Dans cette comédie signée Florian Zeller, mise en scène par Patrice Kerbrat, le comédien s’exerce avec une belle mauvaise foi à nous convaincre des avantages et des inconvénients à dire « La vérité ». Propos recueillis par M.-C. NivièreCette comédie est remarquablement construite.Oh, que oui ! C’est l’avantage du théâtre quand il est réduit à sa quintessence, c’est au théâtre que l’on sent le matériau fondamental qu’est le texte. Je me suis jeté dedans car il y a tout ce que j’aime. La pièce débute un peu comme Joyeuses Pâques de Jean Poiret. Florian Zeller se sert du triangle bourgeois classique mais son univers prend le dessus. Il utilise tous les ingrédients de la comédie et les tire vers quelque chose de vertigineux. J’aime cette notion, on ne sait plus si la vérité existe ou pas. A sa lecture, on devine que la pièce a été écrite pour vous.Effectivement, il l’a écrite pour moi, ce qui est toujours très agréable. C’est flatteur même, car cela vient d’un garçon qui a tant de talent.La vérité n’est pas facile à dire et encore moins à entendre ?Tout à fait. Avec la pièce de Zeller, on est dans quelque chose qui dépasse vérité et mensonge. On est dans le vertige du rapport à l’autre, pas uniquement avec les femmes, car il y a un autre homme dans l’histoire. Mais quand on ment, on finit toujours par se prendre les pieds dans le tapis ?Et avec Zeller, on est au sommet de ce qu’on peut faire ! C’est pour cette raison que, par moments, je trouve qu’il y a des parallèles avec la pièce Joyeuses Pâques. Mon personnage met le doigt dans le mensonge, s’autoflagelle. Il semble, croit, être le maître du jeu, mais en fait ce sont les trois autres qui tirent les ficelles. Il ne maîtrise rien. Cela parle aussi de fidélité, en amour comme en amitié, j’ai bien dit « fidélité » !Son ami est son meilleur ami, il y tient. Sa femme, il l’aime, tout comme sa maîtresse. Il est sincère dans ses sentiments. L’auteur est vraiment diabolique. Il a écrit un très beau personnage. A la fin, on ne sait rien. Qui a fait quoi ? Il vire tous les repères. Il se sert de codes que l’on connaît, identifie, et il les distord. On ne sait plus dans quel monde on se trouve. Votre personnage est irrésistible.J’ai ri tout seul comme un fou en lisant la pièce la première fois. Mon personnage vit un drame et cela nous amuse. Nous sommes sans pitié pour les autres, oubliant que les autres c’est nous-mêmes.Fanny Cottençon, Christiane Millet, Patrice Kerbrat, voilà une belle distribution !Ce n’était pas possible autrement. Il faut des acteurs qui possèdent un univers personnel très prononcé. Ce qui est le cas pour ces trois-là. Nous sommes ici dans quelque chose qui n’est pas dans la convention, il était donc très important d’avoir des tessitures rares. Fanny, Christiane, Patrice ont des sons que j’aime !Entendre rire une salle, cela doit être exaltant ?Bien sûr ! Mais là, il faut être très vigilant et rester rigoureux. Si on cherche à faire rire, on amoindrit l’auteur et on peut tirer sa comédie vers autre chose. Les comédiens ont des vieux démons. Recevoir du rire, c’est du miel. On se retrouve comme un ours très tenté d’obtenir d’autres cuillères. Donc, on doit rester attentif et ne pas céder à la gourmandise. Les moyens employés doivent être nobles, sinon on ne rend pas à l’auteur ce qu’il nous donne au départ. Il faut demeurer à la hauteur de ce qu’il nous propose.La Vérité au Théâtre Montparnasse>> Réserver des places pour ce spectacle !
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- INTERVIEW - Pierre Arditi nous dit la vérité, toute la vérité !
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