Après sept ans d’absence, le réalisateur des Rois du désert et de Happiness Therapy revient avec Amsterdam, comédie policière blindée de stars et de performances d’acteurs extravagantes. Interview name dropping.
PREMIERE : On n’avait pas vu de film de David O. Russell depuis Joy, en 2015. Un hiatus encore plus long qu’entre J’adore Huckabees et Fighter…
DAVID O. RUSSELL : J’étais occupé écrire ! Il y a eu quatorze versions différentes du script d’Amsterdam. C’est une nouvelle étape de ma carrière. Mon premier film épique ! J’avais toujours voulu raconter une histoire de « fixers », des gens qui règlent les problèmes, un peu comme Jack Nicholson dans Chinatown. Là, c’est un médecin et un avocat. Tu tombes amoureux de ces personnages et tu pars en voyage avec eux. Ils sont cool et beaux et rigolos et tragiques et, petit à petit, tu vas découvrir à travers eux une page d’histoire américaine méconnue.
Qu’est-ce qui excite votre imagination en premier lieu ? Les personnages ou les acteurs ?
Oh, c’est la même chose ! Je construis mes personnages en parlant avec les acteurs. Je passe des heures à discuter avec Christian Bale, ou Margot Robbie, ou John David Washington, ou Bob [De Niro], parce que la vérité du film émerge quand je parle à mes muses. Si je reste tout seul à la maison, je cogite trop. Et ce n’est pas bon. C’est pour ça que j’ai été un peu paralysé après Huckabees. Mon tiercé gagnant, c’est : la musique, l’intrigue et des personnages que j’aime. Une fois que j’ai ça, je peux « respirer » le film.
On dit qu’il n’y a plus de stars, mais tous vos films semblent conçus pour proclamer qu’elles existent encore... Oui, bien sûr. Le cirque est en ville, je suis devant la tente en train de dire : Venez voir le spectacle! Venez voir Christian Bale et Margot Robbie comme vous ne les avez jamais vus ! Sortez de chez vous ! Ne sortez pas que pour Top Gun ou Marvel ! On veut que les cinémas restent en vie. Comment vont les cinémas en France ? Isabelle Huppert en possède un à Paris, non ? En face de cet hôtel, le Relais Christy...
Christine…
Oui, Christine ! C’est là que dort De Niro ?
Euh, aucune idée...
Désolé, il faut que j’envoie un texto à Spike Jonze. (Quelques secondes plus tard.) Qu’est-ce qu’on disait ? Ah oui, les acteurs ! Les montrer comme vous ne les avez jamais vus. C’est mon effet spécial à moi !
Vous faites partie de la génération Sundance, avec Tarantino, P.T. Anderson, toute la bande... Trente ans après, vous avez toujours le sentiment d’une aventure collective ? Ou est-ce, au fond, un parcours solitaire ?
Mon Dieu, qu’est-ce que j’aime la France ! L’existentialisme ! Je suis sérieux, je vous adore. Où serait-on sans Sartre et Camus ? Oui, j’appartiens à cette génération... Je viens d’envoyer un texto à Spike Jonze ! Il y a Kimberly Peirce également. Et Kathryn Bigelow. J’ai beaucoup traîné avec Wes – on se voit moins depuis qu’il habite Paris. Quentin, il avait tout compris dès le début, c’est une force de la nature, un génie – même Sorkin le dit. Qui d’autre ? Alexander Payne. Guillermo. Adam McKay, que j’avais aidé à produire Présentateur vedette. Paolo Sorrentino. On se fait lire nos scripts, on se montre nos films... On est comme les personnages d’Amsterdam, en fait. Des compagnons d’armes. Des frères et sœurs.
Retrouvez Amsterdam ce mardi 1er novembre au cinéma. Bande-annonce :
Commentaires