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Nous voici face à un triptyque projetant en simultané des images douloureuses, tel un retable qui offrirait une vue décuplée d’un monde terrassé par la folie des hommes. Le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh s’échappe de son travail mémoriel sur la barbarie des Khmers-rouges (L’Image manquante...) pour embraser plus largement les origines du mal dans un XXe siècle chaotique. Porté par un texte sublime, son film qui lorgne du côté de Chris Marker, est un formidable essai où la force du montage créait un ballet tragique. Cette danse macabre peuplée d’archives insoutenables où le temps a tout amalgamé sans pour autant en détruire la valeur représentative, est aussi habitée par des fantômes d’aujourd’hui, silhouettes étranges et masquées dont la présence rappellent que « ... le mal irradie. Il blesse jusqu’au génération future, mais l’innocence est au-delà… »