Les Complices, avec François Damiens, est un bel ovni dans le cinéma français [critique]

Laura Felpin et William Lebghil l'entourent dans cette comédie à revoir ce soir sur Canal +.

Max (François Damiens), un impitoyable tueur à gages, découvre qu’il a un problème : il s’évanouit désormais devant la moindre goutte de sang. Son avenir dans la profession étant compromis, il va devoir se reconvertir. Mais pas si simple quand sa seule compétence professionnelle est de tuer des gens… Il se fait aider par un couple de jeunes voisins, Stéphanie (Laura Felpin) et Karim (William Lebghil), qui n’imaginent pas un instant à qui ils ont affaire. Max s’attache, malgré lui, au jeune couple, jusqu’à ce que son passé le rattrape...

Au moment où le festival de l'Alpe d'Huez bat son plein, Canal + mise sur deux gagnants de l'an dernier pour sa soirée blockbusters du vendredi : Les complices et 38,5 Quai des Orfèvres. Première vous conseille le premier, qui, s'il n'est pas sans défauts, est assez original pour convaincre. Sans compter qu'il est porté par des comédiens en grande forme : Laura Felpin, François Damiens et William Lebghil.

Ça commencerait presque comme une blague Carambar : « Quel est le comble pour un tueur à gages ? De s'évanouir devant la moindre goutte de sang ! » Sur ce pitch aussi simple que parfaitement poilant, Cécilia Rouaud (Photo de famille) signe un film singulier aux accents coeniens - ambiance Sang pour sang et Fargo. Dans la peau de Max, tueur quinqua en retraite forcée pour cause de malaises vagaux, on retrouve François Damiens et sa géniale gueule de six pieds de long. À court de fric et en dépression, Max entame un nouveau boulot dans l'immobilier, laissant au passage entrer dans sa vie Karim et Stéphanie (William Lebghil- sacré meilleur acteur au festival de l’Alpe d‘Huez et Laura Felpin, impériaux). Un petit couple sans histoires qui ne se doute de rien quant à la vraie nature de leur voisin. Jusqu'à ce que, évidemment, le passé du tueur ne le rattrape...

S'il n'évite pas totalement les erreurs de parcours (quelques longueurs et des scènes peu crédibles autour de l'organisation employant Max), Les Complices réussit le pari de lier une certaine forme de réalisme et un humour aux frontières de l'absurde. Le film existe dans une sorte de mélancolie joyeuse, laissant filtrer une réflexion plutôt fine sur la dévaluation de la gentillesse et la violence du monde du travail. Peuplé de seconds rôles hilarants (Jean-François Cayrey joue un commercial con comme un balai, Bruno Podalydès un « nettoyeur » aux chemises hawaïennes...), ce drôle de projet en équilibre instable est un bel ovni dans le paysage cinématographique français.