PHOTOS - Gainsourg au cinéma
"Anna"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> D'un photographe (<strong>Brialy</strong>) à la recherche d'une femme somptueuse qu'il n'a vu qu'en photo (<strong>Karina</strong>). A la fin il se rend compte qu'en fait, il la connaissait déjà. Générique. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Un second rôle, et la bande son aux cotés de <strong>Michel Colombier</strong> (la BO de Barb Wire...). La classe. <strong>Ca vaut quoi ?</strong> Une hallu. Une comédie musicale en-chanté, comme celles de <strong>Demy</strong>, où le binôme <strong>Gainsbourg</strong> / <strong>Colombier</strong> remplacerait <strong>Michel Legrand</strong>, et sur laquelle soufflerait l'esprit anar de <strong>Mocky</strong> et arty de <strong>Godard</strong> (on est en 67). Entendons nous-bien, le film est proche de l'insoutenable, tant il est décousu et formellement repoussant, mais <strong>Anna Karina</strong> y est aussi belle que chez <strong>JLG</strong>, et le casting est tellement barge (<strong>Brialy</strong>, <strong>Marianne Faithfull</strong>, <strong>Eddy Mitchell</strong>) qu'il est difficile de ne pas rester au moins un peu hypnotisé devant ce curieux artefact sixties.
"Slogan"
<strong>Ça parle de quoi ?</strong> D'un réalisateurs de pub (<strong>Gainsbourg</strong>) qui fout son mariage en l'air après avoir rencontré une jeune mannequin qui parle un peu avec le même accent que <strong>Jane Birkin</strong>. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Il joue le rôle principal (plutot mal), et compose la bande originale (plutot très bien) <strong>Ca vaut quoi ?</strong> C'est probablement l'un des films les plus authentiquement mal réalisé de tout l'histoire (sans exagérer, AUCUN plan n'arrive à raccorder avec le précédent), mais on s'en fout : Slogan possède un mood 60's irrésistible (bien aidé par la zic pleine de guitares fuzzées et d'orgue Farfisa endiablés de <strong>Gainsbourg</strong>) et <strong>Jane Birkin</strong> est belle à en tomber à la renverse. Sinon, le film a fini par rentrer dans la légende puisque les deux sex symbols se sont rencontrés lors de son tournage. Rien que pour ça...
"Cannabis"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> D'un gangster ricain envoyé en France pour zyeuter la French Connection (<strong>Serge</strong>) qui tombe amoureux d'une jeune bombasse qui parle un peu avec le même accent que <strong>Jane Birkin</strong>. <strong> Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Il joue le rôle principal (quasi-mutique donc bien), et compose la bande originale (démente). <strong>Ca vaut quoi ? </strong> Surtout pas un manifeste pour fumer des cigarettes qui font rire, comme son titre et sa date de réalisation (1970) pourraient le laisser penser, Cannabis vise plutôt la gainsbouro-birkinsploitation en forme de polar sec, malheureusement aussi incompréhensible que terriblement mal shooté. Reste que le film semble avoir été conçu dans le seul but d'enchainer le maximum de séquences de nudité avec <strong>Jane Birkin</strong>, ce qui le rend quand même un peu sympathique.
"Je t'aime moi non plus"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> De deux camionneurs homos dont l'un (<strong>D'Alessandro</strong>) tombe amoureux d'une serveuse androgyne qui parle un peu avec le même accent que <strong>Jane Birkin</strong>. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Il écrit, scénarise, compose. Parfois ça fait beaucoup pour un seul homme. <strong>Ca vaut quoi ?</strong> Un coup sublime, un coup nanar, mais quand même souvent nanar et rarement sublime. Soit un bizarre poème filmique avec une égérie warholienne égarée dans un no man's land de pacotille et un dinner aux parois en carton pâte. Le film est pourtant porté par la ligne mélodique de la sublime <em>Ballade de Johnny Jane</em> mais ne se relève jamais de son amateurisme technique, de sa naïveté risible, de ses prétentions arty qui le font parfois rassembler à une parodie des ZAZ.
"Goodbye Emmanuelle"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> Emmanuelle s'est maquée avec un organisateur de soirées et coule des jours heureux aux Seychelles, mais le démon de midi va la reprendre lorsque débarque dans l'archipel un cinéaste Suédois et barbu. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> <strong>Gainsbourg</strong> s'en voulait terriblement d'avoir décliné l'offre pour signer la BO du premier Emmanuelle, carton cosmique à l'époque de sa sortie, du coup, toujours à l'affut d'un hit potentiel, ne s'est pas fait prié pour signer la musique de ce troisième volet. Mauvais pioche. <strong>Ca vaut quoi ?</strong> <strong>Francois Leterrier</strong>, papa de <strong>Louis</strong>, le réal' du Choc des Titans, shoote les doigts de pied en éventail cette série rose épouvantablement soft et mortelle d'ennui. Seul intérêt : <strong>Gainsbourg,</strong> à travers la poignée de titres qu'il écrit (une chanson - nulle- et quatre instrus -cools) y pose les bases sonores de son LP à venir: "Aux Armes Etc".
"Le Pacha"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> D'un commissaire de police (<strong>Gabin</strong>) qui s'apprête, après la mort d'un de ses amis à faire le ménage, par tous les moyens possibles, au sein de la pègre parisienne. Un Dirty Harry à la française, quoi. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Il compose le stupéfiant "Requiem Pour Un Con" du générique et apparait brièvement dans son propre rôle. <strong>Ca vaut quoi ?</strong> Soyons clair le triumvirat <strong>Lautner</strong>, <strong>Gabin</strong>, <strong>Audiard</strong>, on n'en a franchement rien à secouer. En revanche, ce qui nous troue à chaque vision télé, c'est que quelqu'un ait pu avoir l'idée de balancer une chanson aussi couillue, préfigurant le trip-hop avec une vingtaine d'années d'avance, en guise d'ouverture d'un blockbuster de l'ère gaulliste. Non, franchement, messieurs, respect.
"Stan the flasher"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> D'un vieux prof d'anglais bedonnant (<strong>Claude Berri</strong>) qui aime bien se trimballer à poil sous son imper, et s'exhiber devant des petites filles au parc Montsouris. Ou ailleurs. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Il réalise, écrit, compose et caméote. Les quatre en même temps, et globalement très mal. <strong>Ca vaut quoi ?</strong> Le film ressemble terriblement à ces nanars d'écrivain français, dans la veine durasso-houellebecquienne du genre, avec des intentions, des mots d'auteurs, du théorique partout, mais du cinéma nulle part. Du coup même si <strong>Gainsbourg</strong> a le culot de plaquer les obsessions de Gainsbarre (la déchéance, les petites filles et l'auto destruction) sur pelloche, il n'en ressort qu'un pur exercice d'onanisme, qui aurait pu faire marrer s'il n'était pas aussi solennel qu'un requiem (pour un vieux con).
"Melody"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> De pas grand chose, puisque c'est une retranscription filmique du concept-album "Histoire de Melody Nelson": soit collés bout à bout, les clips des 7 titres qui composent l'album. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> A t-on vraiment besoin de le préciser? <strong>Ca vaut quoi ?</strong> Réalisé par le génial <strong>Jean-Christophe Averty</strong> (qui se crédite au générique à la "mise en page"), ce bizarre objet filmique, à la fois compil' de clips et moyen-métrage musical, reste, malgré son époque, d'une modernité graphique effarante préfigurant tout MTV, dix ans avant son apparition. L'abstraction poétique en plus, la vulgarité cheesy en moins. Indispensable.
"Melancoly baby"
<strong>Ca parle de quoi ?</strong> D'une fille qui parle un peu avec le même accent que <strong>Jane Birkin</strong>, et qui s'ennuie sévère avec son homme d'affaires de mari (<strong>Trintignant</strong>). Alors elle fricote avec d'autres hommes. Son époux l'apprend, alors il la met en maison de repos. Et puis un jour elle s'en va. Générique. <strong>Et Gainsbourg, là dedans ?</strong> Il compose bien péniblement, quatre titres, parmi les pires de sa carrière, dont un thème à la guitare acoustique qui donne envie de se défenestrer dès les premières notes. <strong>Ca vaut quoi ?</strong> Si l'on a plus jamais (JAMAIS) entendu parler de la réalisatrice, <strong>Clarisse Gabus</strong>, après Melancoly Baby (ni même avant, d'ailleurs) on ne peut pas forcément attribuer ça à un coup du sort ou à une déveine particulière : son unique film fait réellement peine (et mal) à voir. Vague tract féministe qui croit bon filmer l'ennui en le provoquant, Melancoly Baby est un objet singulier, déroutant, quasi-scotchant, dont on se demande vaguement, à quoi il sert, à qui il peut s'adresser et ce qu'il vise. Même si, au fond, on s'en fout un peu.
Alors que le biopic de Joann Sfar débarque sur les écrans mercredi prochain, retour sur la carrière cinéma (acteur, compositeur, cinéaste) de Serge Gainsbourg.Par François Grelet
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