Tous les matins, entre le film, l'interview et la star du jour, le point à chaud en direct du 74e festival de Cannes.
Le film du jour : Titane de Julia Ducournau (en compétition)
Grand retour cannois de la cinéaste française, cinq ans après Grave et son buzz planétaire. Avec Titane, Julia Ducournau vise cette fois la Palme sans rien perdre de la radicalité ni de son style. C’est l’histoire d’Alexia (la révélation Agathe Rousselle), une strip-teaseuse accidentée prise dans une folie meurtrière. Celle-ci va retrouver une forme d’apaisement (!) au contact d’un homme (Lindon bodybuildé) qui va l’accueillir comme son propre enfant disparu. Ducournau s’interroge à nouveau sur la façon dont il faut composer avec son propre corps pour s’imposer au monde. Titane est le récit d’une métamorphose perpétuelle tout en tôle froissée et épiderme tuméfié, c’est surtout l’un des chocs de ce cru 2021. Du Titane en or massif !
La star du jour : Valérie Lemercier
En venant présenter Aline, son vrai-faux biopic de Céline Dion, hors-compétition, Valérie Lemercier investit le spot du film français feel-good qui offre une récréation tout-sourire aux festivaliers cannois – une case inaugurée par Le Grand Bain de Gilles Lellouche en 2018, et réinvestie l’année suivante par La Belle Epoque de Nicolas Bedos. Mais Lemercier débarque aussi hors-compète quelques jours après le documentaire de Todd Haynes sur le Velvet Underground. Et on se dit que son film, au fond, a autant à voir avec le cinéma de Todd Haynes qu’avec celui de Gilles Lellouche : comme I’m not there ou Velvet Goldmine, Aline est le film d’une cinéaste qui joue à la poupée avec ses personnages, un pastiche postmoderne qui revendique son goût pour le beau bizarre. Le tout rythmé non pas par des hymnes underground, mais par quelques-unes des chansons les plus connues de la galaxie. Ou comment réconcilier les freaks et le grand public, les marges et le mainstream. D’une certaine manière, c’est du jamais vu. Définitivement hors compétition.
Interview du jour : Louis Garrel et Laetitia Casta pour La Croisade (présenté dans la section "Le cinéma pour le climat”)
La révélation : François Creton, tatoué dans Les héroïques
Pour un premier long, Les Héroïques - en sélection officielle côté séances spéciales - ne va certainement pas bouleverser le paysage du cinéma français et encore moins le monde (un ex-junkie se débat face à son ex, ses deux enfants, son père agonisant joué par Bohringer et ses addictions) mais le réalisateur Maxime Roy a révélé un épatant personnage de cinéma : François Créton, acteur surtout actif dans le doublage de jeux vidéo et d'animes, qui aurait co-écrit le script d'après sa propre vie. Creton incarne donc Michel, biker maigrelet portant aussi bien ses tatouages que son "zonblou" de cuir rapiécé. Car Michel parle à moitié en verlan ("ça va chémar, meuf", "mets ton oid dans ta chebou") avec une fragilité enfantine, comme un cousin rockeur de Serge le mytho (la famille s’agrandit, la dernière en date était Béatrice Dalle dans Lux Aeterna de Noé) qui serait en pleine réhab de trente ans d'excès. Une voix, un corps, une silhouette, un verbe : un superbe personnage, donc, et une révélation, une vraie, une (pas si) dure, une tatouée.
Le coup de chaud du jour : la bande-annonce des Olympiades
Émilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Trois filles, un garçon et combien de possibilités ? Après les tôles froissées de Julia Ducourneau hier, au tour de Jacques Audiard d'entrer en compète. Il filme une histoire d'amour et de désir, une modern love story dans le XIIIème arrondissement. Noir & Blanc soyeux, acteurs sexy : exactement ce dont on avait besoin. Il va faire très très chaud dans l'amphithéâtre Lumière ce soir...
La phrase du jour : Fiachra Gibbons journaliste AFP à la conférence de presse de Bac Nord
On est dans une année d’élection. Moi j’ai vu ça avec l’œil d’un étranger et je me dis : peut-être que je vais voter Le Pen après ça
L'agneau du jour : Lamb de Valdimar Jóhannsson (Un Certain regard)
Premier film de Valdimar Jóhannsson, Lamb s'inscrit dans la lignée de Ratboy (du moins pour le principe de base) : l'histoire de María (Noomi Rapace) et Ingvar (Hilmir Snær Guðnason), couple d'éleveurs de moutons reclus dans une ferme en Islande. Lorsqu’ils découvrent un mystérieux nouveau-né mi-homme, mi-agneau, ils décident de le garder et de l'élever comme leur enfant... Bon. Super agneau, hein, le meilleur du festival les doigts dans le nez.
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