Michelle Pfeiffer
Paramount / Universal / Warner Bros. Pictures

Alors qu'elle revient au premier plan dans le dernier Marvel, retour sur la carrière dantesque d'une actrice aux multiples facettes.

De Martin Scorsese à Brian de Palma en passant par Kenneth Brannagh ou Stephen Frears : en 50 ans de carrière, Michelle Pfeiffer a tourné avec les plus grands, incarner les plus beaux rôles, dans certains des films les plus cultes du 7e art. Un demi-siècle après sa révélation en jeune première dans Grease 2, retour sur la carrière impressionnante de l'actrice qui revient au premier plan cette semaine dans Ant-Man 3, à presque 65 ans.


Stephanie Zinone dans Grease 2 (1982)

On ne se souvient pas vraiment de la suite du film culte avec John Travolta et Olivia Newton-John. Seulement qu'il a permis de faire éclore une certaine Michelle Pfeiffer. Âgée de 24 ans, l'ancienne candidate à l'élection de Miss Californie (elle avait fini 6e du concours), qui a d'abord fait ses armes à la télévision dans des rôles de guest épisodiques (dans L'Île Fantastique ou CHiPS) crève l'écran avec un blouson rose de "Pink Lady" sur le dos. Si le film est un flop commercial et critique, elle a réussi à capter l'attention.

Grease 2
Paramount

Elvira Hancock dans Scarface (1983)

Pas celle de Brian De Palma. Le réalisateur qui prépare son remake de Scarface a vu Grease 2 et se montre très réticent à l'idée de caster Pfeiffer dans le rôle de l'épouse de Tony Montana. Mais sous la pression de la production, il acceptera finalement de l'auditionner. Convaincu, il engage la jeune actrice qui se réinvente entièrement dans ce second rôle féminin estampillé 80's. La jeune première y apparaît soudain extraordinairement glamour, éclatante dans cette fameuse robe de soie bleue à l’encolure brodée de strass, posant les jalons de ce personnage de séductrice, innocente mais pas tant que ça, que Michelle Pfeiffer forgera si bien au fil de ses films.

Scarface
Universal

Sukie Ridgemont dans Les Sorcières d'Eastwick (1987)

Devant la caméra de George Miller, Michelle Pfeiffer connaît son premier grand succès populaire au box-office, dans cette comédie fantastique chorale, où elle partage l'affiche avec d'autres stars de l'époque : Jack Nicholson, Cher et Susan Sarandon. Un film féministe, qui parle, dans une métaphore à peine voilée, de la prise de pouvoir des femmes face au conditionnement sociétal et ce besoin d'avoir un homme à ses côtés. "Les hommes ne sont pas la réponse à tout..." finissent-elles par s'avouer, cocktails en main.

Les Sorcières d'Eastwick
Warner Bros.

Mme de Tourvel dans Les Liaisons dangereuses (1988)

Après son Veuve mais pas trop, Jonathan Demme la recommande à Stephen Frears, qui s'apprête à filmer une adaptation du célèbre roman de Pierre Choderlos de Laclos. Face au charisme animal de John Malkovich et la présence imposante de Glenn Close, elle parvient à tirer son épingle du jeu et livre une interprétation solaire, toute en douceur. Acclamée par la critique, elle décroche un BAFTA et même sa première nomination aux Oscars.

Les Liaisons dangereuses
Warner Bros.

Susie Diamond dans Susie et les Baker Boys (1989)

Il aurait dû être le rôle de la consécration. Mais les planètes n'étaient pas alignées... Michelle Pfeiffer livre l'une de ses performances les plus époustouflantes dans ce film musical signé Steve Kloves (futur scénariste des films Harry Potter). Elle incarne une chanteuse de cabaret au charme dévastateur, qui va semer la zizanie entre deux frères musiciens, joués par Beau et Jeff Bridges (frères dans la vie). Pour tenir la note, l'actrice a suivi plusieurs mois de formation vocale, interprétant ainsi elle-même toutes les chansons de son personnage, passant des standards de jazz à des chansons plus pop. Mais le film se plante au box-office et Michelle Pfeiffer, nommée à l'Oscar de la Meilleure actrice et grande favorite des critiques, perd la statuette face à Jessica Tandy (pour Miss Daisy et son chauffeur).

Susie et les Baker Boys
Gladden Entertainment

Katya Orlova dans La Maison Russie (1990)

Michelle Pfeiffer refuse le rôle de Pretty Woman pour pouvoir donner la réplique à Sean Connery et incarner cette éditrice soviétique dans ce film de Guerre Froide adapté de John le Carré, le tout premier long métrage hollywoodien à avoir été tourné en majorité en URSS. L'actrice californienne a beaucoup bossé pour prendre l'accent russe et sa performance, discrète et toute en nuances, est encore une fois saluée par la critique.

La Maison Russie
MGM

Frankie dans Frankie et Johnny (1991)

Une décennie après Scarface, Michelle Pfeiffer retrouve Al Pacino dans cette romance dramatique. Considérée comme "trop belle" pour incarner cette serveuse abîmée (jouée par Kathy Bates dans la pièce originale à Broadway), l'actrice fait taire les critiques, en jouant un personnage à la dualité saisissante, aussi belle d'apparence qu'elle est dure et craintive à l'intérieur. Un rôle comme une confirmation que l'actrice peut encore surprendre. "Avec Frankie, je voulais être là où l'on ne m'attendait pas", dira-t-elle plus tard.

Frankie et Johnny
Paramount

Selina Kyle / Catwoman dans Batman, Le Défi (1992)

Juste après avoir remporté un Ours d'argent à Berlin et une deuxième nomination à l'Oscar de la meilleure actrice, pour le drama indépendant Love Field, Michelle Pfeiffer change totalement de registre et apparaît plus féline que jamais face au Dark Knight de Tim Burton. Sexy en diable dans sa combinaison de cuir, elle incarne l'un des personnages les plus emblématiques de l'histoire des films de super-héros. Un rôle pour lequel elle a aussi donné de sa personne, prenant des cours de kick boxing et apprenant en sus le maniement du fouet...

Batman, Le Défi
Warner Bros.

Ellen Olenska dans Le Temps de l'innocence (1993)

Quelques années après Les Liaisons Dangereuses, Michelle Pfeiffer fait son retour dans un film d'époque, signé Martin Scorsese, qui raconte la Haute du New York des années 1870. Elle y incarne une femme qui souhaite divorcer, dans une société qui n'est pas encore prête à l'accepter. Sa passion impossible avec Daniel Day-Lewis se transforme en fable sensuelle sur le renoncement, où Pfeiffer montre une nouvelle maturité, face à la toute jeune Winona Ryder. Désormais, ce n'est plus elle la jeune ingénue. Ce n'est plus elle, Mme de Tourvel...

Le Temps de l'innocence
Columbia Pictures

LouAnne Johnson dans Esprits Rebelles (1995)

Une maturité qui prend un peu plus d'ampleur à l'approche de la quarantaine. L'actrice se met dans la peau d'une prof de banlieue dans cette histoire vraie américaine, destinée au grand public et qui rencontrera un succès surprise au box-office. Elle délaisse les tenues sexy et les robes de séductrices pour enfiler un jean et une veste en cuir, et devenir la boussole morale d'une génération paumée, au son indémodable de Coolio et de son "Gangsta's Paradise".

Esprits rebelles (1995)
Hollywood Pictures

Bonus : Claire Spencer dans Apparences de Robert Zemeckis (2000)

Dans la deuxième partie des années 1990, la carrière de Michelle Pfeiffer commence à pâtiner. Les rôles deviennent moins marquants, comme lorsqu'elle joue la moitié d'un George Clooney en pleine ascension dans la romance Un beau jour ou les mères effondrées dans le mélodrame Aussi profond que l'océan (1999). Elle crève tout de même l'écran en 2000 dans Apparences, glaçant thriller inattendu de Robert Zemeckis, face à un Harrison Ford à contre-emploi. Un dernier rôle intense en femme au foyer parano-martyrisée, avant d'entamer une carrière au second plan (Hairspray, Stardust, Dark Shadows...) qui la mènera jusqu'à Marvel et à la saga Ant-Man.

Apparences
20th Century Fox