On peut détester Paolo Sorrentino parce qu'il se prend pour le nouveau Fellini. Ou l'aimer parce que finalement, c'est plus compliqué que ça. A Premiere, on a clairement choisi notre camp... Depuis le début, il y avait évidemment l'élan baroque, la passion pour les femmes, Rome et les fantasmes. Mais depuis Il Divo, Fellini est devenu l'une des fixettes essentielles de son cinéma. Son ombre plane clairement sur La Grande Bellezza ; moins comme modèle à imiter, que comme source d’inspiration. On a souvent dit que ce film était un remake déguisé de La Dolce Vita, Sorrentino s'accaparant les trésors felliniens pour les faire siens. Mais en réalité, il ne les reproduit pas tel quel. La Dolce Vita peignait une Italie désabusée et corrompue dans un monde qui croyait encore aux forces du progrès et aux miracles - il suffisait à Marcello d’apercevoir, sur une plage, à l’aube, la pureté d’un visage pour être sauvé. Jep, lui, ne croisera pas d'ange blond sur sa route et la rédemption n'est jamais sure chez Sorrentino.Youth marche sur les traces du film suivant du maestro, 8 1/2 : même autoportrait sublimé, même réflexion amère sur l'art et l'impuissance créatrice, même setting (Marcello soignait sa dépression dans une station thermale) et même spectacle foisonnant jusqu'à la farandole finale. Pourtant là encore, Sorrentino prend ses distances avec Federico. Ce n'est pas le mensonge du cinéaste qui se déploie, mais celui des personnages. Et il internationalise le regard, change d'art, privilégie un cadre plus anguleux qu'arrondi et porte un jugement plus triste sur les choses... Comme pour encore brouiller les pistes, le film est dédié à Rosi. Alors, Paolo, nouveau Federico ?>>> Sorrentino et les livres Paolo Sorrentino : "Je ne veux pas être Fellini, soyons bien clair. On me le reproche constamment, mais non. Pourtant, c'est l'un des cinéastes les plus importants pour moi. J'adore Roma, Juliette des esprits ou 8 1/2... Et j'ai l'impression d'avoir appris le cinéma dans ses films, d'avoir totalement intériorisé sa leçon - comme tous les jeunes réalisateurs italiens d'ailleurs. Mais il vaut mieux ne pas se comparer : La Dolce Vita était un chef-d'oeuvre, je fais juste des films. J'aime son rapport aux femmes, et son rapport à la beauté aussi ou à la laideur.Fellini, nous a appris qu'il peut y avoir une fascination sans fin à observer quelque chose de laid. Toute son œuvre peut être vue sous cet angle-là".Youth de Paolo Sorrentino avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano sort le 9 septembre dans les salles.
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Les obsessions de Paolo Sorrentino : Fellini
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