Affiches Films à l'affiche mercredi 6 décembre 2023
Universal/ StudioCanal/ Le Pacte

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MIGRATION ★★★☆☆

De Benjamin Renner

L’essentiel

Quand le co- réalisateur d’Ernest et Célestine rencontre le créateur de The White Lotus… Un film d’animation tout en malice.

Le nouveau film d’animation des studios Illumination réunit un duo inédit : le co- réalisateur d’Ernest et Célestine et le créateur de The White lotus, le français Benjamin Renner et l’américain Mike White. Au programme : les aventures d’une famille de canards colverts quittant pour la première fois leur paisible mare de la Nouvelle Angleterre et se confrontant à leur peurs de l’inconnu pour un grand voyage vers la Jamaïque en passant par New- York. Un hymne à la nécessité de sortir de sa zone de confort pour profiter de l’existence, peuplé de personnages irrésistibles de malice et d’un sens indéniable du rythme. Mais c’est surtout la réussite du passage de Renner d’un style d’animation minimaliste à l’animation par ordinateur et en 3D qui se révèle une franche réussite. Migration vous en met plein les yeux sans jamais verser dans la course à l’épate.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

SOUDAIN SEULS ★★★★☆

De Thomas Bidegain

Adaptant un roman de la navigatrice Thomas Bidegain raconte les déboires de Ben et Laura, en couple depuis 5 ans, qui font un tour du monde en bateau et se trouvent à cause d’une tempête bloqués sur une île dépeuplée, située près des côtes antarctiques alors que l’hiver approche. Grâce à un traitement réaliste de l’angoisse et du danger, Soudain seuls offre un brillant écrin à ses deux remarquables comédiens, Gilles Lellouche et Mélanie Thierry. Reliant la lutte pour la survie physique et l’exploration de sentiments intimes enfin mis à nus, Bidegain montre comment ce couple doit faire l’inventaire de sa relation amoureuse pour tenter de résister à une nature éprouvante. La narration alterne ainsi, avec une fluidité imparable, entre moments de désespoir et sursauts d’énergie pour un résultat emballant.

Damien Leblanc

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GODZILLA MINUS ONE ★★★★☆

de Takashi Yamazaki

Prequel officiel conçu pour célébrer les 70 ans du légendaire Godzilla de 1954, Godzilla Minus One n’a pas comme ambition d’être un bête reboot : nulle relecture de la franchise à l’esthétique des années 2020 : le réalisateur Takashi Yamazaki, déjà chargé des effets visuels du magnifique Shin Godzilla (qui vient enfin de sortir en Blu-ray en France, sept ans après sa sortie japonaise), donne à son film une épatante patine rétro, où l’on trouve des éclats spielbergiens (ceux d’Always et des Dents de la mer, réunis dans le même film), des personnages tout droits sortis du ciné de SF des années 50 (le savant à binocles qui présente son plan farfelu pour vaincre le monstre sur des diapos)… GMO s’apprécie avant toute chose comme un grand film d’aventures lumineux et prolo, qui célèbre joliment la force du collectif face aux inerties gouvernementales. Minus One sortira en salles françaises deux jours seulement (7 et 8 décembre, en IMAX), alors interdiction de le louper.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIME

LA CHIMERE ★★★☆☆

De Alice Rohrwacher

Dans son quatrième long, Alice Rohrwacher met en scène un archéologue singulier, capable de détecter des tombes étrusques cachés dans le sol à la seule force d’une intuition magique. Un jeune homme à la tête d’une bande de profanateurs de sépultures qui monnaye au plus offrant le fruit de leurs pillages mais qui semble, lui détaché du monde qui l’entoure, comme possédé ou plutôt dépossédé de tout. Telle son archéologue, la cinéaste italienne a une façon singulière d’envisager la mise en scène et sa caméra semble se substituer à l’objectif d’un appareil photo en constante recherche du plan à capturer. D’où cette impression de flottement contrôlé. On frise l’afféterie d’auteur mais cette avancée faussement languide sied à ce film- rêve assumé.

Thomas Baurez

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L’ENFANT DU PARADIS ★★★☆☆

De Salim Kechiouche

Comédien au charme imparable, Salim Kechiouche (Les Amants criminels, Mektoub, My Love…) passe pour la première fois derrière la caméra avec ce portrait d’un acteur montant et de ses rapports conflictuels avec son ex-femme, son fils, ses anciens amis et sa cité, qui exercent sur lui une pression incontrôlable. Avec son approche documentaire, l’acteur-réalisateur dévoile un film à la sincérité épatante, dépeignant avec une grande justesse la pression qui pèse sur ces espoirs du cinéma français qui tentent de s’élever pour éviter de tomber dans l’oubli. Derrière les désillusions, Salim Kechiouche plonge le spectateur au cœur d’une histoire familiale douloureuse (et inévitablement autobiographique), l’invitant dans la cuisine exiguë d’une tante vue comme un sage afin de panser la mort, insurmontable, de la mère.

Yohan Haddad

LEVANTE ★★★☆☆

De Lilla Halla

Pour son premier long, la brésilienne Lilla Halla met en scène Sofia, 17 ans, joueuse au talent indéniable approchée par un centre de formation réputé qui cherche à se faire avorter illégalement après avoir appris sa grossesse non-désirée et se heurte violemment aux conservateurs intégristes. Car au Brésil, alors que les résidus de la politique de Bolsonaro subsistent, l’avortement y est toujours illégal et pénalement réprimé. Dans un geste revendicateur, Lillah Halla décide d’en faire la substance de ce film porté par la performance enflammée d’Ayomi Domenica Dias, à la fois diatribe d’un système archaïque et célébration du droit à disposer de son corps. Véritable cri d’insurrection et célébrant la sororité, Levante témoigne sans équivoque l’effervescence d’une colère qui plus jamais ne sera réprimée.

Lucie Chiquer

FREMONT ★★★☆☆

De Babak Jalali

Format carré, noir et blanc granuleux, plans généralement fixes… on retrouve dans la mise en scène de l’iranien Babak Jalali, les stigmates d’un cinéma indé des années 80 dont Jarmusch était alors la figure de proue. Mais bien que chargé de cet apparent héritage, Fremont trace aussi et surtout sa propre voie. Donya, 20 ans, est une réfugiée afghane qui vit au sein de sa communauté près de San Francisco mais n’entend pour autant être réduite à ses racines, encore moins à son statut social. Le récit avance dans une langueur enveloppante dont l’apparente monotonie est contrariée par cette héroïne qui voit tous les personnages qu’elle croise trouver une forte d’apaisement à son contact. Et la mise en scène, d’une élégance rare, réussit à insuffler un charme inouï.

Thomas Baurez

LE GRAND MAGASIN ★★★☆☆

De Yoshimi Itazu

Akino est une apprentie concierge. Pas dans un immeuble comme on pourrait s’y attendre, mais dans un grand magasin. Dans cet établissement chic inspiré des centres commerciaux parisiens, la jeune femme est chargée d’accompagner les clients et de répondre à leurs demandes souvent excentriques. On suit ainsi pendant un peu plus d’une heure les premiers balbutiements de cette petite héroïne, maladroite et attachante, au sein de sa nouvelle entreprise. Un détail retient l’attention: les vendeuses sont toutes humaines. Les clients, eux, sont des animaux. Le scénario de ce Grand magasin tient dans un mouchoir de poche. Si le grand mystère du film - dans quel monde se situe-t-on ? - n’est exploité que dans les dernières minutes pour véhiculer un message écologiste, les personnages, eux, bouleversent à chaque seconde.

Emma Poesy

BUNGALOW ★★★☆☆

De Lawrence Côté- Collins

L’achat d’un nouvel appartement ou d’une maison à rénover se révèle dans 99,9% des cas source d’emmerdes à répétition dont l’aspect rocambolesque constitue une source d’inspiration inépuisable pour les scénaristes. Et c’est justement nourrie de ses propres expériences douloureuses que la québécoise Lawrence Côté- Collins a imaginé ce Bungalow où un jeune couple sur le point de devenir parents pense avoir trouvé leur petit nid douillet sans se douter que la signature de cette maison en banlieue de Montréal marque d’abord et avant tout le début de leur descente aux enfers. L’ombre des frères Coen plane sur cette comédie noire bien secouée Et ce au fil de situations où la réalisatrice a choisi l’arme du burlesque comme pièce centrale de sa satire contre les dérives d’une société de consommation qui pousse à vouloir toujours plus beau, toujours plus grand, toujours plus rutilant avant que la pression sociale qu’elle induit ne fasse imploser en plein vol les plus fragiles dans leur quête d’un bonheur de carte postale inaccessible. Un film aussi réjouissant que grinçant.

Thierry Cheze

THE SOILED DOVES OF TIJUANA ★★★☆☆

De Jean- Charles Hue

Une ville mexicaine comme un territoire cinématographique infini.  Après une demi- douzaine de courts et un long métrage de fiction (Tijuana Bible), Jean- Charles Hue raconte Tijuana à travers un documentaire consacré à des prostituées y vendant leurs corps pour survivre et payer la dope à laquelle elles sont accros. Avec sa caméra jamais intrusive et pourtant incroyablement proche, Hue témoigne de leur détresse sans une once de misérabilisme, par la grâce de sa réalisation enveloppante.

Thierry Cheze

KOKOMO CITY ★★★☆☆

De D. Smith

Dès les premières images, leur charisme irradie. Daniella, Dominique, Koko et Liyah sont des travailleuses du sexe transgenres et afroaméricaines. Devant la caméra de la réalisatrice D. Smith, elles se livrent avec beaucoup d’humour sur leur vécu de femmes trans: les premières opérations, les rapports parfois compliqués avec les hommes hétérosexuels qui viennent les voir sans assumer leurs désirs. La réalisation, très soignée, achève de faire honneur à ses personnages hauts en couleur.

Emma Poesy

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

BÂTIMENT 5 ★★☆☆☆

De Ladj Ly

Quelques hommes descendent lentement un lourd cercueil à travers l’interminable escalier d’une tour de banlieue. Avec cette séquence d’introduction aussi impressionnante que sentencieuse, Ladj Ly dit le projet de son film. L’insalubrité des bâtiments, la misère sociale dans les banlieues… c’est tout cela que le film raconte en suivant Haby, jeune militante pour le droit au logement tentant avec d'autres habitants du quartier tentent de résister aux expulsions. Après Les Misérables, le cinéaste explore la vie des banlieues sous un autre prisme. Il voudrait faire son The Wire français mais tombe dans tous les pièges qu’il avait en partie su éviter sur son premier film. Didactique, artificiel dans l’enchaînement des situations et caricatural dans le jeu des comédiens comme dans la caractérisation des personnages, Bâtiment 5 n’est plus mené que par de bons sentiments, l’agit-prop et l’envie de régler des comptes. C’est légitime, mais tout cela rend la fiction manichéenne et inefficace.

Gaël Golhen

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BLUE SUMMER ★★☆☆☆

De Xiao Bai Chuan

Pour son premier long découvert à la Quinzaine des Cinéastes, la chinoise Zihan Geng met en scène une ado de 15 ans, enfant timide de parents divorcés, dont le cœur s’emballe pour la fille rebelle de la nouvelle compagne de son père. Un récit initiatique amoureux aux airs de déjà vu, à cause de personnages enfermés dans des archétypes. Dommage car le jeu sur les couleurs et le grain de l’image, exprime, lui, avec une grande finesse les troubles de l’adolescence et les sentiments contradictoires qui l’accompagnent.

Thierry Cheze

 

Et aussi

La Mécanique des choses, de Alessandra Celesia

Noël joyeux, de Clément Michel

Paris Lost & found, de Kartik Singh