Première
par François Grelet
L’histoire que raconte Samsara se lit entre les lignes, entre deux collisions d’images. Elle est pourtant d’une limpidité exemplaire, malgré l’absence totale de dialogues et de fondements narratifs classiques. Tandis que le film déroule sa collection de vignettes en 70 mm, rapportée des quatre coins du globe, se dessine la peinture éclatée d’un monde au bord du chaos, le nôtre, où l’implosion menacerait partout, à chaque instant. En cela, ce documentaire est infiniment plus discursif que Baraka qui, lui, visait une forme de transcendance du spectateur à travers une expérience purement méditative. Entre ces deux films, vingt ans se sont écoulés. Les lubies mystico-écolos de Fricke sont restées les mêmes, mais elles ont été indéniablement plombées à mesure qu’il regardait l’humanité tomber de Charybde en Scylla. Du coup, si la tonalité de Baraka se rapprochait du murmure, Samsara tient lieu de hurlement lâché à la face d’un monde littéralement zombifié. Édifiante, la charge pourrait virer à l’insupportable. Mais ce serait oublier que Fricke, technicien d’une étourdissante virtuosité, possède une syntaxe visuelled’une telle richesse qu’on le différencie illico du premier Yann Arthus- Bertrand venu. Construit sur des systèmes de rimes, de télescopages et de gradations, Samsara se regarde alors également – surtout – comme une création plastique de premier ordre, où la sophistication de l’agencement le dispute constamment au pouvoir de sidération de l’image. L’humanité peut bien courir à sa perte, il nous restera toujours les films de Ron Fricke.
Première
par Jean-Philippe Guerand
Cette histoire sans paroles, c’est celle de notre monde en train de s’autodétruire dans l’indifférence générale. Une dialectique de la folie, en quelque sorte.