-
On connaît bien Robert Guédiguian, ses chroniques populaires saveur aïoli, ses santons qui fleurent bon la gauche à l’ancienne. Les Neiges du Kilimandjaro était parti pour n’être que ça. Et puis non. Le racket du petit couple exemplaire fait peser sur ce Marius et Jeannette chapitre XV la menace d’un vigilante movie. Émule de Jaurès, Michel (Darroussin, impérial) se rêve en justicier solitaire, et son beau-frère, détroussé lui aussi, se verrait bien en Charles Bronson. La force du film tient justement à cette mise à l’épreuve idéologique, tension formidable qui consiste moins à faire le procès des coupables qu’à remettre en cause les victimes. Car, en plein délabrement social, c’est bien cette génération sujette à l’autosatisfaction et désignée par la suivante comme privilégiée que sonde Guédiguian, entre courage, lucidité et tendresse. À son âge, il fallait oser.
Toutes les critiques de Les neiges du Kilimandjaro
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Les Neiges du Kilimandjaro retrouve, dans un style différent, la démarche de La Fille du RER, qui parvenait au travers d'un récit presque choral (tout en évitant les écueils du genre) à dessiner un portrait de l'Hexagone à la fois politique et poétique remarquablement inspiré. Il s'agit tout simplement du film français le plus plein, le plus riche, de ce début de décennie.
-
Guédiguian est peut-être à bout de souffle, mais il n'a pas soufflé le dernier. Beau et risqué, Les Neiges du Kilimandjaro veut encore croire en son prochain dans une époque hyper individualiste. On a vu pire proposition.
-
Y a de l'amour, de la joie et une infinie délicatesse dans ce film chauffé au soleil marseillais.
-
Toute l'habileté et toute la grandeur du film de Robert Guédiguian consistent à laisser s'accomplir cette vengeance en créant les conditions nécessaires à en extirper le pardon.
-
C’est l’un des films les plus justes sur le thème des circonstances exténuantes transformées en circonstances atténuantes. Et surtout, un très beau film sur la générosité et le pardon.
-
Malgré une fin peu crédible, le retour de Guédiguian dans son quartier de l’Estaque est une franche réussite grâce à une fraîcheur et une spontanéité inimitables. Une tranche de vie à goûter sans modération.
-
Après « La ville est tranquille » ou « L’armée du crime », c’est encore et toujours l’engagement qui passionne le réalisateur. Un engagement d’autant plus difficile que les mots « conscience » et « lutte des classes » ont perdu de leur substance, tout comme ceux de « solidarité » et de « fraternité ». Ce « Marius et Jeannette » désenchanté témoigne de la perte de repères qui touche aussi un monde ouvrier aujourd’hui dispersé, désorganisé, dévasté, ses membres sidérés qu’on les prenne pour des petits-bourgeois parce qu’ils sont propriétaires de leur maison ! Guédiguian retrouve Marseille, l’Estaque, sa tribu fidèle aux accents et à la fraîcheur pagnolesques, qui parle au cœur. Ralentis camarade, le grand jour n’est pas pour demain... L’utopie aujourd’hui ? Laisser tomber le Kilimandjaro et prendre un enfant par la main, comme disait le chanteur. Chez Guédiguian, ce n’est pas gnangnan, juste moral et bouleversant.
-
A travers l’évocation d’un discutable tirage au sort auquel procède la CGT pour désigner les victimes d’un licenciement dans un chantier naval, suivi par l’agression par un jeune sans emploi du délégué syndical et de sa femme, cette fresque fraternelle rythmée par la rengaine de Pascal Danel plaide pour une solidarité assumée individuellement, cite Jaurès, montre la voie d’une nouvelle façon d’être "ensemble". Darroussin-Ascaride-Meylan, la solidarité sociale, un lyrisme bienvenu : Guédiguian comme on l’aime.
-
Tout est prévisible, lisible, colorié, mais le charme passe. Guédiguian et ses acteurs ont l'art de l'utopie généreuse.
-
Avec Les Neiges du Kilimandjaro, Robert Guédiguian retrouve ses pénates (après l’assez peu réussie fresque historique L’Armée du crime).
Nous revoici à Marseille, avec des visages familiers et un format plus modeste de série B. Mais, loin de constituer un retour à la routine, le film est un des plus vibrants de son auteur.