C'est la vraie signature de l'ami Paolo. Des scènes d'intro musicales et électrisantes qui plongent d'emblée le spectateur dans son univers baroque et dissonant. Des ouvertures-uppercut inoubliables, quelque part entre l'imagerie clippesque et le formalisme outré. Retour sur les séquences apéritives les plus folles du super-esthète rital.
Il Divo (2008) La plus folle de toutes. Une déflagration de violence kaléidoscopique, compilation des crimes de la Cosa Nostra sur fond de French Touch (le Toot Toot de Cassius), racontant en accéléré l'histoire occulte de la vie politique italienne de la deuxième moitié du XXème siècle. Un incipit parfait, méchant et ironique, à la bio de Giulio Andreotti (le Charles Pasqua local). Violent, sardonique, totalement entêtant : quelque chose comme du Fincher latin.La Grande Bellezza (2013) On est où, là ? Dans les jardins du Janicule, à Rome, où la caméra de Sorrentino se balade entre les touristes et les sopranos. Entre le ciel et la terre. La pensée se déploie selon un rythme improbable, semi-halluciné. La civilisation est en train de crever sous le poids de sa propre beauté. Cut sur une teuf orgiaque sur le balcon du dandy Jep Gamberdella. Un raccord génial, où comment passer de Stendhal à Bob Sinclar en un clin d'oeil.L'ami de la famille (2006)Le visage d'une nonne. Un zoom arrière délirant nous fait comprendre qu'elle est ensablée jusqu'au cou. Horreur et sensualité mêlées. Choc total. Qui d'autre que Sorrentino se permet des trucs comme ça dans le cinéma contemporain ?Les Conséquences de l'amour (2004)Le versant ironique, absurde et merveilleusement "droopy-esque" du génie de Sorrentino pour l'incipit qui colle au cerveau. Un type sur un tapis roulant, le générique qui défile, et le temps qui s'étire, s'étire, s'étire encore... Paolo reprendra le principe du personnage en marche et de l'intro "invitation au voyage" dans les premières minutes de This must be the place, avec son Sean Penn new wave, impassible sur un escalator.Youth (2015) On ne va pas trop en parler. Vous laissez le plaisir de la découvrir en salles. Sachez juste qu'elle est rythmée par un morceau fou (une reprise de You Got the Love par les Retrosettes) que certains d'entre nous fredonnent quotidiennement depuis le dernier Festival de Cannes. Qu'on y retrouve ce qu'on aime chez Sorrentino : le mouvement, la sensualité, l'électricité, l'élégance. La dérision et la mélancolie mêlées. Et comme à chaque nouvel opus, la même question se pose : comment le film qui suit va-t-il faire pour se remettre d'une telle entrée en matière ?Youth de Paolo Sorrentino avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano sort le 9 septembre dans les salles.
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