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Sonic 3, youpi ? Mais oui. La preuve par deux bonnes idées. La première bonne idée de ce troisième film, c'est de reléguer Sonic à l'arrière-plan. L'insupportable lutin numérique doté d'un irritant humour au premier degré ne sert décidément pas à autre chose qu'à être un simple produit d'appel. Si l'on fait mine de s'intéresser un poil à l'intrigue, Sonic 3 met en scène Shadow, un double maléfique de Sonic gardé congelé depuis cinquante ans (au sein d'une île nommée « Prison Island », pratique) et qui va évidemment s'échapper pour semer le chaos dans une relecture kids-friendly d'Akira (le film d'Otomo est cité visuellement à de nombreuses reprises). Ce qui est déjà pas mal, notamment dans des scènes de baston dignes d'un shonen entre Shadow et Sonic version super saiyan sur la Lune. C'est moins bien quand c'est du Sonic dans la lignée du premier film : vannes ras-du-sol et discours vanilla sur la mif qui protège et guérit de tout. Rien de bien méchant, mais rien, en fait.
La seconde bonne idée, c'est d'avoir donné la part du lion à Jim Carrey, dans un double rôle : celui du professeur Robotnik et de son propre grand-père. Carrey face à lui-même, le seul qui peut l'égaler dirait-on, faisant de Sonic 3 l'héritier de Fous d'Irène et Les Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire. Soit la vivisection entre la perf schizo du chef-d'oeuvre des Farrelly et le cosplay fête foraine du Silberling (on voit d'ailleurs des images du beau Casper de 1995, par le même réalisateur, dans Sonic 3). Le tout dans une ambiance Austin Powers mutante -on pense aussi très fort devant Sonic 3 à comment Mike Myers se clonait tout au long de la trilogie- voire à la Famille foldingue. Ça serait d'ailleurs une idée pour la franchise Sonic : garder quelques scènes de bastons en numérique pour satisfaire le bureau des ayants-droits de Sega et pondre de nouveaux doubles de Jim Carrey, à l'infini. Revenons un peu sur terre, à notre Sonic 3 : comment résister quand Carrey (toujours impeccablement doublé en VF par Emmanuel Curtil) réclame à son homme de main un nouveau costume plus adapté à son gros ventre, du genre "Elvis, autour de 1976" ? Voilà bien notre Carrey, John Constantine de la comédie US, toujours hanté par une horde de spectres (Kaufman, Hank/Charlie Bailey, le Mask, le Riddler...) et prêt à les invoquer. Il suffit juste qu'on lui donne l'occasion.