5 films à voir avant Yves Saint Laurent
Le Promeneur du Champ de Mars
Evidemment, il y a Bergé (sujet du film autant qu?YSL) mitterrandien de la première heure. Mais on commence avec Le Promeneur, parce qu?il est l?un des rares biopics français réussi (anglé, mis en scène et surtout incarné par un grand tragédien classique) et surtout parce que comme dans Yves Saint Laurent, le parcours du héros est raconté par un témoin, un scribe, une voix off chargée de consigner paroles et mémoires du président. A la différence de Bergé, cet envoyé spécial n?est pas amoureux (quoique), mais il est là, toujours, entre présence et effacement. Partition difficile à jouer face à Bouquet, et assez ironiquement, c?est Jalil Lespert que Guédiguian avait choisi pour cette valse hésitante. Sa première scène, dans un autobus, résume tout : <em>« Pourquoi m'avait-il choisi ? »</em>. C?est une des grandes questions que se pose Bergé pendant tout <em>YSL</em>?.
Coco Chanel & Igor Stravinsky
On ne choisit pas ce Coco que pour jouer les kakous. En tout cas, pas seulement pour rappeler que, comme Yves Saint Laurent, hasard industriel, deux biopics de Chanel avaient été lancés quasiment en même temps, celui d?Anne Fontaine et celui de Kounen. Non, on a choisi Coco & Igor parce que comme <em>YSL</em>, derrière le biopic maîtrisé, ce qui est en jeu c?est une histoire d?amour entre deux créateurs, entre deux monstres : Coco Chanel, figure protoféministe, personnage violent, libre et déterminé face à Igor Stravinsky, plus sensuel, plus fou, plus habité. Dans les deux films, c?est la passion (charnelle, abrasive) qui fait naître l?art, l?amour qui fait jaillir la création. Autre coïncidence : la musique qui nourrit le film de Kounen (<em>Coco & Igor</em> raconte autant la création du numéro 5 que la fabrication du <em>Sacre</em>) est un élément structurant du Jalil Lespert, qui habilement s?appuie autant sur les images de mode ou les reconstitutions que sur des sonorités et des thèmes pour créer l?émotion.
Yves Saint Laurent Pierre Bergé L'amour fou
Avant de foncer voir le Jalil Lespert, une révision factuelle s?impose. L?amour fou entre Bergé et YSL a déjà fait l?objet d?un film, mais c?était un documentaire. Dans son docu, Pierre Thorreton revenait sur cette histoire d?amour faite de robes, de palais, de business et de fêtes. Entre 1958 (leur date de rencontre) et 2008 (date de la disparition du couturier), le film chronique une passion sublime et dysfonctionnelle à travers des images d?archives, des interviews (de Pierre Bergé, de Loulou de la Falaise ou Betty Catroux) et d?aperçus de la vente de leur collection en 2009.
Les Prédateurs
Avant d?inventer l?esthétique du blockbuster Bruckheimer, Tony Scott ouvre sa filmo avec ce sommet d?esthétique new wave et nervalienne où luxure, hémoglobine et héroïne tracent le sillon d?une odyssée du désir. Le film raconte l?histoire d?amour entre une vampire (Catherine Deneuve) et une jeune chercheuse (Sarandon) qui pourrait lui sauver la vie.On pourrait y voir une métaphore de la relation entre YSL et Pierre Bergé, mais si on met ce film ici, c?est surtout parce que le couturier assura les costumes de ce film magnifique et qu?il habillait sur mesure sa muse du cellulo, Catherine Deneuve. Accessoirement, Scott réussit formellement le mix étrange entre film de genre et avant-garde et tente de casser le langage cinéma. Précisément ce que YSL aura réussi dans la mode?.
Citizen Kane
On a hésité à mettre <em>Andrei Roublev</em> ou le <em>Van Gogh</em> de Pialat, histoire de rappeler que dans les films sur les créateurs le talent est souvent associé au malheur, à un fatum trop lourd à porter. Et puis finalement ce sera Citizen Kane. On ne vous fera pas l?injure de vous pitcher le chef d??uvre ultime du septième art. Et on vous voit venir d?ici : c?est sans doute habiller un peu large ce <em>YSL</em> (par ailleurs très beau de bout en bout) que de le comparer au monstrueux Rosebud de Welles. Pourtant, l?idée du biopic reconstruit à coup de flashback, d?un narrateur extérieur qui assemble son puzzle et d?une enquête autant affective qu?existentielle fait remonter le souvenir de ce portrait fragmenté d?un magnat de la presse.
5 films à voir avant Yves Saint Laurent
Un biopic anglé, une histoire d'amour, le portrait d'un créateur de génie et une belle performance d'acteurs, le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert est un peu tout ça à la fois et transcende la simple hagiographie.Voici cinq films à (re)voir avant le drame porté par Pierre Niney et Guillaume Gallienne pour en apprécier toutes les nuances.<strong>Edouard Sonderborg</strong>
Bonus : Zoolander
Pas que pour la blague... La comédie délirante de et avec Ben Stiller, portrait (outrancier) d'un top model en quête d'identité, reste à ce jour le meilleur film jamais réalisé sur la mode.
Un biopic anglé, une histoire d'amour, le portrait d'un créateur de génie et une belle performance d'acteurs, le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert est un peu tout ça à la fois et transcende la simple hagiographie.Voici cinq films à (re)voir avant le drame porté par Pierre Niney et Guillaume Gallienne pour en apprécier toutes les nuances.Edouard Sonderborg
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