « effrontée » identique) et joue les it-girl pour une marque de luxe. Au-delà de ce décorum princier, il y a donc un film, premier long-métrage labélisé « Cannes 2020 » racontant l’indolence d’une ado qui jette son dévolu sur un prince charmant trentenaire. Sujet archi-rebattu qui a le mérite d’être regardé à hauteur de vue et non à travers le prisme adulte. L’épure de la mise en scène évite l’éparpillement mais l’absence de complexité du récit oblige à la répétition. Certains longs sont des courts qui durent trop longtemps.

Thomas Baurez

 

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