Le premier film du cinéaste américain n'a pas été de tout repos, mais la star le défend bec et ongles.
Le premier film d’un réalisateur est toujours particulièrement scruté. Les dés lancés, les pronostics commencent à poindre à propos d’un éventuel second film. A condition que cela soit un succès, ou au moins pas totalement un four.
Dans le cas d’Alien 3 (1992), David Fincher, qui faisait ses débuts dans le monde du cinéma après une riche carrière dans les clips, les critiques ont été dures, mais les recettes au box-office furent paradoxalement correctes, preuve de la popularité de la saga initiée par Ridley Scott en 1979. Ce qui n'a pas empêché plusieurs années après le réalisateur de Seven, Fight Club et Zodiac de renier le film, expliquant s’être senti entravé dans sa liberté créatrice par le studio, trop interventionniste à son goût.
Dans une récente interview à Deadline, organisée à l'occasion son hommage à la Mostra de Venise, la star du film, Sigourney Weaver, abonde en son sens, expliquant que les difficultés rencontrées sur ce projet ambitieux n'ont rien à voir avec les multiples prises demandées par son metteur en scène, réputé ultra-perfectionniste.
"J’ai senti que David devait téléphoner tous les jours et se battre pour que nous puissions tourner ce qu’il voulait le lendemain, dit-elle d'abord. Et je suis désolée qu’il n’ait pas eu la chance de s’approprier le scénario avant que nous commencions".
Pour elle, ces conditions de travail ont rendu le tournage "très difficile".
Il faut se rappeler que David Fincher arrive sur ce blockbuster horrifique après deux mastodontes du cinéma hollywoodien : Ridley Scott, auteur du premier Alien, donc, et James Cameron, celui d’Aliens, le retour. Dès son embauche, le studio lui met la pression. Sept ans après le deuxième opus, le jeune réalisateur sort sa version, ou du moins le pense-t-il...
"J’ai vivement ressenti le manque de soutien des studios", se remémore celle qui jouait Ripley, avant de préciser : "C’était un moment de transition où les studios ont arrêté de se concentrer sur 'faisons de grands films' et ont commencé à se concentrer sur 'ne perdons pas d’argent'. Ils ont eu la bonne idée de mettre David Fincher à bord pour son premier film, mais ne pas soutenir ce gars une fois embauché, c'était très bête."
Dans le script qui avait initialement attiré David Fincher, Ripley était censée être dans le coma pendant la moitié du film, et il devait y avoir une intrigue dans un monastère, mettant aux prises de mystérieux moines. Force est de constater que le résultat a été diamétralement opposé à la vision de David Fincher. Un état de fait qui l’a poussé à prendre ses distances avec son Alien :
La petite histoire des films Alien qui n’ont jamais été tournés"J’ai récemment entendu dire que David avait désavoué le projet et j’en suis désolée, car j’ai adoré travailler avec lui et je pense que nous avons fait un bon film", ajoute la comédienne.
David Fincher, de son côté, s’est livré au Guardian il y a 15 ans, et n’est pas revenu dessus depuis :
"J’ai dû me battre pour chaque détail sur ce film. Personne ne l’a détesté plus que moi. C’était un baptême du feu. J’étais très naïf. Pendant plusieurs années, j’ai côtoyé le genre de personnes qui financent les films et le genre de personnes qui sont là pour conclure les contrats pour les films. Mais j’ai toujours eu cette idée naïve que tout le monde voulait faire des films aussi bons que possible, ce qui est stupide. J’ai donc appris avec ce film que personne ne sait vraiment, donc personne n’a à s’en soucier, donc ce sera toujours de votre faute."
Une indifférence qui l’a découragé, lui qui foisonnait de nouvelles idées :
"Sur ce film, j’étais le gars qui était constamment la voix qui disait : 'Nous devons faire mieux, nous devons faire ça, ça n’a pas de sens.' Et très vite, eux répliquaient : 'Il fait encore ça, il écume de rage, il a l’air tellement passionné. Ils s’en fichaient.'"
En outre, la Fox décide en 2003 de remonter le film soi-disant pour reproduire sa vision… mais sans l’intégrer au projet. Le divorce est alors totalement entériné.
Sigourney Weaver : "Il n’y a qu’une reine, et c’est la reine des aliens !"
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