Fragilisées par la pandémie, les coûts de l’énergie et une forte baisse de fréquentation, de nombreuses salles italiennes mettent la clé sous la porte.
Alors que l’on pensait les cinémas européens en pleine reconstruction, l’Italie montre de gros signes de faiblesse depuis quelques mois. À Rome, les salles obscures ferment les unes après les autres. Et pour cause, elles connaissent une baisse de fréquentation de près de 50% depuis 2019 (chiffres de l’ANICA, organisme représentant les acteurs du cinéma et de l’audiovisuel), comme on peut le voir dans un reportage édifiant de France TV Rome (voir ci-dessous).
Un constat en contradiction avec le talent toujours vivace dans le cinéma italien. En témoigne la sélection officielle de Cannes 2023, qui comptait trois cinéastes phares du pays en compétition : Nanni Moretti, Marco Bellocchio et Alice Rohrwacher (certes repartis bredouilles).
🎞 Les Italiens ne vont plus au cinéma. Ces dernières années, les salles ferment les unes après les autres avec une baisse de fréquentation de presque 50 % depuis 2019.
— France TV Rome (@FranceTVRome) June 5, 2023
📺 Laura Tositti @lauratositti, Raphaële Schapira @schapi1, Valeria Ghiri @ghiri_valeria pic.twitter.com/MRoaZp6afs
“Ce qui a pesé avant tout, c’est la lenteur du public, par rapport à la plupart des marchés européens, à reprendre l’habitude d’aller au cinéma”, explique Mario Lorini, le président de l’ANEC (Associazione Nazionale Esercenti Cinema), la fédération des exploitants italiens, à BoxOffice. “Mais il faut souligner qu’en Italie, l’obligation de porter le masque dans les lieux de spectacle est restée en vigueur jusqu’en juin 2022, dernière d’une série de mesures particulièrement sévères qui ont créé une 'méfiance' des spectateurs vis-à-vis des cinémas, malgré leur sécurité totale”.
À cela s’ajoute la flambée des coûts de l’énergie, obligeant de nombreux cinémas à réduire leurs séances quotidiennes, voire fermer leurs portes les jours les moins rentables. Pour limiter la casse et retrouver les cinéphiles, les gérants de salles tentent de se réinventer. Événements, colloques et autres débats sur le septième art ponctuent désormais la semaine.
Les exploitants placent également leurs espoirs dans Cinema in Festa, l’équivalent de la Fête du cinéma en France, avec des billets à 3,50€ pendant cinq jours en juin. L’opération sera renouvelée en septembre à la fin de la Mostra de Venise. “En plus de cette initiative, une opération promotionnelle soutenue par le Ministère de la Culture, via un fonds de 10 millions d’euros qui sera très probablement augmenté, vise à encourager la fréquentation estivale”, ajoute Mario Lorini.
En France, les salles de cinéma n’en sont pas au même stade. Au contraire, la reprise est plutôt encourageante, avec notamment 14 millions d’entrées en mai dernier (+27,6% par rapport à mai 2022).
La fréquentation des cinémas français se rapproche des chiffres pré-Covid
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