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Le parcours dramatique de quatre Anglais d'origine pakistanaise, depuis leur voyage dans leur pays d'origine (...) jusqu'à leur incarcération injustifiée dans le sinistre camp américain de Guantanamo (...) Jamais avare d'expérimentation, le touche-à-tout Michael Winterbottom se sort de cet exercice imposé avec un brio dont on ne le soupçonnait plus.
Toutes les critiques de The Road To Guantanamo (Documentaire)
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- Fluctuat
On peut dire quelle est "la route pour Guantanamo" sans porter atteinte à l'intérêt du film puisqu'il raconte une histoire contemporaine que les médias ont déjà exposée. C'est d'ailleurs après avoir découvert dans la presse la terrible aventure des "trois de Tipton" que Michael Winterbottom a décidé d'en faire un film et s'est associé avec Mat Whitecross afin de retracer leur parcours.
Asif Iqbal, Ruhel Ahmed, Shafiq Rasul et Monir Ali (ce dernier disparaîtra en Afghanistan) sont de jeunes anglais d'origines pakistanaise et indienne. En septembre 2001, ils quittent l'Europe pour le Moyen Orient afin de célébrer le mariage d'Asif, qui doit avoir lieu dans le Punjab, au Pakistan. Les quatre amis voyagent d'abord dans ce pays et sont pris par l'agitation qui le secoue après l'attentat du World Trade Center, du fait de la longue frontière qu'il partage avec l'Afghanistan. Proches de la culture Afghane, musulmans pratiquants, ils se sentent concernés par la guerre que déclarent les États Unis à l'État Taliban. Ils décident alors d'aller en Afghanistan avant le mariage, afin d'être présents auprès de la population prise dans la tourmente et de l'aider. Mais une fois la frontière passée, les événements se précipitent. Pris dans le chaos qui traverse le pays, ils se retrouvent dans le village de Konduz, prisonniers des soldats américains au matin d'une nuit de bombardements. Après quelques semaines à Kandahar, leur connaissance de l'anglais leur vaudra d'être classés parmi les détenus les plus suspects et transportés à Cuba, sur la base de Guantanamo.Telle fut pour les « trois de Tipton » la route vers l'état de non droit absolu auquel ils ont été réduits au sein de cette prison pendant plus de deux ans. S'il importe d'être inquiet de l'existence de cette route et des lieux de torture sur lesquels elle ouvre, s'il importe aussi de mesurer ce qu'implique le fait que les grandes puissances qui l'ont tracée se déclarent en même temps garantes de la liberté et de la paix mondiale, à la vue du film, on peut toutefois émettre quelques réserves quant à la conception et la réalisation du projet.Une curieuse soustraction des genres
The road to Guantanamo est une fiction documentaire. Il suit le chemin évoqué plus haut en organisant une reconstitution. Les trois rescapés et Monir, l'indien disparu au moment où ils ont été faits prisonniers, sont incarnés par quatre acteurs qui prennent le taxi, l'avion, le bus et nous emmènent de Tipton en Angleterre, à Karachi au Pakistan, puis aux villes et villages d'Afghanistan, jusqu'au décor reconstitué des cellules grillagées de Guantanamo bay. A l'instar de In this world (où Winterbottom suivait deux réfugiés afghans dans leur périple vers l'Angleterre), la caméra vidéo, légère, donne au spectateur la place d'un regard embarqué avec les personnages. Elle subit les secousses, les étouffements du transport précaire dans des bus et des camions bondés, circulant sur de mauvaises routes. Sans grâce, son agitation et la mauvaise qualité de l'image, dépouillée de tout apprêt qui la rendrait claire et lisible, insinuent un certain réalisme de la prise de vue. Le style reportage s'impose dans la reconstitution. Il est soutenu par l'intervention régulière de plans sur les vrais protagonistes de l'histoire, Asif, Ruhel et Rasul, commentant les différentes scènes du film, et par l'introduction de plans d'archives tournés par les télévisions internationales pendant les événements.Au final, le film laisse une impression de grande faiblesse. Comme si les réalisateurs ne croyant ni en la puissance du documentaire, ni en celle de la fiction cinématographique, pensaient trouver la force de mener à bien leur projet de témoignage et de dénonciation en créant ce genre monstrueux de la fiction documentaire. L'une couverte des oripeaux de l'autre (caméra bougée, etc.), et l'autre augmenté des séductions de la première (narration linéaire, suspense, etc.). Mais au lieu d'assembler leurs forces ainsi morcelées, il semble que le documentaire et la fiction se discréditent mutuellement dans l'opération.Manquant le projet du témoignage comme celui de la dénonciation, The road to Guantanamo garde néanmoins le mérite d'ouvrir le débat par son retentissement médiatique et d'attirer l'attention sur le traitement inhumain infligé à des innocents, au nom de la morale et de la liberté.The Road to Guantanamo
Une fiction-documentaire de Michael Winterbottom et Mat Whitecross
Avec : Asif Iqbal, Ruhel Ahmed, Shafiq Rasul (intervenants) ; Arfan Usman, Farhad Harun, Riz Ahmed et Shahid Iqbal (acteurs)
Angleterre, 2005 - 1 h 35 min
Sortie en salles (France) : 7 juin 2006[Illustrations : © CTV International]
Sur Flu :
- La bande annonce de The road to Guantanamo sur Ecrans, le blog cinéma
- Portrait de Michael WinterbottomChroniques des films de Michael Winterbottom :
- Welcome to Sarajevo (1998)
- Wonderland (1999)
- With or without you (1999)
- Rédemption (2000)
- In this World (2003)
- Nine songs (2004)Sur le web :
- Site officiel du film