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Sublime roman de Marguerite Duras déjà adapté au cinéma par René Clément en 1958, ce Barrage... s’annonçait bien puisque porté par Isabelle Huppert, mère aussi implacable qu’impeccable, et confié à la caméra du Cambodgien Rithy Panh. Pourtant, si le réalisateur parvient à rendre palpable l’atmosphère coloniale, la moiteur et l’époustouflante beauté du golfe de Siam, ses personnages restent beaucoup trop théoriques. En témoigne cette scène où la mère et le fils tentent de tirer profit de l’attirance d’un riche homme d’affaires chinois pour la jeune fille. On est alors plus proche de l’anecdotique que de la pathétique pantomime d’un désespoir qui rend cupide et veule.
Toutes les critiques de Un barrage contre le Pacifique
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Ellepar Anne Diatkine
Pour aimer le film, il faut accepter son infidélité au magnifique roman de Marguerite Duras, et ne pas chercher en la jeune Astrid Berges Frisbey une ressemblance avec M.D. jeune.
- Fluctuat
Après une solide série de documentaires sur son pays, Rithy Panh revient à la fiction avec Un barrage contre le pacifique. Il aurait mieux fait d'éviter.On se demande comment Rithy Panh, documentariste talentueux, auteur de S21, oeuvre définitive et brillante sur le génocide khmer rouge, a pu accoucher de ce fastidieux Barrage contre le pacifique. Adapté d'un roman de marguerite duras, le film raconte comment la mère de la romancière lutta contre l'administration coloniale afin de construire un barrage pour protéger ses concessions de riz. Situé au début des années 30 en Indochine, le récit s'articule autour d'un trio familial composé par Isabelle Huppert, la mère, sorte de cheftaine névrosée, le fils, Gaspard Ulliel en garçon sauvage et sexy, et enfin la fille, Duras donc, en lolita s'ouvrant à l'éveil des sens. Après avoir posé le contexte et les bases de l'intrigue, son univers, son climat, ses personnages, Panh rame comme un malade pour donner du corps et du coeur à son film. Durant près de deux heures interminables, l'auteur fait ainsi tourner en boucle trois motivations principales : 1, Huppert va-t-elle réussir à construire ce satané barrage et faire la nique à ces salauds de colons ? 2, vont-ils arriver à récupérer suffisamment d'argent pour survivre ? 3, la fille va-t-elle enfin nous rejouer ce remake de L'Amant qui nous pend au nez depuis un bon moment ? Rien en dehors de ça, ce qui pourrait être beaucoup, mais pas avec les partis pris de Panh, optant pour un insipide psychodrame de poche, filmant tout avec certes une certaine discrétion distanciée pas inélégante, mais sans jamais donner un contrepoint à son intrigue. Rien ne se passe, les situations semi larvées et vaguement ambigües restant lettre morte. Etrangement, Panh est davantage du côté des colons que des Cambodgiens, condamnés à des rôles de figurants, ce qui n'arrange pas l'affaire lorsque le film tente du bout des doigts de poser un point de vue. Timide, long, faux, à la limite de l'exotisme et d'un romanesque inassumé, ce Barrage contre le pacifique est submergé par son inconsistance et sa fadeur.Un barrage contre le pacifiqueDe Rithy PanhAvec : Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Astrid Berges-FrisbeySortie en salles le 07 janvier 2009Illus. © Diaphana Films - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil adaptation sur le blog cinéma- Rithy Panh sur Flu : S21, la machine de mort khmer rouge, Les artistes du théâtre brûlé