Claude Miller - Un Secret : "Je préfère les femmes aux hommes"

Fin 2007, Première rencontrait Cécile de France et le réalisateur du drame Un secret, à revoir ce soir sur Arte.

L'exploration d'un lourd secret de famille et l'histoire d'une passion, à travers le voyage intérieur de François, un enfant solitaire qui s'invente un frère et imagine le passé de ses parents. Le jour de ses quinze ans, une amie de la famille révèle au jeune François une vérité bouleversante, mais qui lui permet enfin de se construire.

En octobre 2007, la rédaction de Première avait été marquée par Un secret, de Claude Miller. Cinq ans avant sa disparition, nous avions publié deux critiques positives du film, ainsi qu'un entretien croisé entre le réalisateur et son actrice principale, Cécile de France. Voici un extrait de cette interview, suivie de nos avis sur le film à revoir en ce mercredi soir sur Arte. Notez qu'il est aussi visible en VOD, notamment sur Première Max.

Première : Claude, Un secret occupe une place particulière dans votre filmographie...
Claude Miller : Beaucoup de gens de ma famille ne sont pas revenus des camps. Mon enfance a été hantée par cette période. Longtemps, j’ai vécu avec la terreur que tout recommence. Cette époque, au moins au niveau inconscient, continue de me poursuivre. Pourtant, j’ai abordé ce film comme un autre. Ce qui m’intéressait particulièrement dans le livre, c’était cette histoire d’amour fou que l’on n’a pas le droit de juger. La passion vire à la tragédie à cause de la Shoah, mais la passion reste pour moi l’élément principal.   

Dans Un secret, on retrouve vos motifs favoris. Par exemple l’effroi lié à l’enfance, comme dans  La Meilleure Façon de marcher ou  La Classe de neige...
C.M. : Oui. Comment les enfants se débrouillent-ils avec des parents qui leur sont tombés dessus par hasard? Comment réussissent-ils à faire avec ?

Dans vos films, les personnages féminins semblent toujours les plus importants...
C.M. : Cela correspond à un goût personnel. Je préfère les femmes aux hommes. Elles sont moins masquées, moins arrogantes, moins dans un rapport névrotique au pouvoir. On pourrait en parler longtemps... Je me vois mal tourner un film sans héroïnes. Quand il n’y a que des hommes à l’écran, je m’ennuie.
C.D.F : J’ai ressenti ça en découvrant ton scénario. Il n’est pas fréquent de rencontrer des personnages de femmes aussi profonds, aussi bien écrits.

Un secret vu par Olivier de Bruyn dans Première : Il faut le reconnaître : le film, classique et rigoureux, paraît parfois manquer d'audace, notamment dans les alternances temporelles matérialisées sur l'écran par les passages du noir et blanc à la couleur. Miller a déjà été esthétiquement plus inventif. Soit. Mais la puissance émotionnelle du film, fruit de son ambition et de son exigence, est si rare dans le cinéma français à vocation populaire qu'il serait injuste de s'arrêter à ces quelques réserves formelles. Dans son genre, Un secret est un denrée rare. Et donc un film précieux.

Un secret vu par Eve Gimenez sur Premiere.fr : Après la Seconde Guerre mondiale, un enfant unique issu d’une famille juive, découvre un lourd secret sur les évènements qui ont précédé sa naissance. Avec Un Secret, Claude Miller signe une adaptation exceptionnelle du roman éponyme de Philippe Grimbert. Le réalisateur ne commet à aucun moment l’écueil de traiter son sujet avec un pittoresque à outrance. L’originalité est au rendez-vous (scènes du passé en couleur et scènes du présent en noir et blanc) et la mise en scène efficace nous tient en haleine jusqu’au générique de fin. L’excellente performance des acteurs (Ludivine Sagnier, Julie Depardieu…) n’est pas non plus étrangère à la réussite du film. Un secret… poignant.