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A travers l'histoire vraie d'un déserteur de 19 ans qui, usurpant l'identité d'un officier pendant les quinze derniers jours de la guerre, enclenche une succession d'atrocités, The Captain raconte rien moins que le fonctionnement du nazisme. Même si le système a été conçu au départ par une minorité, il s'appuie bel et bien sur l'ensemble de la population qui, consciemment ou non, par peur ou par intérêt, applique une logique guerrière primitive, transmise par une chaîne de commandement implacable.
Après des débuts comme mercenaire compétent aux Etats-Unis, Robert Schwentke (Flight Plan, Red) trouve enfin un sujet d'importance qu'il met en valeur avec des choix très judicieux ; un noir et blanc approprié à l'enjeu binaire (tuer ou être tué), une direction d'acteurs intense et non naturaliste, et une écriture précise qui évite la psychologie pour aller à l'essentiel. On regrette presque de ne pas en savoir plus sur certains personnages comme le suiveur Freytag ou l'opportuniste Kipinski, exemples de gens ordinaires qui, ayant échappé par miracle à la condition de victime, se comportent en bourreaux sans aucune arrière-pensée. Le film pousse l'absurde de la situation jusqu'aux limites de la décadence morale. En 2001, L'expérience avait traité la question de l'abus d'autorité sous l'angle de la fiction. En la situant dans un contexte réel, The captain aborde non seulement un sujet historique sensible, mais il interroge sur la façon dont ces mêmes mécanismes sont encore à l'oeuvre aujourd'hui.