Affiches Films à l'affiche semaine du 8 janvier 2025
Pathé/ Metropolitan Filmexport/ Jour2Fête

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LA CHAMBRE D’A CÔTE ★★★☆☆

De Pedro Almodovar

L’essentiel

A la fois premier film américain (avec Julianne Moore et Tilda Swinton) et grande œuvre terminale, le nouveau Pedro Almodovar dérègle subtilement le temps.

Au cœur de La Chambre d’à côté, un pacte hors-la-loi : celui noué entre Ingrid (Julianne Moore) et Martha (Tilda Swinton). Atteinte d’un mal incurable, celle-ci veut mettre fin à ses jours, et aimerait que son amie soit dans « la chambre d’à côté », la nuit où elle prendra la pilule fatale. D’ici là, dans le confort d’une maison à l’écart du monde, les deux femmes auront l’occasion de faire le bilan de leur vie. Et Almodovar de faire un bilan de son art, lui qui a signé en 2019 avec Douleur et Gloire son grand film ruminatif, mais ne semble pas pour autant vouloir ralentir la cadence. Entre épure et artificialité revendiquée, l’Espagnol se révèle ici autant hanté par l’idée du film « testament » que porté par l’excitation d’un premier long-métrage US avec stars internationales. Il déambule dans son œuvre, dans celle de ses maîtres, dans sa propre chambre d’esthète, et filme des personnages déjà morts, déjà endeuillés, pour mieux parler de ce sentiment fascinant : celui d’être un spectre à l’intérieur de sa propre existence.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LES FEUX SAUVAGES ★★★★☆

De Jia Zhang- Ke

Le cinéma de Jia Zhangke a la faculté magique de se régénérer sans cesse et certaines séquences de Feux sauvages proviennent directement de ses films antérieurs (A Touch of Sin, Les Eternels…) Au centre du cadre la Chine mais aussi Zhao Tao, la muse qui arpente l’espace et le temps avec une douceur souveraine. Son personnage est à la recherche de l’être aimé disparu sans un mot. Elle n’a pas besoin de trop ouvrir la bouche pour exprimer tout à la fois son inquiétude (qu’est-il devenu ?), son pressentiment (Et si c’était un lâche ?) et son courage (l’immensité du territoire et du temps ne lui font pas peur) Autour d’elle, le monde bouge, la construction d’un barrage s’apprête à entraîner le déplacement de millions de personnes, les immeubles des grandes villes poussent trop vite... Reste donc l’amour qui, on l’a bien compris, semble inatteignable. Alors le voyage continue. Zhao Tao ne s’apitoie pas. Elle marche vers d’autres éternités.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A AIME

CRIMINAL SQUAD : PANTERA ★★★☆☆

De Christian Gudegast

À l'heure où Hollywood s'évertue à lisser ses prods d’action, cette suite de Criminal Squad déboule sur les écrans pour orchestrer un magnifique chaos bien trash et assez cintré ! Cette suite transpose l’action de Los Angeles en Europe avec l’idée de transformer Gerard Butler, l’ancien flic bourru à la déontologie flexible, en criminel totalement assumé. Le premier opus lorgnait sans complexe du côté de HeatPantera propose un cocktail explosif mélangeant l’action chromée et les rebondissements à pistons façon Fast and Furious avec le film de casse à la manière d’Ocean's Eleven. Et Butler, lesté de son charisme gangsta néo-beauf, trouve ici son meilleur rôle depuis... le premier Criminal squad. Plus massif, teigneux et vulgaire que jamais, mais aussi très charismatique, il épaissit son flic déchu rongé par l'échec et l'amertume, qui trouve ici une forme de rédemption dans sa descente aux enfers. Enfin, derrière la caméra, Gudegast orchestre ce cirque avec un savoir-faire pyrotechnique jamais pris en défaut, où même les plans larges semblent avoir fait un peu de muscu.

Pierre Lunn

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PERSONNE N’Y COMPREND RIEN ★★★☆☆

De Yannick Kergoat

Ce documentaire s’empare de l’affaire dite des financement libyens en partant d’une phrase d’un des principaux accusés – et présumé innocent à ce jour –Nicolas Sarkozy : « les Français sont bien en peine de résumer ce qu’on me reproche. Personne n’y comprend rien ». Chiche lui répond donc Yannick Kergoat (Les Nouveaux chiens de garde). En s’appuyant sur l’enquête menée par Mediapart depuis 2011, Kergoat remonte le temps en faisant dialoguer images d’archives, échanges téléphoniques entre Sarkozy et Kadhafi et témoignages de gens proches et connaisseurs du dossier. Le réalisateur réussit son pari de rendre cet enchevêtrement d’une limpidité totale avec ce ton un brin ironique qui mettra forcément en fureur les défenseurs de Nicolas Sarkozy. On regrette d’ailleurs que ceux- ci n’aient pas souhaité donner leur version des faits. Alors que Fabrice Arfi de Mediapart (co-auteur de l’enquête) s’y pousse au contraire, un peu trop du col. Mais la sidération qu’on éprouve devant les ramifications de ce qui pourrait être l’un des plus grands scandales de la Vème République prend le dessus. A à la Justice de s’exprimer et de trancher, à partir de mercredi.

Thierry Cheze

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LA FILLE D’UN GRAND AMOUR ★★★☆☆

De Agnès de Sacy

Scénariste qui fait les beaux jours du cinéma français depuis 25 ans (elle a écrit des films de Valeria Bruni-Tedeschi, Zabou Breitman ou Pascal Bonitzer), Agnès de Sacy réalise ici son premier long métrage en narrant l’histoire singulière de ses propres parents, qui ont divorcé dans les années 1970 avant de se remarier vingt ans plus tard suite au visionnage d’un film étudiant de leur fille. Plutôt que de signer une classique « comédie de remariage », la cinéaste façonne là un drame doux-amer où les deux figures parentales, incarnées par les formidables Isabelle Carré et François Damiens, apparaissent comme des êtres assaillis d’angoisses, de doutes et de secrets. Si la dramaturgie passe parfois très vite sur certains détails en enchaînant les allers-retours entre Paris et les Pyrénées, le regard solaire que la réalisatrice porte sur la difficulté à trouver une paix intérieure touche au cœur.

Damien Leblanc

HIVER A SOKCHO ★★★☆☆

De Koya Kamura

Un film sur un fil, dans un entre- deux permanent mais sans jamais bégayer. Pour son premier long, Koya Kamura réussit une adaptation tout en délicatesse du roman d’Elisa Shua Dusapin. Ou comment l’arrivée de Yan auteur français de BD dans une ville de Corée du Sud, va impacter en profondeur le quotidien routinier d’une Coréenne de 23 ans, employée de l’hôtel où il s’installe. Car sa présence réveille en elle une blessure jamais cicatrisée : son abandon par son père, français, sur lequel sa mère est avare de confidences. Hiver à Sokcho raconte donc une quête impossible, celle de trouver dans le comportement de Yan, taiseux et mystérieux, des pistes de réponses à ses interrogations, alors que, de fait, rien ne les rapproche. Porté par le duo Bella Kim- Roschdy Zem et leur éventail de nuances dans les silences, Hiver à Sokcho séduit par le contraste entre la violence intime de ce qui s’y joue et la douceur enveloppante de sa mise en scène.

Thierry Cheze

BERNIE ★★★☆☆

De Richard Linkater

Bernie, de Richard Linklater, arrive dans les salles françaises quatorze ans après sa sortie US. Une difficulté à s’exporter qui tient sans doute à sa nature très texane, le film étant irrigué par un humour assez pointu sur les différences infrarégionales au sein du « Lone Star State ». Mais il parlera néanmoins aux amateurs de true crime, dont il est une sorte de pastiche : Linklater raconte ici l’histoire vraie de Bernie Tiede (Jack Black), un thanatopracteur adoré de sa communauté, qui se retrouva au centre d’une affaire criminelle impliquant une veuve acariâtre (Shirley MacLaine) et un procureur à Stetson (Matthew McConaughey). Le récit est ponctué d’interviews face caméra de quidams ayant croisé Tiede, un procédé typique du goût de Linklater pour les dispositifs conceptuels, mais qui se révèle lassant sur la longueur. Reste la prestation funambule et anthologique de Jack Black, qu’il serait vraiment dommage de rater – même quatorze ans après.

Frédéric Foubert

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