Dans le top 100, seuls 30% des films présentaient des personnages féminins comme rôles principaux.
Le live-action de la poupée la plus connue a été le plus gros succès au box-office international en 2023, récoltant pas moins d'1,4 milliard de dollars. Barbie a dominé le monde pendant tout l’été et les mois qui ont suivi, devenant le premier film réalisé en solo par une femme à franchir cette barre du milliard de dollars de recette. Avec ce film, Greta Gerwig a battu tous les records et explosé les compteurs. Néanmoins, fort est de constater qu’autour de ce projet, l’effervescence s’est concentrée autour non pas de Margot Robbie, grande oubliée des Oscars, mais de Ryan Gosling, mémorable dans la peau du petit-ami de Barbie. Il n’était pourtant "que Ken".
Ryan Gosling a enflammé la scène des Oscars avec "I'm Just Ken"Avec Barbie, on aurait pu croire que les femmes avaient dominé le grand écran l’année dernière, mais c’est en réalité loin d’être le cas. Le bilan rapporté par l’initiative Annenberg Inclusion évoque des chiffres au plus bas. Au sein du top 100 des films de 2023, et sur 75 358 rôles analysés, explique The Hollywood Reporter qui a partagé les conclusions du rapport, seulement 30% des personnages principaux étaient des femmes. En 2022, elles étaient 44%. Avec une telle baisse, le taux de présence des femmes sur le grand écran est redevenu similaire à celui qu’il y avait en 2010 – soit bien avant la prise de conscience féministe de Hollywood et le mouvement #MeToo. Quant à la parité dans les films, les résultats sont tout aussi bas. Seulement 11% des films du top 100 présentent autant de personnages féminins que masculins.
"Il est évident qu’il y a soit un rejet des femmes considéré comme un public, pour plus d’un ou deux films par an, soit un refus de trouver des moyens de créer un changement significatif, soit les deux. Si l’industrie veut survivre à la situation actuelle, elle doit comprendre son incapacité à représenter la moitié de la population à l’écran."
Si le cinéma oublie les femmes, cela ne se limite pas à une question de genre. Au travers des critères de l’intersectionnalité, en prenant en compte l’âge des personnages féminins, leur origine et leur orientation sexuelle, le pourcentage diminue drastiquement.
Il est bien connu et souvent répété, que l’âge d’une femme est le fléau d’Hollywood. Tandis que les hommes vieillissent et continuent leur carrière, les femmes gagnant en rides se voient relayer au second plan… voire disparaître. Cette discrimination par l’âge se reflète dans les personnages attribués aux femmes. Parmi la liste de longs-métrages analysés, seuls trois personnages principaux ont plus de 45 ans, contre 32 pour les hommes. On retrouve Keri Russell dans Crazy Bear, Nia Vardalos dans Mariage à la grecque 3, et Salma Hayek dans Magic Mike : Dernière danse. En 2022, elles étaient dix.
Pour les actrices de couleur, elles n’étaient présentes que dans quatorze films dans le top. Parmi elles : Halle Bailey, Dominique Fishback, Leah Lewis, Melissa Barrera, etc.
Ces constats aux résultats similaires – soit la présence minimisée ou l’invisibilisation des actrices – reflètent en réalité une industrie majoritairement menée par des hommes. Dans les coulisses, en 2023, seulement 12% des films avec le meilleur box-office étaient réalisés par une femme (souvent en co-réalisation). Greta Gerwig se trouve être la seule du top 10.
Les réalisatrices sont trop peu nombreuses. Sarah Gavron, derrière Les Suffragettes avait déclaré à l’époque de sa sortie :
"C’est seulement quand j’ai commencé à voir des films réalisés par des femmes, que j’ai enfin eu l’audace d’essayer."
Et tout comme à l’écran, plus on réunit les critères d’intersectionnalité, plus la présence des femmes est rare. Ainsi, Chloé Zhao est devenue la première femme de couleur à recevoir l’Oscar du meilleur réalisateur – et seulement la seconde femme de toute l’histoire de la cérémonie pour Nomadland en 2020.
Si 2023 n’était pas l’année des femmes, 2024 sera-t-elle différente ? Un petit tour des succès de l’année semble indiquer le contraire…
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