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Une claque. On ne peut mieux définir la sensation laissée par cet ovni, qui tient à la fois du film de sport (les séances d’entraînement succèdent aux courses), du thriller, de la romance tordue (entre Johann et une ex) et du portrait existentiel. Un peu comme si Stallone, Lumet, Breillat et Haneke avaient décidé d’unir leurs efforts et leurs particularités pour faire oeuvre commune. (...) Pour peu qu’on se laisse embarquer par la froideur du personnage et de la mise en scène, Le Braqueur... se révèle une expérience aussi inconfortable qu’inoubliable.
Toutes les critiques de Le Braqueur
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce qui, en revanche, ne pourra être reproché au réalisateur, c'est l'efficacité et la sobriété de la mise en scène, la vivacité et la fluidité du récit, le suspense constant qui s'en dégage. Un cinéaste à suivre de près.
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Si un chapelet, un cimetière, un crucifix rappellent la religiosité autrichienne, la sobriété relève du nouveau cinéma allemand, dépourvu de démonstration explicative. Dans ce beau film, la solitude du coureur est tragique.
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Incapable de se poser, de se fixer une place dans la société, c’est un homme d’action au sens le plus concret et le plus immédiat, un corps en mouvement perpétuel dont le centre existentiel est la marge, la fuite. “Born to run” pourrait être sa devise, sa morale.
Si Heisenberg se montre magnifique rythmicien et géomètre, il n’explicite jamais les motivations de son héros. Cette opacité avait gêné la critique US à Berlin : elle aimait le film tout en regrettant son absence d’éclaircissements.
En effet, hormis ses actes, son pur présent, on ne sait pas grand-chose de Rettenberger, de son milieu familial, de son enfance, des raisons qui l’ont fait basculer. Mais ce mystère du braqueur, laissant le champ totalement ouvert à la réflexion des spectateurs, participe évidemment de la beauté laconique de ce film impressionnant de rigueur et de cohérence. -
L'intérêt de ce film à la modeste ampleur réside dans la dimension esthétique des agissements de ce personnage solitaire et intelligent, à la fois gibier et chasseur, opérant en dehors de toute raison. Une belle énigme.
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La pépite de la semaine nous vient d’Autriche. Inspiré d’un fait divers réel, « le Braqueur », de Benjamin Heisenberg, raconte la course quasi métaphysique d’un jeune marathonien casseur de banques qui opère seul en courant, le visage masqué et armé d’un fusil à pompe. Le personnage authentique mit longtemps en échec la police autrichienne.
Celui du film, incarné par l’énigmatique Andreas Lust, semble trouver dans l’adrénaline de la course à pied et celle du hold-up un cocktail quasi existentiel. Son aventure débute dans la cour d’une prison, se poursuit avec l’amour impossible d’une amie d’enfance et s’achève au milieu d’une forêt. Un thriller à perdre haleine qui vous laisse comme à bout de souffle. -
L'interprétation d'Andreas Lust contribue à éviter toute psychologie convenue. C'est que le héros du film de Benjamin Heisenberg est d'abord un homme qui court, une figure qui s'identifie essentiellement à sa trajectoire et à ses mouvements. Ce minimalisme comportementaliste peu disert devient une des qualités du film.
Mais ce refus de la psychologie classique n'empêche pas Le Braqueur de raconter ce que l'on devine progressivement être, malgré tout, un itinéraire moral un peu désespéré. C'est la rencontre avec une femme, une amie qui l'hébergera à sa sortie de prison et avec qui il aura une liaison, qui le forcera à affronter (trop tard) une vérité des sentiments. Ce que confirmeront les dernières minutes d'un film qui aura, mine de rien, épousé la structure du Pickpocket (1959) de Bresson. Quel étrange chemin un homme doit parfois parcourir avant de comprendre qu'il aime un autre être...
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Peu à peu, le réalisateur fait de cet être en fuite le héros d'un polar étrange, fascinant, presque « melvillien » dans son épure : peu de dialogues, des sentiments à peine suggérés et des scènes d'action filmées avec le soin d'éviter l'esbroufe, le tape-à-l'oeil. Comme si le spectaculaire était, comme le travelling de Godard, une affaire de morale... La tension permanente aboutit à une traque magnifique dans une forêt où des flics, réduits à de petites lumières dans le noir, cernent un fugitif qui, sans cesse, leur échappe. Jusqu'au dénouement implacable - les grands films « noirs » sont toujours des tragédies - où le temps s'étire, alors qu'il n'y a plus rien à vivre. On y voit, on y sent un homme à bout de souffle accueillir, soupir après soupir, la délivrance.
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Pas de psychologie ici, rien qu’une énergie brute, un peu froide. Le réalisateur, qui a été sculpteur dans une première vie, s’intéresse plus à la matière du cinéma qu’au contenu du scénario. D’où un film étrange, et distant.
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Le film frappe par sa précision documentaire quand il nous montre l’entraînement du marathonien et l’exécution des hold-ups. Rien n’est fait pour susciter la sympathie du spectateur pour ce personnage mû par une pure énergie irrépressible, auquel Andreas Lust prête un air fermé. Mais il finit tout de même par acquérir une dimension tragique (« Vas-t’en Erika. », dit-il à la femme qu’il aime, et qui le dénonce, « Je ne t’apporte que du malheur. »). Et le final, au terme d’une chasse à l’homme haletante de belle tenue, retrouve le romantisme des grands modèles du genre.
Tout ça tient un peu trop de l’exercice de style mais ne manque pas d’allure.