Sebastian Stan et Daisy Edgar-Jones brillent dans cette histoire de couple pas vraiment comme les autres… À voir sur Disney+.
Après une carrière entamée dans le monde du court-métrage, Mimi Cave signe son premier long avec Fresh, disponible dès aujourd’hui sur Disney+. Sebastian Stan et Daisy Edgar-Jones (révélation de la série Normal People) brillent dans cette rom com dissonante et extrême : l’histoire de Noa, jeune femme qui enchaîne les dates Tinder avec de gros lourdingues, et finit par tomber sur Steve dans un supermarché. Sous le charme, Noa accepte de partir en week-end avec lui. Elle va vite découvrir que ses goûts sont très, très spéciaux… La réalisatrice revient pour Première sur les dessous d’un film qui s’alimente à la croisée des genres.
Fresh : Sebastian Stan et Daisy Edgar-Jones sont à croquer [bande-annonce]Première : Quelles ont été vos principales inspirations au moment de vous lancer dans la réalisation de Fresh ?
Mimi Cave : J’ai toujours été inspirée par quelques grands cinéastes, donc j’ai tendance à me tourner vers leur travail. J’adore la capacité de Pedro Almodóvar à faire des films très colorés, avec des personnages excentriques et complexes. Pour Fresh, j’ai compilé une liste de films que j’ai forcé toute l’équipe à regarder, et le plus important était La Piel que habito C’était une très grande source d’inspiration pour moi.
Quel genre de couple vouliez-vous créer avec Sebastian Stan et Daisy Edgar-Jones ?
Sebastian et Daisy ont deux trajectoires très différentes, mais ils sont tous les deux extrêmement magnétiques. Dès que j’ai appris qu’ils étaient inspirés par le script, j’ai su qu’ils étaient les bonnes personnes. J’avais besoin de gens qui pourraient sauter à pieds joints dans le film et qui se laisseraient porter, qui pourraient vraiment s’impliquer.
L’alchimie entre eux est telle qu’on en vient à se demander si le film n’a pas été improvisé..
Mais tout à fait, il y avait beaucoup d’improvisation ! Tout était écrit, mais les acteurs étaient libres de jouer comme ils voulaient. Il y avait bien sûr certaines choses qui devaient être intégrées à la scène, un fil conducteur, mais pour le reste je leur ai laissé beaucoup de liberté. Fresh est un vrai mélange d’écriture et d’improvisation. Je vais prendre l’exemple de la scène du premier rendez-vous entre Steve et Noa : ils sont dans le bar, ils discutent au comptoir puis ils vont s’assoir à une table plus loin. Tout ça était écrit, mais pour vraiment jouer le truc à fond, Sebastian et Noa ont fait semblant d’être en rendez-vous. Leurs dialogues n’étaient pas vraiment figés, leur sarcasme et leurs blagues venaient vraiment d’eux.
Le film a beaucoup de niveaux de lecture, mais quelle est sa symbolique principale ?
Il y a tellement d’allégories et de métaphores dans le film… J’espère que chacun s’accrochera à celle qui lui parle. Mais pour moi, la principale est bien sûr celle du corps des femmes mis à la disposition du monde. C’est une idée qui a infusé dans la société, mais je n’ai pas l’impression que tout le monde l’ait bien compris ! Parfois, il faut y aller à fond pour faire passer le message. C’est toute l’intelligence du script de Lauryn Kahn, du "larger than life" qui sonne vrai. Je voulais aussi parler des dynamiques de pouvoir, les étudier en détails. Encore une fois, il fallait pousser tout ça encore plus loin que dans la vraie vie, qu’on se sente touchée par un sentiment qu’on connait déjà : celui d’être traitée de folle, d’être accusée d’en faire trop, d’avoir trop d’émotions… Toutes ces conneries. Pour moi, l’intérêt était dans la subtilité et l’équilibre de ces thèmes.
Comment maintient-on la métaphore de la nourriture tout au long du film ?
Surtout avec le son. Je savais dès le départ que je voulais le son soit très important, qu’il soit dérangeant. Et aussi l’attention portée aux bouches, qui a permis de guider la métaphore tout au long du film. Les bouches sont un symbole de beaucoup de choses : ce qu’on consomme, ce qu’on utilise pour s’exprimer et pour déclarer notre amour… Autant de choses que j’ai voulu utiliser comme un fil rouge.
Vous avez tourné beaucoup de courts-métrages où la danse avait une place prédominante. Fresh renoue avec cette idée. Pourquoi ?
J’ai été danseuse toute ma vie. Ce que j’adore avec la danse au cinéma, c’est qu’on peut créer toute une scène sans faire prononcer un mot aux personnages. C’est très excitant. Sur un film comme Fresh, c’était amusant de réfléchir aux mécanisme corporels qui permettent de faire montrer la tension d’une scène, de représenter l’amour ou le jeu du chat et de la souris auquel se prêtent Noa et Steve. Pas besoin de mots : juste des mouvements.
Fresh, c’est le travail du corps poussé à l’extrême ?
J’ai tendance à réfléchir, sans le savoir, à comment placer les caméras, comment découper les plans, ce que ça ajoute à la scène… Et tout ça s’applique à la façon dont je filme les corps en fonction de ce que veux dire.
À votre avis, Fresh va plutôt parler aux femmes ou aux hommes ?
Je n’ai pas de cible, je fais des films en espérant que tout le monde pourra en tirer quelque chose. Mais ce que j’ai remarqué, c’est que les hommes aiment beaucoup ce film, et ça c’est super. Ils se rendent compte de choses qu’ils ne soupçonnaient pas jusque-là. Tout ce que les femmes ont intégré dans leur quotidien depuis longtemps et auxquelles les hommes n’ont jamais eu besoin de penser.
Était-ce une évidence de faire de cette histoire un film d’horreur ?
Vous savez, rien n’est évident quand on fait un film ! Mais je ne crois pas que je réfléchissais nécessairement au genre au moment de faire Fresh. Si je voulais porter ce script à l’écran avec ma propre voix, il fallait surtout que je m’amuse.
Mais vous voyez Fresh comme une lettre d’amour aux rom coms ou aux films d’horreur ?
Je ne suis pas sûre que ce soit une lettre d’amour, ou un hommage à un genre particulier. Tout ce que je peux dire au public, c’est que si vous voulez être surpris et diverti en regardant quelque chose de complètement délirant, alors Fresh est fait pour vous ! Ceci dit, il vrai que quand le film est sorti, on voulait plutôt le présenter comme une romance, parce que le twist est si précieux à nos yeux qu’on ne voulait pas le gâcher.
Fresh, de Mimi Cave avec Sebastian Stan et Daisy Edgar-Jones, est à voir sur Disney+. Sa bande-annonce :
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