Le réalisateur nous raconte La Mémoire dans la chair, OVNI cinématographique de la semaine, entre franquisme, nostalgie et fantastique.Novembre 1975 : alors que le dictateur Franco agonise, un jeune homme revient dans le village de sa famille, perdu au fond de l'Espagne, et va affronter le passé. Tel est le sujet de La Mémoire dans la chair, réalisé par Dominique Maillet, ancien journaliste du magazine Première, qui signe là son deuxième long-métrage depuis Le Roi de Paris en 1995 avec Philippe Noiret. Le réalisateur revient sur les quinze ans qui se sont écoulés sur les deux films, sur l'économie du cinéma français et la nostalgie du temps qui passe.Propos recueillis par Sylvestre Picard.Pourquoi s'est-il écoulé plus de quinze ans entre vos deux films ?Le Roi de Paris était sorti dans des conditions épouvantables en janvier 1995. Il avait été massacré par son producteur de l'époque. Le producteur a tout fait pour ne pas sortir Le Roi de Paris. C'était un homme aigri, qui voulait prendre sa revanche sur les financiers du monde du cinéma et voulait couler avec le bateau. Avec un résultat final de 12 000 entrées, je savais que j'allais subir un purgatoire de dix ans. Je suis revenu au journalisme tout en développant un autre film.D'où vient l'idée du film ?La Mémoire dans la chair est le deuxième volet d'une trilogie de films autour de l'identité. L'idée, très vaguement, remonte à presque vingt ans. Le scénario a ensuite été écrit par Jacques Fieschi et Jérôme Tonnerre. Le film a été tellement long et compliqué à monter, je continuais d'écrire au fur et à mesure. C'est un peu un film qui n'a jamais été terminé.Comment monter un film aussi atypique, après dix ans de "purgatoire" ?Le film s'est fait avec un mécène, Albert Beurier. Personne ne voulait le produire, à l'exception de la Région Midi-Pyrénées. Sinon, pas de soutien financier, ni en Espagne, ni en France. Donc je n'ai pas pu imposer mon montage de 2h30 et j'ai dû couper. Je ne donne de leçons à personne, je fais de l'artisanat. La Mémoire dans la chair est un "film du milieu", pour reprendre l'expression de Pascale Ferran. C'est un modèle de film mort-né. Ils n'ont pas de vie. On n'avait pas de chaîne de télé derrière nous. Je ne crie pas à l'artiste maudit : les contraintes économiques ont nourri le film, l'ont transformé en quelque chose qui sort des sentiers battus. Le néo-réalisme italien, la Nouvelle vague française, même l'expressionisme allemand sont nés des contraintes économiques. Mon film était en constante mutation.Lisez ici l'interview complète de Dominique Maillet.Bande-annonce de La Mémoire dans la chair, sorti mercredi :