Guillaume Canet est terrifiant dans la peau du "tueur de l'Oise"
Mars Distribution

La Prochaine Fois Je Viserai Le Coeur est un polar glaçant et réussi. A revoir ce soir sur France 3.

Peu après L'homme qu'on aimait trop, sur l'affaire Agnès Le Roux, on retrouvait en 2014 Guillaume Canet à l'affiche d'un autre film inspiré d'un fait divers, La Prochaine Fois Je Viserai Le Coeur. En apprenant qu'il allait interpréter le "tueur de l'Oise" devant la caméra de Cédric Anger, le scénariste du Petit Lieutenant, on s'attendait évidemment à le retrouver dans la peau d'un personnage sombre et torturé. Ça n'a pas loupé : la bande-annonce du projet met en scène un homme porté par des pulsions meurtrières qui "joue" avec ses victimes, la police et les médias.

Si cet assassin a tant défrayé la chronique dans les années 70, c'est parce qu'il a su duper son entourage pendant un bout de temps : le tueur n'était autre qu'un gendarme chargé par ses supérieurs d'enquêter... sur ses propres meurtres ! Il est même allé jusqu'à narguer les autorités en envoyant des lettres anonymes revendiquant ses crimes.

Avec un sujet aussi glauque, qui rappelle aussi bien Zodiac de David Fincher que la série Dexter, ce polar fut l'un des plus glaçants de l'hiver de cette année-là. Voici la critique de La Prochaine Fois Je Viserai Le Coeur publiée par Première.

Inspiré de l’affaire Alain Lamare, criminel qui sévit entre 1978 et 1979, le troisième long métrage de Cédric Anger est une plongée dans l’inconnu, l’inexplicable. Franck est un être totalement opaque. Malgré ses lettres à la police (dont l’une des phrases donne son magnifique titre au film), ses raisons de tuer restent en effet mystérieuses, d’autant qu’il n’y prend aucun plaisir. Sa vie publique est celle d’un homme sans qualités, certes bon élément mais à qui toute mutation est refusée.

Très documenté, le film évite la reconstitution pétrifiante et crée une ambiance grâce à une image bleutée accentuant la pâleur des visages, un détail de décor (téléphone, voiture), une information à la télévision (l’invasion du Koweit). La caméra suit les faits et gestes de Franck, accompagne ses manies, ses aversions, ses fragilités (impressionnant volume de jeu de Guillaume Canet). On passe de l’empathie au rejet du personnage, de la compréhension à la certitude de ne rien savoir de lui. C’est à la fois déstabilisant et captivant.


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