Pourtant, cette Eponge en eaux troubles et son histoire d'"escargotnapping" avec Keanu Reeves en guide spirituel s'annonçait délirante...
Prévu en mai dernier au cinéma, Bob l'éponge, éponge en eaux troubles a logiquement été reporté par la Paramount suite à la fermeture des salles à cause de l'épidémie de Covid-19. Finalement, le studio a décidé de ne pas sortir le film au cinéma, mais directement sur Netflix. Ce film familial mélange animation en 3D et live action, contrairement au premier sorti en 2005, qui était animé en 2D, mais comme pour Une éponge hors de l'eau (2015), qui proposait déjà de confronter les petits héros aquatiques à des acteurs humains. Ce troisième opus est réalisé par Tim Hill, aussi à l'aise dans ces deux domaines, puisqu'on lui doit entre autres Alvin et les Chipmunks, Hop et Mon grand-père et moi. Il est disponible depuis ce jeudi 5 novembre sur la plateforme. Verdict ?
"Bien l'bonjour !"
Que vous connaissiez la série et les précédents films ou non, cette nouvelle histoire démarre par une présentation des personnages principaux : Bob l'éponge et son voisin Patrick l'étoile de mer se réveillent à Bikini Bottom et se saluent avec entrain, jusqu'à énerver Carlo. On voit aussi Sandy l'écureuil en pleine expérience scientifique (la fabrication d'un robot, cette fois), et Sheldon Jr. Plankton est toujours en quête de la recette magique du burger de Krabs, le gérant du restaurant local, prêt à toutes les entourloupes pour la récupérer. Sans oublier Gary, le gentil -mais baveux- escargot de compagnie de Bob, qui lui apporte tant de bonheur au quotidien. En quelques gags simples et efficaces, on retrouve avec plaisir l'ambiance particulière du dessin animé, ainsi que son casting vocal (Tom Kenny, Bill Fagerbakke, Carolyn Lawrence, Clancy Brown...). Mais voilà que le roi de la Cité perdue d'Atlantic City, devenu accro à la bave d'escargots qui lui sert d'anti-rides, poste une annonce pour récupérer les derniers spécimens de cette espèce en voie de disparition. Gary est alors "escargotnappé", et Bob va devoir prendre son courage à deux mains s'il veut le récupérer.
"Mon royaume pour un escargot"
Voici donc Bob et Patrick en (road) trip en direction de ce Las Vegas des mers. Sauf que tout ne se déroulera évidemment pas comme prévu. A peine partis, les voilà déjà en plein délire dans le monde réel : leur rencontre avec Keanu Reeves, qui s'amuse visiblement beaucoup en guide spirituel, est typiquement le genre d'idée folle qui a fait le succès de l'éponge carrée, et sans la détailler (c'est la fête aux caméos, alors autant vous laisser la surprise !), toute cette scène d'inspiration western est assez décalée pour amuser les petits comme les grands. Malheureusement, cette ambiance aussi stupide qu'inattendue ne dure pas : une fois arrivé en ville, le duo a beau enchaîner les décisions bêtes, la construction de l'intrigue devient étonnamment téléphonée. Même le "spectacle" final, qui offre l'occasion aux scénaristes de raconter la jeunesse de Bob et ses amis, est trop gentillet et déjà vu pour vraiment nous toucher.
Trop plein
L'excentricité de l'univers de Bob l'éponge est sans aucun doute ce qui a permis au personnage de Nickelodeon de connaître autant de succès depuis (déjà!) deux décennies (la série date de 1999), mais ici, les ingrédients de la "recette magique" ont été mal dosés, et ça déborde. Cette Eponge en eaux troubles mélange tous les styles : road trip et western, donc, mais aussi film de procès, de gangster ou de zombies, ça commence à faire beaucoup. Idem pour la création visuelle, qui, colorée à souhaits, est jolie sans être bluffante pour autant, et qui rappelle notamment l'univers "fouilli" des Minions. Il faut que ça bouge, tout le temps, et ça finit par être fatigant. Surtout, c'est globalement déjà vu, et ce même au sein de la saga. Par exemple, si les caméos humains sont rigolos, l'équipe nous avait déjà fait le coup il y a cinq ans avec Un héros sort de l'eau, où Bob et Patrick croisaient un pirate joué par Antonio Banderas.
Enfin, alors que la série proposait une double lecture politique et sociale maligne sous ses faux airs de comédie bêbête, le film oublie cet aspect. Si on peut lire une critique du capitalisme via le robot qui "aime l'argent" et veut virer tout le monde ou le grand méchant mégalo, ce genre d'allusion est systématiquement évacué par le trop plein de gags qui s'enchaînent en mode automatique. C'est loin d'être désagréable à regarder, mais on n'en retiendra sans doute pas grand-chose...
Bande-annonce :
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